•  L'aluminium : un poison présent partout

    Jusqu’à récemment considéré comme inoffensif, l’aluminium, naturellement présent dans notre environnement, s’est imposé dans tous nos produits de consommation. Aujourd’hui, on peut légitimement se demander si à de telles concentrations, cet élément ne serait pas responsable de certains de nos problèmes de santé. Les soupçons se confirment contre l’aluminium, les preuves s’accumulent.

    L’aluminium est utilisé dans les cosmétiques, les aliments, l’eau de boisson, les vaccins, les ustensiles de cuisine et toutes autres sortes de produits de consommation courante.

    Au final, nous nous retrouvons exposés à des concentrations d’aluminium de plus en plus élevées...

    Reste à prouver que l'aluminium est toxique et aujourd’hui les preuves commencent à s’accumuler...

    L’aluminium, un élément présent partout autour de nous

    L’aluminium est le 3e constituant de l’écorce terrestre après l’oxygène et le silicium. Nous sommes exposés à cet élément d’origine naturelle par contact direct avec le sol, l’air et l’ingestion d’aliments provenant de la terre et d’eau de source.

    Mais l'aluminium est aussi utilisé dans de multiples domaines : l’industrie du bâtiment, les transports, l’agroalimentaire, l’emballage, la pharmacie, la chirurgie, la cosmétologie et le traitement des eaux d’alimentation.

    Dès 2003, les autorités publiaient un rapport d’expertise nationale sur les risques liés à la consommation d’aluminium. Mais les données étant difficiles à obtenir et à traiter, elles n’ont pas permis de caractériser une éventuelle toxicité de l’aluminium pour la santé, ni d’établir des recommandations.

    Malgré tout, en 2008, l'Autorité européenne de sécurité des aliments a fixé la dose maximale d’exposition par semaine à 1 mg d'aluminium par kilo de poids corporel. Or cette limite n’est pas utilisable dans la mesure où l’on ne connaît pas la dose à laquelle nous sommes véritablement exposés quotidiennement, l’aluminium étant présent naturellement et dans une majorité de produits de consommation.

    Reste que certaines études scientifiques et autres analyses sont inquiétantes...

    Aluminium et déodorant = risque de cancer du sein

    L’aluminium est très largement utilisé dans les cosmétiques. On en trouve dans plus d’un produit sur 2, pour faciliter la pénétration des crèmes, comme agent durcisseur des vernis à ongles, agent blanchissant ou encore comme antitranspirant.

    C’est ainsi que 90% des déodorants contiennent des sels d’aluminium et parfois à haute dose (jusqu’à 20% d’aluminium). Or les sels d’aluminium pourraient être impliqués dans le développement du cancer du sein. La pénétration dans l’organisme de cet élément étant multiplié par 6 sur une peau lésée, les autorités recommandent par mesure de précaution de ne pas appliquer de déodorant contenant de l’aluminium après rasage des aisselles notamment.

    (Source : Rapport d’expertise de l’Afssaps, octobre 2011.)

        Article publié par
        le
    27/01/2012  (e-sante.fr )

    Sources : Rapport « Aluminium. Quels risques pour la santé ? » de l’Institut de veille sanitaire, novembre 2003 ; Virginie Belle, « Quand l’aluminium nous empoisonne », éditions Max Milo, septembre 2010.


    votre commentaire
  •    

    Quelles sont les meilleures boissons pour la santé ?

    Quelles sont les meilleures boissons pour la santé ?

    Savez-vous déjouer les pièges des industriels ? Disposez-vous de toutes les connaissances nécessaires pour choisir les meilleures boissons pour votre santé ? Consultez les commentaires de ce test.

    1) L'eau de table et l'eau de source, c'est pareil.Faux. L'eau de table correspond à une eau du robinet qui a été mise en bouteille, tandis que l'autre provient d'une source répertoriée. 

     2) L'eau du robinet ne contient pas de minéraux (calcium, magnésium…). C'est pourquoi il est préférable de boire régulièrement de l'eau en bouteille. Faux. L'eau du robinet contient de faible quantité de minéraux, mais n'en est pas dénuée pour autant. Et par rapport à certaines eaux de source ou de table, elle peut en contenir autant voire parfois davantage. Seule l'eau minérale certifie une teneur fixe en minéraux.

     3) A petite dose, l'alcool est une boisson bonne pour la santé.Faux.Seul le vin à des doses très faibles exerce des effets préventifs sur le système cardiovasculaire. Mais la définition précise de la quantité de vin favorable à la santé cardiovasculaire reste débattue. Il semblerait qu'elle soit en deçà d'un verre par jour, de l'ordre de 6 verres par semaine, que l'on soit un homme ou une femme. Mais il faut savoir que la première goutte d'alcool favorise les cancers, ce qui revient à dire que l'alcool est cancérogène et donc particulièrement néfaste à la santé !!

      4) En cas de régime, il faut éviter les boissons riches en sodium.Vrai.Lors d'un régime, on déconseille les eaux riches en sodium afin de prévenir les phénomènes de rétention d'eau. D'une façon générale, mieux vaut éviter les boissons riches en sel, un élément que nous consommons en excès, au détriment de notre santé.

       5) La dureté de l'eau correspond à sa teneur en calcium.Vrai.Plus une eau est dure, plus elle contient de calcium et plus elle est dite calcaire. Dans la situation opposée, on dit qu'il s'agit d'une eau douce. A savoir que si l'eau dure favorise le tartre, l'eau douce favorise la corrosion.

