Manger autant de viande est une aberration pour l'environnement et la santé 18 août 2011,
Il faut manger moins de viande et préférer celle issue de l'agriculture biologique !© C. Magdelaine / notre-planete.info
Autrefois l'apanage des pays riches, la consommation de viande ne cesse d'augmenter dans le monde. L'élévation du niveau de vie dans les pays en voie de développement amplifie les effets déjà catastrophiques, mais peu évoqués, d'une surconsommation de viande non soutenable et inutile.
En moyenne, un être humain consomme 100 g de viande par jour. Dans les pays développés, la consommation est supérieure à 200 g par jour alors que dans les pays en développement elle est de 47 g, avec de fortes disparités régionales.
Alors que la consommation individuelle de viande en France a diminué depuis 1998, elle est de nouveau en hausse en 2010 avec une augmentation de 1%(1). En moyenne, un Français mange près de 88 kg de viande par an(2) (contre 81,9 kg en moyenne dans l'Union européenne), soit plus de 240 g par jour : l'équivalent de 5 tranches de jambon ! Cela représente, pour notre pays, l'abattage de 1,1 milliard d'animaux par an (60 milliards à l'échelle mondiale(3)).
Une pression sur la surface agricole disponible
La production mondiale de viande a quintuplé entre 1950 et 2000. Elle était de 283,9 millions de tonnes en 2009(4) et pourrait atteindre 465 millions de tonnes en 2050 tandis que la production de lait passerait de 702,1 millions de tonnes à 1043 millions de tonnes sur la même période au regard de la croissance démographique et de l'évolution des habitudes alimentaires(3). Or, pour nourrir le bétail, la demande en céréales augmente de manière considérable, les céréales étant de plus en plus l'aliment de base du bétail, au détriment de l'herbe des pâturages.
C'est pourquoi, selon les prévisions de l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), il serait nécessaire de doubler la production agricole d'ici à 2050. En effet, pour produire un kilo de viande, il faut 7 kilos de céréales. Pour répondre à cette demande, il est possible d'augmenter la surface des terres cultivées, mais à quel prix ? Déforestation, monocultures intensives, utilisation de pesticides, d'OGM, destruction d'écosystèmes et perte de biodiversité...
L'élevage extensif et le soja exporté comme aliment du bétail sont la première cause de la déforestation selon Alain Karsenty, économiste au Centre de coopération internationale pour le développement et expert auprès de la Banque mondiale. Après une enquête de 3 ans publiée en juin 2009, Greenpeace affirme que l'élevage bovin est responsable à 80% de la destruction de la forêt amazonienne(5)...
L'UE, dont la superficie des forêts augmente, est le 4e importateur de bovins derrière les USA, la Russie, et le Japon. En outre, 80% des importations de bovins de l'UE viennent d'Amérique du Sud. Or, la France est le premier consommateur européen de viande bovine. Ainsi la consommation de viande en Europe et en France est une cause de la déforestation en Amérique du Sud.
Enfin, n'oublions pas de mentionner la concurrence de plus en plus accrue des agrocarburants et bientôt des bioplastiques pour l'utilisation des surfaces agricoles.
Élevage et émissions de gaz à effet de serre
En 2006, un rapport de la FAO soulignait que l'élevage était responsable de 18 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) dans le monde(6), plus que l'ensemble du secteur des transports... Mais de nouveaux calculs effectués en 2009 par deux experts des questions environnementales auprès de la Banque mondiale démontreraient que l'élevage représenterait en réalité plus de la moitié des émissions mondiales de GES !
En France, l'élevage est le deuxième secteur d'émissions anthropiques de gaz à effet de serre(7) (10 %), derrière le premier contributeur : le résidentiel (13%). Ce secteur participe donc massivement au réchauffement climatique alors que son impact n'est jamais souligné ni même évoqué par les décideurs...
Le rapport de Foodwatch propose une illustration de l'effet sur le climat de 3 types de régimes alimentaires. Une alimentation sans produits animaux émet de 7 à 15 fois moins de GES qu'une alimentation qui contient de la viande et des produits laitiers.
Les conséquences environnementales de l'élevage intensif
L'augmentation constante des élevages intensifs en France et surtout en Bretagne a des conséquences directes sur l'apparition des marées vertes. Ce phénomène se manifeste par la pullulation de certaines algues vertes qui envahissent le littoral au point de dégager de fortes concentrations d'hydrogène sulfuré (H2S). Or, ce gaz est toxique lorsqu'il est inhalé et peut être mortel lorsque l'exposition est importante comme en témoigne la mort de nombreux animaux aquatiques et de quelques animaux terrestres (animaux domestiques, sangliers...). L'élevage y contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l'excès d'engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail.
De plus, la gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d'eau potable.
Au niveau de l'eau, environ 5 000 litres d'eau sont nécessaires pour produire 1 000 kcal d'aliments d'origine animale contre 1 000 litres si l'origine est végétale. En effet, l'élevage nécessite des quantités colossales d'eau : pour produire 1 kg de boeuf, il faudra utiliser 15 500 litres d'eau contre seulement 900 litres pour 1 kg de pommes de terre ! Un gâchis irresponsable alors que la demande et la mauvaise qualité de l'eau en France sont devenues inacceptables. Mais ce n'est pas tout, l'élevage est la plus grande source sectorielle de polluants de l'eau : principalement les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages érodés.
