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Enfants exposés au plomb
Première évaluation de l'exposition des enfants au plomb en France
11 juillet 2012,
L'exposition des enfants au plomb entraîne des effets néfastes sur leur santé, et en particulier sur leur développement. Des études récentes montrent que ces effets peuvent apparaître en deçà de la concentration en plomb dans le sang de 100 μg par litre, définition du saturnisme. La réduction des expositions environnementales au plomb constitue donc un objectif de santé publique de premier plan.
Pour la première fois en France, une étude du Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et de l' l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), réalisée au sein de 484 foyers, dresse un état des lieux de la contamination à laquelle sont exposés les enfants de six mois à six ans. Les résultats sont extrapolables à l'ensemble du parc de logements français.
Cette étude inédite a permis la mesure de plomb dans l'eau du robinet, dans les peintures ainsi que dans les poussières déposées au sol. Les prélèvements sur les espaces extérieurs à l'habitat, aires de jeux ou parties communes des immeubles le cas échéant, ont complété ces investigations.
Les résultats sont présentés par extrapolation des 484 habitations investiguées aux 3,6 millions d'habitations abritant au moins un enfant de six mois à six ans en France et comparés aux valeurs réglementaires ou aux valeurs guides disponibles en France ou dans d'autres pays.
Environ 105 000 (moins de 3%) de ces 3,6 millions d'habitations présentent une concentration de plomb dans l'eau du robinet supérieure à 10 μg/L, valeur limite maximale fixée par la commission européenne à compter du 1er janvier 2013 (contre 25 μg/L à ce jour).
Concernant les poussières déposées au sol, dans 7 500 habitations et 45 000 parties communes, leur concentration en plomb est supérieure aux recommandations fédérales américaines (40μg/ft² soit environ 430 μg/m²). Cette contamination est liée notamment à la présence de peintures au plomb ; 878 000 logements (près d'un quart) en contiennent, dont près de 170 000 (4,7 %) dans un état dégradé pouvant exposer les enfants. Tandis que la date de 1949 est considérée comme marquant l'interdiction des peintures au plomb en France, l'étude montre qu'en réalité ce n'est qu'après 1974 que la présence de peinture au plomb diminue.
En extérieur, 37 000 espaces de plein air présentent une teneur en plomb supérieure au seuil actuellement en vigueur aux Etats-Unis pour la terre (400 mg/kg). La quantité de poussière de plomb recueillie en extérieur atteint un niveau environ 3,2 fois supérieur au plus haut niveau de poussière intérieure prélevée.
Au-delà de ces constats, et comme le plomb agit sans seuil de toxicité, les données sur les enfants exposés en deçà de ces seuils pourront également servir aux pouvoirs publics pour piloter la poursuite des actions de prévention des expositions au plomb.
Ces résultats ont fait l'objet d'une publication dans la revue Environmental Research.
Parallèlement à cette étude sur le plomb, l'EHESP et le CSTB se sont également intéressés à l'exposition des jeunes enfants via l'eau, les sols et les poussières à d'autres éléments, tels l'arsenic, le cadmium ou le chrome. Les résultats de contamination des poussières intérieures et des sols extérieurs, uniques en France à ce jour, sont désormais disponibles. Ils montrent des concentrations comparables à celles obtenues dans d'autres pays. Des différences entre zones rurales et zones urbaines, variables selon les métaux, sont également observées.
Grâce à une méthode de mesure développée pour cette recherche, la fraction soluble dans l'estomac, et donc assimilable par l'organisme, a également été mesurée. Ces résultats permettront de prendre en compte l'ingestion de sols et poussières dans les évaluations nationales des risques sanitaires liés aux métaux.
Ces résultats ont fait l'objet d'une publication dans le n°116 de la revue Environment International.
Les travaux de recherche se poursuivent, sur les facteurs explicatifs des surexpositions au sein du logement, les outils de repérage des logements et des enfants à risque.
Notes
Financée par les ministères en charge de la santé, du logement et de l'écologie, cette étude a été menée dans le cadre du projet Plomb-Habitat, porté par le CSTB et l'EHESP, en partenariat avec l'Institut de veille sanitaire, le laboratoire de toxicologie de l'hôpital Lariboisière (AP-HP) et l'Institut Supérieur d'Agriculture de Lille. Les chercheurs de l'EHESP ont mené leurs travaux au sein de l'IRSET, unité mixte de recherche spécialisée dans la recherche sur les interactions entre la santé humaine et les facteurs environnementaux.
Les opinions exprimées dans cet article n'engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement celles de notre-planete.info
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