      6) Les jus de fruits ne font pas grossir.Faux.Un verre de jus de fruits (150 ml) apporte 3 à 4 morceaux de sucre. Il ne faut donc pas en abuser !

     7) Le café arabica contient moins de caféine que le café robusta.Vrai.Si vous souhaitez limiter la caféine, privilégiez le café arabica, moins fort que le robusta mais offrant plus d'arôme.

     8) Les eaux aromatisées ne font pas grossir.Faux. Certaines eaux contiennent du sucre et sont donc caloriques, tandis qu'une eau minérale ou de source ou encore l'eau du robinet n'apporte aucune calorie. 

      9) Le thé vert est meilleur pour la santé que le thé noir.Vrai. Le thé vert ne subissant pas de processus de fermentation, il contient davantage de flavonoïdes, des molécules antioxydantes particulièrement bénéfiques à la santé. 10) Boire de l'eau fait maigrir.Faux. L'eau est diurétique et peut servir de coupe-faim en cas de régime. Mais elle ne fait pas maigrir pour autant ! Elle est cependant un allié indispensable en cas de régime et tout simplement pour être en bonne santé.

    Article publié par le 07/04/2008  (e-sante.fr )

    Sources : Dr Jean-Michel Cohen et Dr Patrick Serog, " Savoir manger, le guide des aliments 2008-2009 ", éditions Flammarion.


    votre commentaire
  •  Consommation de viande : mais bon sang ! Restons donc stupides et gardons notre vilaine conscience !

    12 juillet 2012,

    steack_hache© C. Magdelaine / notre-planete.info

    Apanage des pays riches, la consommation de viande ne cesse d'augmenter dans le monde. L'élévation du niveau de vie dans les pays émergents amplifie les effets déjà catastrophiques d'une surconsommation de viande non soutenable et inutile.

    La consommation de la viande et du lait est partout en hausse. Elle s'accroit considérablement dans des pays comme la Chine. Depuis un demi-siècle, la production mondiale de viande est passée de 44 millions à plus de 220 millions de tonnes. La société humaine consomme annuellement plus de 53 milliards d'animaux par an ; dans l'ordre : poulets, canards, porcs, lapins, dindes, moutons, chèvres, bovins et chevaux. Dans le premier monde, 98 % de la totalité des animaux avec lesquels nous sommes en interaction servent à l'alimentation. Les abattoirs nord-américains tuent quotidiennement 25 millions d'animaux par jour. Selon les estimations de la FAO, la production planétaire de viande et de lait doublera d'ici 2050. À cette occasion, les éthiciens agitent de plus en plus la question de notre responsabilité morale à l'égard des animaux. Les États-Unis transforment chaque jour 1000 tonnes de viande de bœuf en hamburgers, et chaque citoyen nord-américain dévore durant sa vie 9 bœufs de 500 kg. Un Français mange 100 kg de viande par an, trois fois plus qu'il y a un demi-siècle.

    La plupart de ceux qui se prétendent écologistes sont tout autant zoophages et les partis verts et ONG environnementales se refusent d'aborder le sujet, y compris dans le cadre de la fameuse cantine scolaire Bio du WWF où la barbaque trône en maître.

    Aux États-Unis, 70 % des céréales sont destinés aux animaux d'élevage, contre seulement 2 % en Inde. Dans un parc d'engraissement américain de 37 000 bovins, 25 tonnes de maïs sont distribuées chaque heure. 90 % des cultures de soja, dévoreuses d'écosystèmes majeurs, vont aux animaux d'élevage pour la grande bouffe occidentale. Pour satisfaire à la demande, entre 1977 et 1980, le Brésil a augmenté de 400 % ses exportations de soja. Simultanément, 38 millions d'habitants étaient sous-alimentés et 10 000 petits Brésiliens mouraient de faim. Il faut 7 kg de céréales et 10 000 litres d'eau douce pour produire un seul kilogramme de bœuf.

    Un consommateur humain qui passe au tout végétal, ne serait-ce qu'une fois par semaine, fait montre d'une solidarité planétaire de l'ordre de 5 000 litres d'eau par an.

    Le choix du mode alimentaire est donc déterminant dans la valeur de l'empreinte écologique de chacun. Si toutes les céréales utilisées pour le bétail américain étaient consommées directement, elles nourriraient 800 millions d'humains.

    La production carnée est au premier rang des causes du détournement calorique planétaire : 500 calories d'énergie alimentaire issues d'un steak d'un demi-kilogramme demandent 20 000 calories de carburant fossile à produire. Les voilà les chiffres de la gabegie !

    Dans le système nord-américain qui nous obnubile, la moitié de l'eau dont la majeure partie est non-renouvelable, est dilapidée au profit de l'arrosage d'une agriculture servant à la nourriture des animaux d'élevage. La pollution des eaux, dont celle de nature pesticidaire, est en grande partie le fait des rejets de l'élevage productif.