Enfin, selon la commission européenne, l'élevage est responsable de 64% des émissions d'ammoniac (NH3)(8), une des principales causes des pluies acides. Les précipitations s'acidifient au contact de l'ammoniaque présent dans l'air (gaz très soluble dans l'eau), perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement forestier et l'altération des systèmes hydrologiques où on observe une réduction et une disparition d'espèces aquatiques, très sensibles au changement d'acidité.
Les conditions de l'élevage intensif et la souffrance animale
Considérés comme de simples protéines sur pattes dans l'élevage intensif, les animaux souffrent comme jamais. Rien n'est venu enrayer l'extension de ce modèle et la toute puissance des filières agroalimentaires qui le portent.
Les conditions d'élevage, de transport et d'abattage, souvent méconnues du grand public, sont bien souvent inacceptables et les associations qui luttent pour le respect des animaux et la transparence se heurtent à de puissants intérêts financiers qui méprisent le bien-être animal et dupent les consommateurs. Aujourd'hui, l'éthique passe après la viande ; la souffrance et l'environnement après les intérêts économiques. Ce système industriel perdure contre toute logique et contre l'opinion publique, en bénéficiant largement de l'argent des contribuables et de la complicité des pouvoirs publics.
Il est impossible de produire une telle quantité de viande sans entasser les animaux, les adapter de force par des mutilations à des conditions de vie qui limitent drastiquement leurs comportements. Étendre les ailes, se dresser, fouiner, ronger, explorer, élever ses petits, se déplacer, prendre l'air... La liste des comportements entravés est longue dans la plupart des élevages. Les sélections génétiques se sont faites au détriment des animaux et poussent les organismes au maximum.
En France, plus de 80% des animaux sont élevés en bâtiments fermés, parqués en cage ou sur des caillebotis sans accès à l'extérieur. Les poissons d'élevage sont maintenus à des densités inouïes.
Ainsi, 82% des 700 millions de poulets de chair sont élevés sans accès à l'extérieur ; 81% des 47 millions de poules pondeuses sont élevées en batterie de cages ; 99% des 40 millions de lapins sont élevés en batterie de cages ; 90% des 25 millions de cochons sont élevés sur caillebotis en bâtiments...
Or, il est illusoire d'espérer améliorer le sort d'un si grand nombre d'animaux, nécessairement confinés dans des espaces restreints, et « traités » par un nombre réduit de travailleurs. Il faut donc diminuer significativement sa consommation de produits animaux, tout en se tournant vers les produits français issus de l'agriculture biologique.
Élevage, viande et santé humaine
L'élevage est en soi un facteur de risque pour notre santé. Les systèmes industriels de production sont depuis longtemps la norme dans les pays développés et deviennent de plus en plus répandus dans les pays en développement. Le nombre énorme d'animaux élevés en confinement, dotés d'une variabilité génétique très pauvre, et soumis à une croissance rapide, crée des conditions idéales pour l'émergence et la propagation de nouveaux pathogènes.
Sans oublier les scandales qui ont éclaboussé l'industrie agro-alimentaire : vache folle (encéphalopathie spongiforme bovine), hormones de croissance, grippe aviaire, fièvre aphteuse...
Ainsi, les systèmes modernes d'élevage sont des incubateurs à virus, listeria monocytogènes, salmonelles, campylobacters, E. coli, et autres promoteurs de « grippes » en tout genre. Comme l'indique un rapport de la FAO : « il n'est pas surprenant que les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années proviennent des animaux ou des produits animaux ».
La surconsommation de viande a pour effet d'augmenter la prévalence des affections suivantes : cancers (colon, prostate), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, ostéoporose, diabète (type 2), altération des fonctions cognitives, calculs biliaires, polyarthrite rhumatoïde.
Contrairement à une idée reçue, les produits animaux ne sont pas indispensables à la santé humaine. La position conjointe des diététiciens américains et canadiens, émise en 2003, a formulé un bon résumé de cette réalité. Ces deux organisations, qui regroupent 70 000 diététiciens, ont endossé le fait que « les régimes végétariens (y compris le végétalisme) menés de façon appropriée, sont bons pour la santé, adéquats sur le plan nutritionnel et bénéfiques pour la prévention et le traitement de certaines maladies ». Cette position de l'Association américaine de diététique a été réaffirmée en 2009.
De surcroît, la tertiarisation de nos sociétés et notre mode de vie de plus en plus sédentaire ne justifie plus cette surconsommation de viande.
C'est dans les pays riches que la consommation de produits animaux est la plus forte, un état de fait qui ne répond à aucune nécessité nutritionnelle et cause des dommages environnementaux catastrophiques. Or, l'élevage y est soutenu par des aides publiques conséquentes...
Notes
- En 2010, la consommation de viande se porte mieux - Agreste Synthèses ; octobre 2010
- La consommation française de viandes. Évolutions depuis 40 ans et dernières tendances - FranceAgriMer ; septembre 2010
- Moins de viande, moins de chaleur : Impacts de l'élevage sur le changement climatique - GIEC ; août 2008
- FAOSTAT - FAO
- En Amazonie - Greenpeace
- 9 % du CO2, 37 % du CH4 et 65 % du N2O émis dans l'atmosphère
- Substances relatives à l'accroissement de l’effet de serre - CITEPA ; avril 2011
- La volatilisation des déjections des animaux en stabulation constituent la principale source d'émission de NH3.