    C'est aux méfaits de l'élevage qu'il faut attribuer 85 % de l'érosion de la fertilité des sols (déboisement, création de déserts agraires, désertification), et 20 % de l'augmentation de l'effet de serre causé par le méthane, gaz largement produit par les vaches que nous mangeons. On saccage 17 mètres carrés de forêt tropicale, abritant une phytomasse de 75 kg de plantes vasculaires et de vie animale, pour produire un steak haché de bœuf, chiffre évalué pour l'Amérique centrale. 200 millions d'hectares de forêts tropicales ont été rasés depuis 50 ans pour faire place à des pâturages d'engraissement ou à des fermes « modèles » de bovidés. En attendant d'amputer ce qui reste au profit des agrocarburants de première génération, nous transformons déjà des forêts en hamburgers tout en participant au réchauffement du globe.

    Dans les pays traditionnellement voués au pastoralisme, notamment ceux musulmans, le surpâturage de rente a succédé aux modestes troupeaux familiaux. Cette charge outrancière des troupeaux, qui se superpose à des paysages très sensibles parce que semi-arides, induit l'anéantissement irréversible des écosystèmes. C'est une tragédie sans remède et qui sera bientôt source de famine par tarissement des ressources naturelles, perte d'absorption des sols et assèchement des nappes phréatiques.

    Outre le fait qu'une alimentation végétarienne réduit le risque de mort par attaque cardiaque de 50 à 4 %, et divise par trois le risque de cancer du sein et des ovaires, on voit bien que l'exploitation des animaux par la boucherie est aussi l'une des grandes causes de la faim dans le monde. Il est donc pour le moins stupide de la part des carnivores bien-pensants d'argumenter la famine du tiers-monde pour relativiser le souci d'un meilleur respect dû aux animaux.

    L'élevage en batterie entre dans les pratiques les plus ignominieuses de notre humanité. Poules, dindes, cochons, bovidés sont industriellement torturés au nom de la recherche d'un profit maximal. Mais la morale est que ce mauvais traitement retombe sur la santé de ceux qui consomment cette chair pétrie de souffrances et de poisons.

    À la production de la viande s'ajoute celle laitière, intensive : l'exploitation du cheptel bovin est éthiquement inqualifiable. L'image de la vache - reine des près - paissant paisiblement dans la verte prairie et se laissant traire avec allégresse par l'aimable fermière toute rougeaude est un pur produit d'agence qui cache une bien affligeante réalité. Comme tout mammifère, notre brave vache a besoin de mettre bas une fois l'an. Il n'en est plus question sous le motif de l'esclavage laitier auquel elle est soumise. Et si on laisse le veau téter, la vache va freiner la descente de son lait et nuire à la productivité imposée par le Crédit Agricole de son fermier-proxénète. La fin justifie les moyens. Le veau lui est donc retiré quelques jours après sa naissance. Les vaches sont très maternelles et le stress qui en résulte est incommensurable. Si le veau est une future génisse, elle ira rejoindre le bataillon d'autres vaches laitières. Sa première grossesse aura lieu à deux ans, puis elle sera à nouveau fécondée trois mois après chaque vêlage, par insémination artificielle dans 70 % des cas. Elle sera maintenue en lactation sept mois au minimum par an et l'éleveur continuera à la traire même pendant sa grossesse. Ce productivisme outrancier est si exténuant qu'il réduit le potentiel de longévité de l'animal, de vingt années à seulement cinq. C'est ainsi que les trois quarts de la viande bovine proviennent de vaches laitières sacrifiées pour causes de stérilité ou de rendements médiocres.

    Séquestrés dans des caissettes à claire-voie, les veaux à viande sont dans l'incapacité de se retourner, car tout exercice augmenterait leur développement musculaire, durcirait leur chair, et ralentirait leur prise de poids. La diarrhée, due à un régime inadapté mais savamment calculé pour leur causer une anémie donnant une chair blanche, rend les lattes glissantes, et les veaux tombent souvent, se blessant les pattes. C'est pourquoi à leur arrivée à l'abattoir, beaucoup d'entre eux peuvent à peine marcher.
    50 % de la production d'antibiotiques vont aux animaux d'élevage, sont administrés par ingestion subthérapeutique et se retrouvent dans nos corps et dans les sols. Pour « faire » un veau de boucherie, il faut donc : le priver de sa quantité suffisante de lait maternel, le transporter à l'encan par camion dès son plus jeune âge, le faire vivre au voisinage d'animaux malades et mourants, le vendre à des usines où, enchaîné à vie dans un cageot individuel de quelques 60 centimètres de large, on lui ôtera toute faculté de marcher, de s'allonger, de s'ébrouer et de jouer, le maintenir à l'obscurité pour diminuer son agitation, le priver de litière, le nourrir par des surplus de lait écrémé gouvernemental, lui supprimer toute nourriture solide, le rendre anémique, l'infester de maladies respiratoires et intestinales.

    La vie faite à nos frères mammifères les cochons et les bovidés est invivable, mais l'immense majorité du milliard et demi d'animaux mangés en France sont des volailles. La vie de 90 % de ces oiseaux qui se déroule en batterie sous lumière permanente est un supplice. Les gentils végétaliens ne doivent pas se tromper d'adresse car la poule de ferme, aux œufs d'or bio, ne court plus les poulaillers.
    6 milliards de poulets sont abattus chaque année au sein de l'Union européenne. Plus de 90 % des poules pondeuses sont soumises à un élevage intensif, dont le sadisme extrême est le recours à un suréclairage incessant, visant à accélérer la croissance en exploitant la photophase. Les volailles sont entassées dans des hangars sans fenêtre, pouvant contenir de 10 000 à 70 000 individus. Les poules sont incarcérées dans des séries de cages superposées dont chacune contient 4 à 5 sujets. Chaque poule ne dispose pas plus de 550 centimètres carrés, c'est-à-dire l'équivalent d'une feuille de papier A4. Le gallinacé n'est finalement heureux que lorsqu'il arrive dans le four où il dispose enfin de quatre fois plus d'espace « vital »... Dans une indifférence totale, c'est l'animal qui paie le plus lourd tribut à notre perversion carnivore.

    En renonçant au régime carné, ou en reléguant la viande à une consommation subsidiaire, il s'agit tant de mettre un terme aux affres environnementaux du pâturage intensif, que de soulager considérablement la faim dans les pays exploités, d'assurer aux pays exploiteurs une alimentation moins pathogène et dégénérative, d'établir un rapport moins barbare entre les animaux éleveurs que nous sommes et les animaux élevés, lesquels le sont très généralement dans des conditions abominables. L'effet dissuasif que l'on pouvait espérer de la vache folle, véritable effet boomerang de nos viles exactions, n'a duré qu'un temps. Attendons donc la prochaine et méritée volée de bois vert pour nous lamenter sur des méfaits qui ne sont que bel et bien mérités.

    Salmonellose dans les œufs de batteries, vache folle au prion, poulets à la dioxine, viande de porc aux nitrates et aux nitrites se transformant dans notre corps en nitrosamines hautement cancérogènes, charcuteries à la listériose, cancer du pancréas par les viandes grillées, cancer du colon proximal et distal dus aux viandes rouges et transformées, cancer du sein (dit à récepteurs hormonaux positifs), les carnivores sont prêts à affronter les pires maux pour continuer à mettre de la souffrance animale et du cadavre dans leur assiette, et à permettre le plein emploi à la filière bouchère.

    Une dernière réflexion sur le sujet : à quel délire paranoïde correspond le fait de « déguster » de l'agneau et de caresser son chien ?
    Inversons pour comprendre la gratuite relativité de cette attitude. Si nous mangeons du mouton, alors acceptons que les Chinois bouffent du chien, parce que nous ne valons guère mieux. Catégoriser en valeurs comestible ou sentimentale notre rapport à l'animal, et notamment aux mammifères monophylétiques (ancêtre commun), auxquels nous appartenons, est une démarche psychopathe. Sommes-nous complètement dingues ?

    La viande rend malade, mais nous continuons à en manger de plus en plus...
    La viande est source d'infernales cruautés, mais nous continuons à en manger de plus en plus...
    La viande est objet de disparités entre les peuples, mais nous continuons à en manger de plus en plus...
    La viande induit déforestation, désertification, pollution, mais nous continuons à en manger de plus en plus...

    Même pas honte de vivre avec une mauvaise conscience !

    Liens

    Auteur   Michel Tarrier


    votre commentaire
  •  Le passage à la sagesse

     

    (Crédit photo : thierry ardouin - tendance floue)
    « Canopée » n° 8 Actes sud Nature, 162 p., 10 euros.
               
    Article publié dans le

    N° 38 - juillet août 2012

    Vivre autrement

    Il y a les bonnes résolutions des débuts d’année, et il y a celles des vacances d’été. Les premières, qui suivent les agapes mercantiles de Noël, ne présentent en général qu’un aspect trivial – « arrêter de fumer », « se remettre au tennis » – sans grand intérêt. Est-ce l’effet du soleil, des grasses mat’ ou de l’air du large ? Les secondes ont souvent un peu plus d’envergure. C’est notamment le moment où ceux qui veulent « donner du sens » à leur existence livrent leur trajectoire au scalpel de l’introspection. A ceux-là, on ne saurait trop conseiller la lecture du n° 8 de Canopée, la revue annuelle, très écolo, des éditions Actes Sud. Elle a pour titre « Habiter poétiquement le monde ». Un titre qui pourra faire hausser les épaules au cadre sup embourbé dans la frénésie citadine, mais qui prend tout son sens dans la paix de l’été.

    Contre le besoin d’aller vite

    Nous savons tous, intimement, où se trouve la vraie sagesse. Mais Canopée nous rafraîchit la mémoire : elle consiste à retrouver l’émerveillement face aux petites choses, à mieux se relier à ce qui nous entoure, à s’ouvrir à autrui, à renoncer aux mirages du toujours plus, à être positif, à mieux écouter. Et à devenir, comme on dit, créateur de sa vie. « Nous devrions être le changement que nous souhaitons voir dans le monde », dit Gandhi. On notera le conditionnel. Car reconnaissons-le, beaucoup d’entre nous ne le font pas, ou pas suffisamment. Il y a ce besoin d’aller vite, cette peur du changement, ce cynisme qui finit par naître du découragement. Vite, vite, Canopée !

    « Résister avec »

    Premier enseignement tiré de sa lecture : le sens ne se trouve pas dans les gnangnanteries lisses du « new age ». Il éclôt parfois dans la douleur et la crasse. On suivra ainsi l’exemple d’Amandine Roche de la fondation Amanuddin, qui, prise entre deux enlèvements et trois assassinats ciblés, enseigne la méditation et la non-violence aux Afghans (même aux talibans !). Ou celui de Roger des Prés, qui a récupéré une friche de Nanterre (Hauts-de-Seine) écrasée entre deux échangeurs d’autoroute pour édifier la Ferme du bonheur, un lieu d’« agro-poésie » accueillant des animaux, des artistes et des SDF. Ou encore celui de Thomas d’Ansembourg, psychothérapeute qui a mis en place des randonnées dans le désert pour les jeunes délinquants, drogués ou prostitués. Le second enseignement est résumé par une phrase d’Eric Julien, qui se bat pour les Indiens Kogis en Colombie : « Pour moi, être poétique, c’est être résistant, non pas résistant contre, mais résistant AVEC. » Lue au petit matin dans un RER, sous le crachin de novembre, cette prose passe sans s’imprimer. Mais c’est l’été ! Et tout à coup, elle fait écho quelque part. Ne la laissons pas filer. Septembre est encore loin. —


    votre commentaire
  • Chassez l’épicerie, elle revient au galop

     
    (Crédit photo : DR)
    De la maison de retraite au camping, en passant par les habitations isolées, cette supérette équestre sillonne les routes du Morbihan depuis deux ans. Rencontre au petit trot.
               
    Article publié dans le

    N° 38 - juillet août 2012

    Vivre autrement

    « Tout l’hiver, j’ai attendu la reprise des tournées, j’en avais assez des néons ! » Derrière la caisse de l’épicerie de Pluherlin, bourgade de 1 300 habitants dans le Morbihan, Violaine Frappesauce n’était pas la seule à piaffer d’impatience. Stourm, son cheval de trait, a, lui aussi, repris du service à la mi-avril. « On avait arrêté en septembre parce qu’alors les clients se font plus rares, l’activité étant liée au tourisme. Et on doit aussi éviter les intempéries », commente-t-elle. En 2005, après huit ans dans la grande distribution, la brunette a 27 ans et franchit le pas : elle se décide à reprendre une supérette de village.

    Boutade d’un client

    « Avec le commerce de proximité, j’espérais retrouver le lien social qui avait disparu dans mon boulot », explique-t-elle. Mais l’enthousiasme ne fait pas tout. Il lui faudra aussi rassembler 30 000 euros de fonds de commerce et 45 000 euros pour les murs. Sans être « une fondamentaliste écolo », Violaine a toujours rechigné à démarrer sa voiture pour livrer des packs d’eau minérale – elle propose en tout 300 produits, des légumes locaux aux boîtes de conserve – dans le bourg. « J’ai bricolé une charrette accrochée à mon vélo. Puis, sur une boutade d’un client, je me suis dit : “ Pourquoi pas à cheval ? ” » Piètre cavalière selon ses dires, mais amoureuse des canassons, elle se forme à la conduite d’attelage. Le centre de dressage voisin lui confie Stourm. Un nom prédestiné : il signifie « combat » en langue bretonne.

    Crottin dans les jardins

    En avril 2010, le tandem est prêt pour les balades, mais aussi pour traquer les subventions : le Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce, le Conseil général et l’Union européenne apportent la moitié des 20 000 euros nécessaires. C’est enfin une affaire qui roule et, deux fois par semaine, l’« équicerie » dessert le bourg voisin de Rochefort-en-Terre, ainsi que des personnes isolées, une maison de retraite et même un camping ! Pour quelques madeleines vendues – au même prix qu’à l’épicerie –, les personnes âgées se remémorent leur passé à la ferme, les enfants découvrent le doux museau de la grosse bestiole et les touristes, armés de leur appareil photo, mitraillent à toute allure.

    Le chiffre d’affaires de l’équicerie reste modeste. Il couvre tout juste le matériel et les frais liés à l’entretien du cheval. Mais Stourm n’a besoin que d’un nouveau ferrage à 80 euros tous les deux mois, d’un peu d’herbe l’été et de foin en hiver : « Rien à voir avec les frais d’une camionnette. » « La réussite, ce sera d’embaucher mon apprentie de manière pérenne », tempère toutefois Violaine. En attendant, à chaque jour sa petite victoire : « Les produits laitiers finissent en promo et les déchets organiques en compost ! » Et le crottin de son cheval est, lui, valorisé dans les jardins. « A une époque où tout le monde court vers le plus, moi je cours après le mieux », conclut-elle dans un sourire. —

    Impact du projet

    Une tonne de produits tractée à chaque tournée

    Chiffre d’affaires de 9 000 euros

    Sources de cet article

    - Le site de l’épicerie

     La rédactrice Candice MOORS  pour Terra éco  29-06-2012


    votre commentaire
  •   http://www.amnesty-informations.be/p_v.php?mi=1071&nl=26&ei=mj.besson%40voila.fr

    Nouvelle action Site isavelives.be
       

    L'héritage toxique de Dow Chemical ternit encore Londres 2012

    Alors que Londres se prépare à accueillir les Jeux olympiques, Amnesty International examine ses liens avec l'une des plus grandes catastrophes industrielles de l'histoire.

    En plein cœur de l'est londonien, au milieu d'un mélange incongru de tours en verre étincelantes et de bâtiments industriels, se dresse le stade olympique. C'est un cercle blanc parfait, si grand qu'il ressort nettement sur Google Earth. Cette arène de 80 000 places, considérée comme le joyau du village olympique de Londres, est entourée d'une bannière en tissu coûtant 7 millions de livres sterling fournie par l'un des premiers fabricants mondiaux de produits chimiques, Dow Chemical.

    Il y a près de 30 ans, en décembre 1984, la ville indienne de Bhopal a été le théâtre de l'une des plus grandes catastrophes industrielles de l'histoire, provoquée par une fuite de gaz toxique à l'usine de pesticides Union Carbide. Entre 7 000 et 10 000 hommes, femmes et enfants ont trouvé la mort immédiatement après cette fuite, environ 15 000 autres décès sont survenus dans les années qui ont suivi, et plus de 100 000 personnes continueraient de souffrir de graves problèmes de santé liés à la catastrophe.

    Depuis 2001, Dow possède la totalité des parts d'Union Carbide Corporation (UCC), société dont la filiale indienne possédait et exploitait l'usine responsable de la catastrophe de Bhopal en 1984. Union Carbide a quitté Bhopal sans décontaminer le site, sans révéler la nature exacte du gaz échappé de son usine et sans indemniser les victimes de manière satisfaisante. Malgré cela, UCC et sa maison-mère, Dow, nient toute responsabilité dans la tragédie qui se poursuit à Bhopal. [Plus d'information...]

     

     
    Agissez maintenant
     
     

    Très important : merci de transférer cet appel par email à un maximum de personnes susceptibles d'être intéressées.

     

    ... et/ou publier cette action sur Facebook

    logo facebbok

    ... et/ou sur Twitter

    logo Twitter


    votre commentaire
  •   Quand les chiffonniers du Caire se tournent vers le soleil

     

    (Crédit photo : Ombline Lucas)
    Chauffe-eau solaires et biogaz : dans la capitale égyptienne, une ONG tente de convertir les plus démunis aux bienfaits des technologies propres. La révolution énergétique serait-elle en marche ?
               
    Article publié dans le

    N° 38 - juillet août 2012

    Vivre autrement

    Quand son responsable pédagogique lui a confié cette mission, Wagdy Wagih a failli s’évanouir. Il faut dire qu’entretenir les 39 panneaux solaires implantés sur les toits du bidonville de Manshiyet Nasser, dans le nord-est du Caire, n’est pas de tout repos : en Egypte, l’été commence dès le mois de mai et le mercure flirte alors avec les 37 °C. Mais, malgré la chaleur, hors de question de refuser pour l’étudiant en ingénierie mécanique : « Solar Cities, c’est mon projet de fin d’études. C’est grâce à lui que je validerai mon diplôme », explique-t-il. Solar Cities, c’est le nom de l’ONG lancée en 2006 par l’Américain Thomas Culhane, docteur en planification urbaine. L’objectif de la structure : fournir des chauffe-eau solaires capables de produire 200 litres d’eau chaude par jour pour une famille (entendue au sens large : grand-parents, cousins, etc.) des quartiers pauvres de la capitale égyptienne.

    Pour y parvenir, seulement quelques tubes de cuivre et des plaques d’aluminium recyclé ! Aujourd’hui, une quarantaine de foyers profitent du système. L’initiative est loin d’être un luxe à « Poubelle-ville », le surnom de Manshiyet Nasser. Là, les Zabaleen, les chiffonniers du Caire, trient les quelque 10 000 tonnes d’immondices que la capitale produit chaque jour. Sans eux, toute la ville serait à l’image de leur cité : un immense amas de détritus nauséabonds et de sacs-poubelles, un terrain de jeu pour les rats.

    Pour financer les chauffe-eau, Thomas Culhane a pu compter sur les contributions de l’Agence culturelle britannique et de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international. Les habitants n’ont rien eu à débourser. « Nous avons conclu un marché avec les habitants, nuance l’Américain. Ils participent à la construction des chauffe-eau et en font la promotion auprès de leurs voisins. » En réalité, l’Egypte fait mine de découvrir l’énergie du soleil : le pays abritait en effet la première centrale thermique solaire au monde en 1912, juste avant que la découverte du pétrole bon marché ne stoppe net cet élan. « Nous ne voulons pas que les gens réinventent la roue, commente Thomas Culhane. On veut améliorer le savoir-faire. D’où notre idée de réaliser, en parallèle, des biogaz dérivés de l’énergie solaire. »

    Epluchures de pommes de terre

    Petit bond en arrière. En 2009, en pleine grippe porcine, le gouvernement abat tous les porcs qui permettaient aux Zabaleen de trier les déchets. Certains les ont remplacés par des vaches et des poules, mais les ordures s’empilent plus vite qu’avant. Thomas Culhane et Hanna Fathy, son relais dans la communauté, trouvent alors la parade. Ils fabriquent des cuves hermétiques pour y stocker les déchets organiques, dévorés par des bactéries qui produisent du méthane en se démultipliant. Deux kg d’épluchures de pommes de terre offrent deux heures de gaz en cuisine. Grâce à Solar Cities, l’eau chaude était déjà gratuite mais, avec le biogaz, faire du thé devient un jeu d’enfant !

    « Avant, on brûlait des déchets ou du bois, que nous achetions, pour cuisiner, raconte la mère d’Hanna. Désormais, c’est plus simple et moins cher. » Une bénédiction quand la plupart des chiffonniers gagnent moins de 12 livres égyptiennes (1,60 euro) par jour et que les dépenses énergétiques mensuelles d’une famille s’élèvent à 6,50 euros d’électricité et 4 euros de gaz ! L’impact de Solar Cities sur le quotidien est donc significatif, mais six ans après le début de l’aventure, le succès n’est pas toujours à la hauteur des espoirs suscités. « Il est difficile de convaincre les habitants, qui pensent que l’énergie solaire est réservée aux hôtels de luxe sur la mer Rouge, admet Thomas Culhane. Beaucoup considèrent qu’avoir un chauffe-eau électrique est un signe de richesse, même s’il doit ne jamais sortir de son emballage à cause de la facture ! » Quant au biogaz, certains craignent tout bonnement l’explosion !

    Education et patience

    « Quand vous faites les choses gratuitement et que l’intérêt n’est pas au rendez-vous, vous perdez confiance », désespère Wagdy, responsable du projet quand Thomas est absent. Et le jeune homme de citer sœur Emmanuelle, longtemps meilleure porte-parole de la cause des chiffonniers. « C’est elle qui avait raison : sans éducation, comment voulez-vous changer les mentalités ? » Avec encore un peu de temps ? —

    Impact du projet

    Une quarantaine de familles profitent d’un chauffe-eau solaire

    2 kg d’épluchures de pommes de terre offrent 2 h de gaz en cuisine

    Sources de cet article

    - Le site de Solar Cities

      Le rédacteur Ombline Lucas pour Terra éco


    votre commentaire
  •   « Incredible edible » : un potager citoyen et gratuit pour tous ? Pas si fous ces Anglais

     
     
     

    6/15 - La route des abeilles, panneau pédagogique dans une rue de Todmorden

     

    Sophie Verney-Caillat | Journaliste Rue89

     

    A Todmorden, petite ville du nord de l’Angleterre, des citoyens résistent à la crise en faisant pousser fruits et légumes en libre-service.

    (De Todmorden, en Grande-Bretagne) Par un pluvieux matin d’avril, François Rouilllay, activiste alsacien, nous alerte sur un « phénomène de société sans précédent : l’autosuffisance alimentaire des territoires, ça marche ! »

    Cet enthousiaste à la barbe blanche venait de semer les germes de ce qu’on pourrait appeler la révolution « peas & love » et, à coup de Google Maps et de groupes Facebook, nous annonçait la naissance d’une communauté sans frontière, celle des « Incredible Edible », qu’il a traduit en français par « Incroyables comestibles ».

    A Todmorden, dans le nord de la Grande-Bretagne, nous dit-il, vidéo à l’appui, la révolution industrielle a laissé place à la révolution écologique. Dans ces vertes collines frappées par la crise des subprimes, un groupe de citoyens aurait planté fruits et légumes partout dans la ville et les 14 000 habitants n’auraient ainsi plus qu’à se baisser pour se nourrir.

    Vidéo des « Incredible Edible »

    Intriguée, je suis allée voir sur place si les Anglais avaient bien inventé le potager citoyen.

    Estelle me donne rendez-vous au Bear Cafe, un salon de thé branché situé à l’étage d’une épicerie bio. C’est d’ici qu’il y a quatre ans, tout est parti. Cette retraitée spécialiste des « teddy bears » (nounours) en bois se souvient :

    « Pam est revenue très angoissée d’une conférence de Tim Lang, enseignant en durabilité, au sujet des villes en transition. Elle s’est dit que face au pic pétrolier, on ne pouvait tout attendre du gouvernement, qu’il fallait être intelligent.

    Avec Mary, elles ont pensé à une action concrète, se sont dit : “La nourriture, c’est la chose que tout le monde partage.” Puis, elles ont passé une annonce dans le journal local et, à leur grande surprise, une soixantaine de personnes sont venues. A la sortie, tout le monde voulait commencer à cultiver tout de suite. A 21 heures, en plein mois de février ! »

    Pas de vol possible, c’est à tout le monde

    Les copines ont d’abord planté des blettes en bordure de trottoir, le long du canal. Sans demander d’autorisation. Estelle en rit encore :

    « Imaginez la police arrêter une dame de 68 ans pour avoir planté... D’ailleurs, depuis, le prince Charles [et le premier ministre David Cameron, ndlr] nous a rendu visite. Il était très fier de nous. »

    L’heure de la récolte venue, quel risque y a-t-il que tout soit pillé ? Aucun, assure Estelle :

    « Il n’a pas été utile de mettre un panneau “Merci de ne prendre que ce dont vous avez besoin”, car on n’a jamais vu quelqu’un prendre plus que ce dont il avait besoin. Ça appartient à tout le monde, donc il ne peut pas y avoir de vol. »

    Aujourd’hui, les panneaux « Servez-vous » ont disparu des quelque 70 bacs qui parsèment la ville.

    Expliquer que ça ne fait pas de mal


    Nick dans sa serre à Todmorden, en juin 2012 (Sophie Verney-Caillat/Rue89)

     

    Dans les serres qu’il a installées à l’orée de la ville, je rencontre Nick, un autre fondateur des Incredible Edible. Ce rouquin en salopette me prévient tout de suite que, lui, il a « le sens du business » (touche-à-tout, il a notamment investi dans l’immobilier).

    Avec sa compagne Helena, ils parcourent chaque été l’Europe dans leur camping-car. En France, il avait été frappé par une différence culturelle majeure :

    « Chez vous, il y a une fierté à avoir des potagers. Ici, en Angleterre, c’est la honte, ça veut dire que vous êtes pauvres. D’ailleurs le mot “potager” n’existe même pas. »

    Helena est fan d’herbes aromatiques, et a l’esprit du « guerilla gardening » (même si elle préfère le terme d’« accidental gardening »), et elle sème surtout des graines de citronnelle, sauge et fenouil.

    Nick et elle ont planté des arbres fruitiers dans les jardins publics, puis les passants ont commencé à leur poser des questions. C’est comme ça que Nick s’est fait prêter des bouts de terre où il a pu s’essayer à la permaculture.

    Ces anciens hippies assument volontiers leur côté « naughty » (vilain) :

    « Quand on fait pousser des légumes gratuitement, il faut expliquer à ceux qui vont les manger que ça ne leur fera pas de mal. C’est une déclaration unilatérale de générosité. »

    « La rhubarbe a un trop grand succès »

    Essaimage

    Une trentaine de ville ont vraiment imité Todmorden et reproduit le réseau des Incredible Edible. Tous les outils développés par les pionniers sont mis en accès libre sur leur site.

    De Fréland (Alsace) à Versailles, Nick et Helena font cet été la tournée des initiatives, jusqu’en Roumanie.

    En ce samedi de juin, Estelle et Helena passent devant l’hôpital, l’école, le poste de police... où pousse leur production. Elles hument le fenouil, goûtent les fraises et vérifient que les rhubarbes n’ont pas été récoltées trop tôt :

    « Face au trop grand succès, on a mis du fumier pour dissuader les amateurs.

    S’il y a trop de fraises mûres à la fois, on fait des confitures. »

    Ni traitement chimique, ni même insecticide, tout pousse naturellement. « La nourriture est à partager... avec les insectes aussi ! », m’expliquent ces amatrices d’abeilles.

    Après avoir « mangé la rue », Helena va acheter sa viande au marché, où les bouchers affichent leur fierté de produire local, et Estelle fait un petit tour au supermarché discount :

    « Ils ont la meilleure huile d’olive et jusqu’à présent, les oliviers ne poussent pas encore à Todmorden. »


    Estelle goûte du fenouil à Todmorden, en juin 2012 (Sophie Verney-Caillat/Rue89)

    « Les gens ont oublié que la nourriture sort du sol »

    L’autosuffisance alimentaire dont nous parlait François l’Alsacien et que les Incredible Edible s’étaient juré d’atteindre en 2018 est une utopie lointaine. Nick commence à vendre les légumes issus des deux hectares qu’il cultive avec des jeunes en réinsertion, à la périphérie de la ville. Il en a tiré 800 livres (1 025 euros) l’an dernier et espère qu’une poignée de personnes arriveront à en vivre :

    « On a besoin de faire de la publicité, il faut du temps pour faire changer les mentalités. »

    Pour l’heure, ce sont surtout les enseignants qui tirent profit de l’expérience : les enfants des sept écoles de la ville ont des cours d’agriculture et le lycée va créer sa propre pêcherie. Demain, la cantine scolaire cuisinera essentiellement la production locale.

    Ici, les agriculteurs sont tous des éleveurs. Moutons, vaches... ils n’ont jamais imaginé faire pousser des légumes. Le climat est supposé trop froid et trop humide. Alors, assure Nick :

    « Si on arrive à produire une nourriture saine, de qualité et avec zéro empreinte carbone, que quelques personnes en vivent, c’est énorme. En Angleterre, plein de gens ont oublié que la nourriture sort du sol. »

    « Plus facile de tout acheter au supermarché »

    En attendant, la petite cité grise regorge de « pubs gastro ». Les « foodies », ces fans de bonne chère, que Jamie Oliver a remis au goût du jour, s’échangent leurs recettes et les potagers privés se multiplient.

    Avec la crise, l’autosuffisance alimentaire est en train de devenir une quête par nécessité. L’épisode du nuage de cendres provoqué par le volcan islandais en avril 2010 a changé la donne, se souvient Estelle :

    « Les gens ont soudain réalisé qu’ils étaient dépendants des importations, il n’y avait plus rien de frais dans les rayons du supermarché. Là, ils ont commencé à nous prendre au sérieux. »

    La ville a donné un peu de terre, du compost, et une subvention pour la construction des carrés en bois.

    Jayne Booth, conseillère régionale, assure que la criminalité a nettement baissé depuis les débuts des Incredible Edible, et veut y voir un rapport. « Il y a un très bon sens de la communauté dans cette petite ville », jure-t-elle.

    Mais Hazal, serveuse dans un pub, n’est pas convaincue :

    « Je mange des plats tout prêts car je n’ai pas le temps de cuisiner, et puis je ne sais jamais quand c’est mûr. De toute façon, c’est plus rapide et facile de tout acheter au supermarché. »

    Elle voit des gens remplir des grands sacs de légumes, « et pas seulement avec ce dont ils ont besoin ». Elle regrette :

    « On ne peut pas les punir puisque c’est gratuit. Il n’y a pas de connexion entre ceux qui donnent leur temps et ceux qui consomment le travail des autres. »

    Entre Hazal et les partisans du potager citoyen, impossible de savoir qui a raison. La récolte est-elle fauchée par des pillards ou dégustée avec parcimonie ? Le secret est dans les estomacs.

     

    MERCI RIVERAINS !Pierrestrato

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires