•   Entreprise durable   Publié le 17 janvier 2014   (femininbio.com)

    Elisabeth Laville : "Dans 10 ans, le mode de vie durable sera désirable et attractif"

    Elisabeth Laville : "Dans 10 ans, le mode de vie durable sera désirable et attractif"
     Elisabeth Laville, interviewée en janvier 2014 dans votre magazine FemininBio sur iPad (Photo : Philippe Zamora)
    Anne Ghesquière
       Fondatrice de FemininBio, directrice de collection chez Eyrolles, chroniqueuse, dingue de bio, folle de nature, de running et par dessus tout de l'évolution de la conscience de l'être humain ;-)
    Suivre @Twitter#anneghesquiere

       Elisabeth Laville a été l'une des pionnières européennes du développement durable et de la responsabilité sociale en entreprise. Pour FemininBio, la co-créatrice de l'agence Utopies revient sur sa prise de conscience, ses inspirations et son engagement pour un avenir durable.

    Diplômée d'une grande école de commerce, tu aurais pu choisir une voie plus facile et pourtant, depuis longtemps, tu as choisi l'engagement. Raconte-nous ton parcours ?

    En réalité, quand j'étais à HEC, les disciplines que l'on y enseignait me paraissaient manquer d'une finalité plus "noble" à servir et j'étais aussi en quête de quelque chose qui me ferait vibrer un peu plus qu'une belle carrière ou un bon salaire. Mais à l'époque je n'avais pas vraiment trouvé. Du coup, j'ai commencé dans la publicité parce que j'avais au moins l'impression que les gens ne s'y prenaient pas trop au sérieux…

    Et puis, après quelques années dans la pub, mon professeur d'anglais m'a apporté une revue américaine alternative parlant du Sommet de la Terre qui se profilait à Rio en 1992 et des entreprises engagées.

    Cela m'a passionnée et j'ai commencé à m'intéresser à ces entreprises : The Body Shop en Angleterre, Nature & Découvertes en France, Ben & Jerry's ou Patagonia aux USA.

    C'était la crise à l'époque en France et on désespérait de l'entreprise, or il me semblait que ce qui se passait dans ces entreprises-là répondait au besoin de sens que je voyais par ailleurs chez les salariés, les consommateurs, etc.

    En 1993, j'ai donc créé Utopies avec une amie pour promouvoir cette vision engagée de l'entreprise, par l'information et le conseil.

    Quelle est ta vision aujourd'hui du green, du développement durable ?

    Je crois qu'un basculement culturel est en cours ou a eu lieu : tout le monde dit qu'il trie ses déchets, qu'il éteint sa télévision au lieu de la mettre en veille (dans la plupart des cas, ce n'est pas possible !), qu'il évite le gaspillage alimentaire…

    Même si ce n'est pas vrai dans les faits, la norme sociale a basculé du côté de l'écologie. Or le changement durable ne peut intervenir qu'après un changement des consciences et des coeurs.

    Quelle est ta vision de l'avenir ?

    Pour paraphraser Voltaire, "j'ai choisi de rester être optimiste car c'est bon pour la santé". Parfois, je trouve que très peu de choses ont changé en 20 ans, à part ce basculement culturel et les discours : politiques comme entreprises, tout le monde parle de développement durable !

    Je crois que la crise aide beaucoup aussi : les citoyens-consommateurs ont évolué plus vite que les entreprises, pour se mettre à acheter des produits d'occasion, louer ou emprunter ce qu'ils achetaient auparavant, découvrir les vertus des circuits courts, souvent moins chers et davantage porteurs de sens, ou tout simplement éviter d'acheter des produits dont ils n'ont pas besoin.

    Donc je crois qu'aujourd'hui les consommateurs sont prêts à consommer autrement et qu'ils attendent l'offre accessible et attractive qui leur permettra de le faire.

    Tu travailles avec beaucoup de grandes entreprises. Qu'est-ce qui a changé ces dix dernières années ?

    Ecobureaux d'Utopies
    Ecobureaux d'Utopies
    Peu d'entreprises ont vraiment modifié leur modèle économique et 100% de leur offre, comme s'y sont engagées Marks & Spencer ou Nike. Mais depuis 10 ans, les politiques environnementales sont entrées dans une nouvelle ère de maturité, que nous baptiserons DD 2.0, pour "développement durable 2.0", comme on a parlé de Web 2.0.

    L'idée-clé est qu'à terme les entreprises ne proposeront plus des produits responsables "en plus" des produits conventionnels mais bien "à la place" de ces derniers.

    Dans les années 90 - ère du DD 0.0 -, les entreprises "citoyennes" se bornaient à redistribuer une partie de leurs profits à des associations de protection de l’environnement, de défense des droits de l’Homme ou de lutte contre toutes les formes d’exclusion. Les années 2000 - ère du DD 1.0 - ajoutent une approche plutôt défensive, orientée sur l’éco-efficacité et la gestion des risques, notamment de réputation.

    L'ère "DD 2.0" correspond à l'émergence d'une révolution nourrie par plusieurs facteurs, dont le rapport Stern démontrant qu’il reviendrait moins cher de lutter contre le changement climatique que d’en subir les conséquences ; l’effet-choc sur le grand public du film d’Al Gore, "Une Vérité qui dérange" et de son Nobel de la paix ; la multiplication des gros titres sur "la croissance verte" dans les médias ; ou encore l’apparition d’"alter-consommateurs" à fort pouvoir d’achat, qui arbitrent leurs choix en intégrant les critères sociaux ou environnementaux et représentent désormais 15 à 25% de la population dans la plupart des grands pays développés (France, Japon, Etats-Unis, etc.).

    Les deux entreprises françaises qui, pour toi, ont pris un virage résolument engagé ?

    • Botanic, sans aucun doute, car l'enseigne a supprimé totalement les pesticides et engrais chimiques de synthèse de ses magasins en 2006 pour promouvoir le jardinage biologique, et travailler sur la durée de vie des produits, avec par exemple la réparation des chaises de jardin en toile ;
    • Et j'aime bien l'exemple de la Camif‎, qui était en faillite et que son repreneur essaie de redresser, plutôt avec succès pour l'instant, autour du "Made in France". On a aussi un fabricant de mobilier de bureau, Majencia, qui a rapatrié sa production de Chine en France.

    Quels sont les sujets qui te tiennent le plus à coeur, pour lesquels tu te lèves le matin ?

    L'évolution de nos modes de consommation et de nos modes de vie, l'entrepreneuriat social, l'innovation sociale et environnementale, les individus engagés (dans l'entreprise ou la société civile), le pouvoir des idées qui peuvent changer le monde !

    Tu as beaucoup oeuvré pour le bio à la cantine (aussi pour ta fille). Où en est-on aujourd'hui sur ce sujet ?

    Chez nous, la cantine est bio à 95% (cf l'initiative Nos Cantines pour la Planète) mais de manière globale, cela progresse trop lentement, sauf dans quelques collectivités comme Paris, Saint-Etienne, Aubenas ou Barjac, qui servent plus de 50% de produits bio. Sinon, on se satisfait de 10% ou 15% : c'est très insuffisant. En outre, les efforts sont peu convaincants notamment sur le gaspillage alimentaire ou la diminution de la viande rouge, qui permettraient de financer plus de bio sans dépenser plus.

    Quels sont les leviers pour que les choses changent dans la société ?

    La reconnaissance du fait que nos modes de vie actuels sont fondamentalement incompatibles avec le développement durable. C'est assez évident mais nous avons tout mis en place pour ne pas voir ce qui nous gêne : ainsi les émissions de CO2 sont calculées en fonction de ce qui est produit dans un pays, pas de ce qui y est consommé… Nous blâmons la Chine, désormais N°1 mondial des émissions de gaz à effet de serre, alors que ses usines tournent en partie pour nous !

    Mais les consommateurs sont de moins en moins dupes. La crise est passée par là. Les Français rejettent le bling-bling et près de huit sur dix disent privilégier des produits respectueux de l’environnement, même un peu plus chers.

    C’est la fin de l’hyperconsommation, autant dire un bouleversement du mode de vie occidental fondé sur l’abondance, la publicité et le crédit facile, et une chance de consacrer le temps et l’argent ainsi économisés à des choses plus essentielles : des produits utiles et durables, les relations amicales et familiales, la culture, le sport, le contact avec la nature...

    Le problème étant que tout le monde est attaché au mode de vie actuel : les entreprises veulent continuer à vendre plus (des mêmes produits), les consommateurs ne veulent pas qu'on touche à leur liberté de consommer (même si cela suppose parfois l'endettement qui réduit cette liberté), les politiques ont peur de se mettre à dos les citoyens, les salariés effrayés par le chômage et les entreprises, car la consommation reste le levier majeur de relance économique.

    Or je crois que les choses ne bougeront pas sans une volonté politique et quelques mesures incitatives, voire coercitives.

    Si on se projette en 2023, qu'est-ce qui aura fondamentalement évolué ?

    Je crois que d'ici là nous aurons réussi à rendre désirable, futuriste et attractif le mode de vie durable. Et que les entreprises auront adapté leur offre ou disparu.

    Trois objets bio/écolo dont tu ne peux te passer ?

    • Ma voiture hybride essence-électricité Prius : à part l'été, où je ne roule qu'à Vélib (vélos payants en libre-service à Paris, NDLR), je suis encore très attachée à ma voiture, qui est une extension de mon bureau, de mon domicile, de la chambre de ma fille…
    • Mon skateboard longboard Loaded en bambou, histoire de dire que je ne roule quand même pas tout le temps en voiture, surtout le week-end !
    • Et le grand mur végétal des bureaux d'Utopies, sans oublier notre mobilier design, pour l'essentiel issu de récupération, qui nous change quand même la perspective au quotidien ;-)

    Trois objets pas écolos dont tu ne te sers plus ?

    • Le micro-ondes : je n'en ai plus depuis dix ans !
    • La cafetière à capsules : du coup, j'ai arrêté le café…
    • Le presse-agrumes électrique : j'en ai un superbe, manuel, acheté aux puces de San Francisco il y a dix ans...

    Ton héros / héroïne engagé(e) favori(te) ?

    Anita Roddick, la fondatrice de The Body Shop, hélas disparue en 2007, et Yvon Chouinard, le fondateur de Patagonia.

    Les livres qui ont changé ta vision des choses ?

    • Business as Unusual, d'Anita Roddick, que j'ai co-traduit en français…
    • La Force de l'Optimisme, de Martin Seligman, et de manière générale les livres sur la psychologie positive, de Tal Ben Shahar à Florence Servan-Schreiber.
    • Cessez d'être gentil, soyez vrai ! et tous les autres livres de Thomas d'Ansembourg. Plus récemment, je trouve que Le Meilleur Médicament, c'est vous ! de Frédéric Saldmann, est porteur de messages très positifs sur notre capacité à agir...

    Penses-tu que le changement du monde passe d'abord par soi-même ?

    Absolument ! C'est sans doute pourquoi j'ai cité plus de livres de développement personnel que de livres de business ! Anita Roddick et Soeur Emmanuelle, deux personnalités aux parcours bien différents mais qui se consacraient à changer le monde, disaient toutes deux qu'elles n'avaient choisi cette voie que par égoïsme, pour elles-mêmes, parce que c'était la seule chose qui avait du sens à leurs yeux !

    C'est ce que développe Thomas d'Ansembourg dans son livre sur ce qu'il appelle "l'intériorité citoyenne", et aussi ce que dit cette phrase de Gandhi que nous citons souvent chez Utopies : "Nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde".

    > Les écobureaux d'Utopies à découvrir en animation sur www.ecobureaux.com

    > L'agence Utopies d'Elisabeth Laville : www.utopies.com

    > Le site de Nos Cantines pour la Planète : noscantinespourlaplanete.com

    > Retrouvez cette interview et une expérience de lecture optimisée avec votre magazine FemininBio de janvier 2014 sur iPad


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  •   Pierre Pavy, le restaurateur des pauvres

     

    A Grenoble, Pierre Pavy offre des repas de Noël aux plus démunis et des menus à un euro chaque samedi. Aujourd’hui, il se lance dans un nouveau projet. Interview.

    Pierre Pavy, patron du restaurant Le 5 et du Caffé Forte à Grenoble, se définit comme un restaurateur militant. Depuis douze ans, il mène différents projets dans l’agglomération afin de venir en aide aux plus démunis, notamment en leur proposant des repas à un euro. A travers sa nouvelle initiative, Pierre Pavy souhaite, en plus, sensibiliser la population au gaspillage alimentaire.

    Youphil: En quoi consiste cette nouvelle initiative?

    Pierre Pavy: Nous voulons récupérer dans les grandes surfaces les aliments qui arrivent à date limite de consommation, en faire des plats préparés et les reconditionner sous vide ou sous forme de plats surgelés. Je préfère donner des aliments déjà préparés aux familles plutôt que de leur fournir juste des denrées qu’elles doivent ensuite cuisiner alors qu’elles n’ont pas toujours le matériel adapté. Ces plats seront ensuite distribués par la Banque alimentaire de l’Isère. Bernard Pery, son directeur, a même proposé de nous mettre à disposition 25 kilos de viande par jour.

    A travers ce projet, quel message voulez-vous véhiculer?

    Dans les villes, nous débordons de nourriture. Il y en a partout, mais nous en jetons 40%. Paradoxalement, certaines personnes n’ont pas de quoi se nourrir. C’est de ce constat que notre projet est né. L’idée que des personnes puissent avoir faim dans une ville me révolte. Il faut interpeller les populations et les sensibiliser contre le gaspillage.
    Il fallait trouver une cuisine suffisamment grande pour nous accueillir. Nous l’avons trouvée dans un foyer de jeunes travailleurs! Il ne manque plus que la validation de la ville. Grâce à cette initiative, nous pensons pouvoir apporter entre 5000 et 10.000 portions de repas par mois pour l’agglomération grenobloise.

    Pourquoi un tel engagement?

    On est peu de temps sur terre alors autant faire des choses utiles. Certains restaurateurs sponsorisent des clubs de foot ou de rugby, moi j’ai décidé de donner à manger aux sans-abris. Evidemment, je fais ça pour le côté humain. C’est une démarche qui s’inscrit dans ma conception de la vie. Il y a quarante ans, j’étais en Afghanistan et j’ai jeté un morceau de pain. Un Afghan est arrivé et m’a injurié. "On ne jette pas le pain par terre", m’a-t-il expliqué. J’ai compris le message: quand on a un morceau de pain en trop, il peut toujours servir à quelqu’un d’autre.

    Depuis quand menez-vous des actions de solidarité à Grenoble?

    Il y a douze ans, Anna Laverdine, la présidente de l’ASDF, une association d’accueil des SDF, m’a demandé d’organiser un repas de Noël pour les plus démunis de Grenoble. J’ai alors eu l’idée de les inviter dans le restaurant que je dirige avec mon fils. Depuis, chaque mardi avant Noël, nous recevons une centaine de personnes dans notre établissement "Le 5". C’est le cadeau que nous leur faisons.
    Avec les années, une relation amicale s’est créée entre nous. Je voulais aussi faire du restaurant une passerelle entre nos clients habituels et les gens de la rue, afin que ces deux mondes se rencontrent. Pour cela, nous avons mené une opération CV pendant deux mois. Les CV des démunis étaient imprimés sur les sets de table du restaurant et ce sont nos clients qui découvraient ces demandes d'emploi en venant déjeuner chez nous. Pour certains, ça a fonctionné.

    Chaque samedi vous proposez aussi des repas à un euro…

    Un jour, l’ASDF m’a interpellé en me faisant remarquer qu’il n’y avait pas de repas offert aux plus démunis le samedi par les associations. Ils m’ont demandé de leur préparer des sandwichs mais un sandwich ce n’est pas un repas! Nous avons donc décidé de faire un vrai repas. De là est née l’idée du menu à un euro.
    Pour venir, les bénéficiaires doivent s’inscrire 48 heures à l’avance en faisant une "vraie" réservation. Chaque samedi, entre octobre et avril, mes compagnons de travail accueillent et servent, bénévolement, nos 45 invités. Pendant la semaine, nous signalons l’existence de ces repas à un euro sur toutes nos cartes. Souvent, nos clients proposent spontanément de venir le samedi pour faire la vaisselle!

    Que peuvent-ils manger?

    Le menu est unique et les plats proposés viennent de notre carte habituelle. Les entrées, c’est souvent une soupe de légumes ou de poisson avec des croûtons. On nous demande aussi les recettes des plats servis!
    En plat, ils apprécient le curry d’agneau ou la daube de bœuf. Un producteur local nous offre chaque semaine du fromage. Pour le dessert, c’est gâteau au chocolat ou crème brûlée. Normalement, l’addition s’élève entre 25 et 30 euros. Ça me touche quand un sans-abri me dit qu’il espère pouvoir revenir seul, sans l’association et payer avec ses propres moyens.

    Vos différents projets ont-ils donné des idées à d’autres?

    Un autre restaurateur de la ville envisage de mettre en place une initiative similaire l’année prochaine. Mais ce projet n’est pas possible pour tout le monde. Pour mener ces initiatives, il faut avoir des établissements suffisamment grands et qui fonctionnent bien, ainsi qu’une équipe disponible et mobilisée.

    Cet article a initialement été publié le 4 décembre 2013.
    Crédit photo: Christian Rausch.

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  •   Manger moins de viande, nettoyer écolo, rire… Vos idées pour la rentrée.

      Chers ambassadeurs, voici la synthèse de vos contributions à notre appel à projets pour l'année à Des idées pour la rentrée par les ambassadeurs de la transitionvenir. Végétarisme et éducation écolo sont notamment au programme. 

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    La rentrée s’annonce chargée pour les ambassadeurs de la transition. Comme nous vous l’annonçons dans le numéro d’été de votre magazine préféré, nous souhaitons profiter de l’été et du premier anniversaire de la communauté des ambassadeurs lancée par Terra eco pour vous demander votre avis, connaître vos envies de tests, partages et projets. Voici ce que nous avons retenu de vos premières contributions :

    • Tester la vie sans viande, votre souhait à l’unanimité :

    « C’est pour ma part sur ce sujet que j’ai le plus progressé en peu de temps, mais il y a encore de la marge de progression et j’aimerais surtout que des ambassadeurs partagent leurs astuces pour manger végétarien sans passer trop de temps au fourneau. Comment bien s’organiser, être bien équipé, avoir les bons produits dans ses placards, les blogs de recette qui vous inspirent (génial au fait le blog de Cocotte et Biscotte, merci la rédac !) », témoigne La Famille toulousaine sur son blog. Et elle n’est pas la seule à vouloir essayer la vie sans bidoche. Même proposition d’Ysza qui écrit sur son blog : « Changeons nos habitudes, partageons nos recettes, et convainquons notre entourage et nos amis, en les recevant avec un repas végétarien et néanmoins appétissant et savoureux ! »

    Voici donc deux défis à tester dès la rentrée :

    - Passez une semaine sans manger de viande. Non, même pas un petit morceau (et oui, le poulet et le saucisson, c’est de la viande !)

    - Proposez (au moins) une recette végétarienne (donc également sans poisson) au reste de la communauté. Et plus si affinités (techniques, équipements, astuces...)

    Voici une liste de blogs – testés et approuvés – végétariens et végétaliens pour vous aider : Cocotte et Biscotte, Clea cuisine, 100% végétal, Biogourmand, Saveurs végétales, Green-me-up, Mes ptits plats dans les grands, Un deux trois cerises.

    • Devenir parents et rester écolo :

    Jeanne et Aurélien viennent de l’annoncer sur leur blog, ils attendent le premier enfant. Nous leurs adressons nos félicitations ! Ils vont rejoindre le groupe (majoritaire) des ambassadeurs parents. « Ça nous procure beaucoup de joie, et aussi des réflexions : comment rester écolo avec cet enfant à venir ? On va faire beaucoup de récupération, n’acheter que du local, bio, nécessaire, d’occasion et/ou équitable, tenter les couches lavables entre autres, mais voilà bien un défi colossal, auquel d’autres ambassadeurs ont déjà consacré quelques articles fort intéressants que je vais lire ou relire maintenant que je suis directement concerné. Autre défi, qui en découle : quand on mélange éducation des enfants et écologie, on touche la corde sensible de ce bon vieux sentiment de culpabilité. Il va falloir être vigilant en écrivant, pour éviter de tomber dans le panneau, ce serait vraiment dommage », partage Aurélien. A vous de lui venir en aide !

    Voici un défi que nous vous proposerons dans les mois à venir :

    - Partager vos réflexions, astuces, inquiétudes, trouvailles et idées pour concilier vos valeurs avec la vie quotidienne de parent et l’éducation de vos enfants.

    • Entretenir sa maison de manière écologique

    Prisca nous avait expliqué en avril dernier comment elle se sert du vinaigre blanc pour le nettoyage. Vous êtes nombreux à vouloir l’imiter et à aller plus loin. Ysza l’assure : « Il existe tout un tas de produits très ciblés pour nettoyer chaque partie de la maison, et on se retrouve vite débordés par un nombre incalculable de bouteilles dont le contenu est nocif, dangereux, explosif... Alors qu’avec deux ou trois produits de base, genre savon noir, bicarbonate de soude, jus de citron, on peut tout nettoyer de manière beaucoup plus saine pour tout le monde. Il y a plein de sites qui donnent des recettes, on peut les essayer, les adopter ou non, les améliorer, créer les siennes... » « Je suis déjà adepte du vinaigre blanc, mais il y a la aussi des marges de progression à faire et de bonnes pratiques à partager », abonde de son côté notre Famille toulousaine.

    Deux autres idées pour les mois à venir :

    - Fabriquez un produit ménager et partagez vos recettes avec le reste de la communauté.

    - Engagez-vous à renoncer aux produits ménagers industriels pendant un an. Et racontez-nous votre nouvelle vie !

    • Autres idées, en vrac :

    - « S’interroger ensemble sur la possibilité d’une informatique/téléphonie éthique ou écologique » (Aurélien)

    - « Rire plus souvent » (Phil)

    - « Convaincre une personne de devenir ambassadeur et/ou organiser des rencontres locales entre ambassadeurs » (Ysza)

    - « Se soigner autrement » (Ysza et Aurélie)

     Le  rédacteur :Thibaut Schepman pour Terraeco.net

    J’ai rêvé de devenir basketteur, puis de travailler pour Terra eco, le média qui change le monde. Bilan : on n’est pas si mal loin des parquets.

    Sur Twitter : @ThibautSchepman

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  •   Les mamies ingénieures ensoleillent l’Afrique

    Béatrice Toulon, le 14/10/2012  (Place Publique publié par Youphil)

    Des mamies illettrées ingénieures!Un réseau de sept mille grands-mères illettrées assurent la maintenance des panneaux solaires de leurs villages

    C’est une idée lumineuse comme l’énergie solaire dont 7 000 grand-mères africaines illettrées sont aujourd’hui les ingénieures diplômées, chargées de la maintenance des panneaux installés dans leurs villages. Car c’est bien connu, ce qui gâche tant de projets d’aide au développement, c’est le manque d’entretien. Les installations flambant neuf s’usent rapidement, s’abîment puis gisent, hors d’usage, faute de réparation et de pièces de remplacement.

    Fort de ce triste constat, Sanjit Bunker Roy a fondé en 1972 le Barefoot College à Tilonia, en Inde. Ce Collège, littéralement , des Va-nu-pieds, a déjà formé plus de trois millions d’ingénieurs dans le solaire, l’eau , la santé, l’éducation selon une méthode simple et révolutionnaire. « Au collège il n’y a ni crayons ni cahiers. Nos étudiants sont tous des paysans illettrés. Tout s’apprend par les gestes, en montrant. Et je peux vous assurer qu’à l’issue de 6 mois de formation ils en savent plus dans leur domaine que des étudiants qui ont fait 5 ans d’école », nous assure-t-il, lors d’une rencontre au dernier Women’s Forum de Deauville.

    Dans ce forum annuel où près de 1500 femmes parmi les plus brillantes du monde entier viennent débattre et échanger leurs savoirs sur l’avenir du monde, la promotion des femmes et les bonnes pratiques, l’exemple de Barefoot College n’est pas passé inaperçu. D’autant qu’en 2007, il a créé un partenariat avec un réseau africain, le Village environnement Energy Comittee (VEEC), destiné à former des femmes ingénieures dans l’énergie solaire et qu’à ce jour plus de 7 000 grands-mères, issues d’une dizaine de pays, et bien sûr illettrées selon les règles du collège, ont été formées.
    Cette initiative, ajoutée aux autres, lui a valu en 2010 d’être classé parmi les 100 personnalités les plus influentes du monde par Time magazine.

    La démarche de « Bunker » Roy est pour le moins originale : « Nous choisissons exclusivement des grands-mères illettrées, qui vivent dans des villages reculés. Nous les emmenons en Inde pour 6 mois de cours et en faire des techniciennes de haut niveau. » Pourquoi des grands-mères, illettrées ? « En Afrique, on ne peut pas compter sur les hommes. Dès la fin de la formation, ils partiraient en ville, à l’étranger. » Pas les grands-mères, qui sont le cœur du cœur du village. « Quand elles partent, c’est un enterrement, mais quand elles reviennent, ces femmes qui ont entre 35 et 50 ans sont des stars. D’ailleurs, elles se font appeler « ingénieures » et savent qu’elles doivent assumer d’importantes responsabiltés. »

    Même si l’électrification du village est le but principal du projet, Bunker Roy n’est pas mécontent du bouleversement culturel induit par cette aventure : « cela bouleverse les role models, les relations hommes-femmes. Les hommes en ont peur… » Surtout, cet homme qui a décidé il y a 40 ans d’abandonner sa vie de champion de squash et de grand bourgeois, veut faire vivre les idées du Mahatma Gandhi pour qui les technologies les plus sophistiquées pouvaient parfaitement être utilisées dans l’Inde rurale pourvu qu’elles aient été appropriées par les gens du villages et restent sous leur contrôle et non celui d’experts venus d’ailleurs.

    Grâce à un don annuel de 100 000 dollars du gouvernement indien, le Barefoot College reçoit ces grands-mères africaines par groupes de quarante, tous les six mois, venues de dix pays différents. « C’est un gros effort qui leur est demandé. Elles quittent leur village souvent pour la première fois, elles prennent l’avion pour l’Inde, travaillent six mois avec des personnes dont elles ne connaissent ni la langue, ni la nourriture, ni rien. Mais au retour elles ont un diplôme, elles ont un salaire, à charge pour elles d’assurer la maintenance et les réparations des panneaux solaires. »
    C’est que les familles ont payé l’installation, même les plus pauvres pour qu’ils se sentent propriétaires et aient envie d’entretenir le matériel. Et ces familles payent un abonnement pour l’entretien et attendent donc que le service soit assuré. 20% du budget va aux salaires des grands-mères ingénieures, 80% à la maintenance. Pour l’approvisionnement en pièces, les ingénieures sont en lien avec le VEEC.

    Seuls les villages à l’écart de tout, inaccessibles peuvent intégrer le Village environnement Energy Comittee (VEEC). Ensuite, seules les familles qui le désirent se font poser des panneaux sur le toit de leur maison. Et le réseau permet des solidarités au niveau continental. « Une fois, une Béninoise a paniqué en rentrant dans son village. Elle pensait avoir tout oublié. Une Mauritanienne est venue lui donner un coup de main et tout est reparti. »

    Fort de son succès africain, Bunker Roy étend aujourd’hui l’expérience à des pays du Proche Orient, en Jordanie, en Afghanistan. Une autre paire de manches. « Le mari d’une Jordanienne qui était en formation à Tilonia l’a appelée pour lui demander de rentrer car un de ses petits-enfants était mourant. C’était faux, il ne supportait pas son absence. Nous l’avons immédiatement fait revenir pour qu’elle termine sa formation. » Elle est devenue la première femme ingénieure solaire de son village. Une révolution énergétique et autre…


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  •   Jessica et Julien, paysans bio, « dépendants des horaires du soleil »

    Le Yéti   (Rue 89)
    voyageur à domicile     Publié le 29/07/2013

       Jessica et Julien (Le Yéti)

    Vous n’êtes pas sans avoir remarqué qu’autour de chez nous fleurissent les petits marchés bio. Et que ces producteurs agricoles d’un nouveau genre commencent même à se faire leur place dans les grands marchés traditionnels. C’est le cas avec ceux du côté de chez moi. Un trait commun entre eux : ils sont si jeunes !

    Permettez que je vous en présente deux particulièrement attachants. Du genre, comme disent mes filles, qui ne se la pète pas. Et que rien, dans leurs origines familiales, ne prédestinait vraiment à devenir les nouveaux paysans d’aujourd’hui.

    Jessica Moreau, 40 ans, travaille sur l’exploitation (7 hectares loués) fondée quinze années plus tôt par son compagnon Loïc. Jessica et Loïc ont trois enfants, tout comme leurs amis et associés, Séverine et David. Avant de « faire sa paysanne », Jessica a passé un Deug d’espagnol, exercé divers petits boulots sans conséquences, mais qui tous la ramenaient insensiblement à la terre.

    Julien Hamon, 32 ans, « en couple », deux enfants, n’est pas allé au-delà de la terminale. A un peu vadrouillé de par le monde avant que des rencontres fortuites ne le fixent à la terre. Grâce à l’entremise de la Confédération paysanne et l’aide à l’installation fournie par l’Etat (12 000 euros), il a ouvert sa petite entreprise (19 hectares loués) en 2007 avec son ami Julien Berlie.

    Jessica et Julien sont tous les deux titulaires de l’indispensable Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA). Jessica et ses compagnons se consacrent exclusivement à la culture maraîchère. Julien et Julien étendent cette activité à la récolte du blé et à la fabrication du pain. En commun aux deux entreprises, poulaillers pour les œufs et moutons pour l’entretien des terrains.

    Avec le soleil comme pointeuse

    Les deux entreprises ont également choisi de bénéficier du label bio décerné par l’Ecocert. Julien :

    « Décerné, décerné, c’est quand même 560 euros de cotisation par an ! Etre naturel, ça se paie cher ! »

    Jessica comme Julien écoulent l’essentiel de leur production sur les marchés locaux. 20% seulement du chiffre d’affaire se fait en paniers AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) pour Julien. Un petit Paysans biosystème d’abonnements encore moins formel chez Jessica. Pas d’intermédiaires. Direct du champ du producteur à la bouche du consommateur.

                                             Sous la fournaise/les mains (Le Yéti)  

      Paysan, ça n’est pas un métier de tout repos. Dans les 60 heures hebdomadaires en été. « Avec des pics de 70 heures en mai-juin », précise Julien. Un peu moins en hiver. « On est dépendant des horaires du soleil », dit Jessica. Avec tout ce que cela implique de travail sous la fournaise. Et en prime, pour filles comme pour garçons, ces fameuses « mains de paysans ».

    Le gain, lui, reste très modeste. « Un petit smic pour chacun d’entre nous », dit Jessica. Rien du tout les deux premières années, puis 200 euros, 400..., énumère Julien qui reconnaît cependant vivre en quasi autonomie alimentaire grâce au troc avec les collègues bouchers, poissonniers, fromagers... C’est sa ferme qui règle aussi les 300 euros de cotisations mensuelles à la MSA (Mutualité sociale agricole, la sécu du paysan). Les compagnes des deux Julien travaillent à l’extérieur pour améliorer l’ordinaire.

    Jessica :

    « Bien sûr, gagner un peu plus serait bienvenu, mais je me demande quand je trouverais le temps de les dépenser. » [Rires]

    Préoccupés par ce qu’ils produisent

    Ce qui frappe également le gourmand échappé aux circuits de distribution traditionnels, c’est la modicité des tarifs pratiqués par nos agriculteurs d’à côté. A peine plus élevés que dans les supermarchés, sinon moins pour certains aliments comme les salades ou les œufs (de 3,96 à 4,20 euros la douzaine garantie coque vraiment extra – j’ai donné !). Julien a son explication :

    « La hausse du prix du pétrole a conduit à une augmentation du coût des engrais utilisés dans la filière traditionnelle. Et n’a donc eu que très peu de conséquences chez les adeptes du bio qui n’en utilisent pas. »

    En réalité, il y a sans doute autre chose, de plus mystérieux et simple à la fois, et c’est ce qui est le plus touchant chez nos deux personnages d’à côté : ils sont bien plus prompts à parler de la qualité de ce qu’ils produisent que de ce que ça leur rapporte (ou pas). Nulle plainte, nulle récrimination de leur part.

    Les tracasseries de Bruxelles ? Ils les ignorent. N’ont pas entendu parler des dernières mesures limitatives sur les semences. Ne s’occupent que de leurs graines et de leurs plants à eux. Ne se soucient même pas d’obtenir les aides européennes auxquelles ils pourraient prétendre (« trop de tracasseries administratives pour des sommes dérisoires », Jessica). Se contentent de bâtir autour d’eux « une bulle de protection » pour leurs proches (Julien).

    Ceux-là aiment d’abord ce qu’ils font, voilà tout. Julien n’envisage aucune autre voie de sortie possible. Et Jessica vous regarde comme si vous descendiez de la lune quand vous lui posez la question :

    « Je n’ai en fait jamais pensé faire autre chose, ni faire autrement. Travailler la terre, même durement, j’aime juste ça. »


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  •  22/06/2013

    Conseils d’une prof de yoga à ceux qui ont un handicap, comme elle

    Elsa Fayner | Journaliste  Rue 89
     

    Nadège Lanvin dans son centre de yoga, le 20 juin 2013 (Elsa Fayner/Rue89)

    Nadège termine son cours de yoga. Elle en donne douze par semaine, dans le centre qu’elle a créé avec son associée. A 43 ans, l’ancienne responsable de gestion est soulagée d’avoir trouvé un local de plain-pied, accessible aux personnes handicapées, sur le canal de l’Ourcq, dans l’est de Paris.

    Ironie du sort, jusqu’à ses 14 ans, Nadège a porté des chaussures orthopédiques. Avant ses 5 ans, elle a été opérée à quatre reprises, pour un pied bot. Cette déformation du pied entraîne un déséquilibre du corps, qui cause de fortes douleurs dans le dos et, par ricochets, dans tous les membres.

    Attelles, kiné, médecins en tous genres, Nadège a finalement trouvé dans le yoga une manière de prendre soin d’elle en limitant tous ces traitements. Au point d’en faire son métier.

    « Au ski, je traînais la jambe »

    Enfant, Nadège faisait de la danse et des claquettes.

    « Mes parents étaient adorables, ils faisaient comme si de rien n’était et m’emmenaient faire des trucs improbables. J’ai fait du ski, par exemple ! Mais je traînais la jambe. »

    Arrivée à l’âge adulte, Nadège voit surtout qu’elle n’arrive plus à progresser :

    « Même en danse, tu stagnes, tu vois que c’est limité. »

    Alors que son médecin part à la retraite, Nadège se « retrouve toute seule dans la nature », un peu désemparée :

    « On ne m’avait pas parlé de mon avenir, on ne m’avait pas dit que j’aurais des problèmes de dos. Je ne savais pas quoi faire pour soulager mes douleurs. »

    Elle pense au tennis, mais les gestes s’avèrent trop violents. Depuis un moment, elle voit aussi sa mère revenir de ses cours de yoga « détendue », « se sentant mieux ». Elle feuillette les livres que celle-ci rapporte, y voit des « gens sur la tête » et commence à être intriguée.

    Alors, après le bac, Nadège s’inscrit dans un club sportif pour son premier cours, et tombe sur une fac qui propose une UV de yoga (sans doute parce qu’il y avait des cours de sanskrit, pense Nadège).

    « Je ne sais pas ce que vous faites, mais continuez »

    « Je ne sais pas ce que vous faites, mais continuez ». Nadège répète la phrase du podologue : « Au niveau médical, on m’a toujours dit que ça me faisait du bien pour le dos, l’équilibre, le placement du bassin ». Elle le sent, de toute façon. Sans le yoga, elle aurait des maux de dos « en permanence ».

    Certaines postures la soulagent particulièrement, comme celle sur la tête – « le poids ne repose plus sur les pieds et on travaille l’alignement du corps » – ou la pince avant : les jambes allongées sur le sol, le buste descend jusqu’où il peut, ce qui détend les lombaires.

    Tous les équilibres ne sont toujours pas possible pour Nadège, même ceux qui se font les jambes pliées, près du sol. Sans doute parce que son bassin ne se positionne pas de manière symétrique, dit-elle posément.

    Une chose est certaine, la pratique régulière lui permet de savoir où elle en est :

    « Mon père est mécanicien et j’ai toujours vu le yoga comme un contrôle technique bien utile : on ouvre tout, on regarde et on répare. »

    Le yoga l’aide notamment à savoir quand ça va mal :

    « J’ai trouvé un équilibre dans mon corps, mais il est assez instable. Je suis toujours à la limite de me faire mal. Concrètement, mon corps s’enroule autour de ma jambe droite, qui travaille davantage. Comme du papier à cigarette, m’a dit un jour un médecin. C’est bien de le sentir, et d’aller voir quelqu’un quand ça arrive, avant que ça n’empire. Pour me dérouler... »

    Et ça change tout :

    « Enfant, j’étais un peu bringuebalée de médecin en médecin. Je l’ai bien vécu, mais mon corps était passif, à la disposition des médecins qui me regardaient, m’observaient. Le yoga m’a permis d’acquérir de l’indépendance, de prendre mon corps en main. »

    Sans les miroirs de la salle de fitness

    Nadège y voit rapidement un autre intérêt : le yoga se pratique sans le regard des autres. Les élèves ferment les yeux dans la plupart des postures. Surtout, c’est un principe de la discipline : chacun se concentre sur ses propres sensations, tourné vers l’intérieur. Chacun a ses limites, et travaille avec, il n’y a pas d’objectif à atteindre. Pour une post-ado qui débute, c’est un atout :

    « J’étais allée visiter une salle de fitness à l’époque, il y avait des miroirs partout. Il faut être assez sûr de soi, à 18 ans, pour accepter de se voir comme ça. »

    A cet âge-là, pour Nadège, le handicap « était un truc énorme dans [sa] tête » :

    « Tu ne peux pas imaginer que personne ne le voit. Tu te dis que si ça ne va pas dans ta vie, c’est toujours à cause de ce pied bot. Alors que tous les ados vont mal en fait... »

    Peu à peu, Nadège voit qu’elle progresse, est plus souple, plus musclée. L’équilibre s’améliore, le corps se détend. Surtout, le handicap prend moins de place dans sa tête. Arrivée à 35 ans, alors qu’elle se met à pratiquer de manière plus intensive, elle parvient enfin à en parler :

    « Comme par hasard, c’est à ce moment-là que j’ai lancé les démarches pour être reconnue comme travailleur handicapé. Avant, je faisais comme si de rien n’était. Après, ça m’a permis d’expliquer que je ne pouvais pas faire certaines choses au bureau.

    Porter des cartons, par exemple, au moment où nous avons déménagé (et ça a duré des mois). Auparavant, quand je disais “je ne peux pas, j’ai mal au dos”, on me répondait “mais tout le monde a mal au dos !” C’était difficile de dire non. »

    Un mois dans un ashram pour devenir prof

    Nadège se met à pratiquer de manière plus intensive, quand elle se sépare de son mari. Pendant les vacances scolaires, quand ses deux fils sont chez leur père, elle suit des cours tous les soirs et, chez elle, « s’acharne sur la posture sur la tête » – « un défi personnel un peu crétin », sourit-elle –, jusqu’à parvenir à la tenir.

    Elle commence aussi à donner des cours bénévolement : à des collègues de bureau, le midi, et à des mères seules avec enfants, au Café Zoïde. A tel point que, pour ses 40 ans, sa sœur la pousse à se faire un cadeau : « Tu rêves d’être prof, vas-y, c’est le moment. » Mais, pour Nadège, « quand on a ce handicap, on n’imagine pas qu’on puisse faire de son corps son métier ».

    Elle finit par s’inscrire malgré tout à une formation d’un mois, dans un ashram. Rapidement, en rentrant, elle profite de possibilités offertes par son entreprise qui est en train de fermer pour créer la sienne. Elle ouvre son centre, Yoga & co, où exercent aujourd’hui une vingtaine de profs :

    « Tout le monde n’a pas un handicap physique, mais les gens démarrent souvent le yoga quand ils ont problème : des maux de dos, une séparation, du stress au travail. Et ils choisissent leur prof en fonction de ce qui leur parle. Ceux qui viennent à mes cours rigolent quand je leur dis que je ne tiens pas sur un pied, mais en réalité ça doit les rassurer. »

    D’ailleurs, parmi ses élèves, une jeune femme souffre du même handicap qu’elle :

    « Elle ne se sert que de la moitié de son corps, l’autre reste rigide. C’est comme si elle était à moitié vivante. »

    Une fillette a la mucoviscidose, une jeune fille un cancer, une femme des prémices de sclérose en plaques. Elles viennent surtout là pour faire tomber le stress, et mieux supporter leurs traitements.

    Nadège, elle, continue à prendre des cours, « sinon c’est crevant » de ne faire qu’en donner : il faut corriger les élèves, faire les postures tout en parlant, quitte parfois à moins prendre soin de soi.


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  •   Créé le 22-03-2013

    Odile Quirot   Par Odile Quirot    (Nouvel Observateur)

    Déportée, l'assistante de Louis Jouvet se récitait «le Malade imaginaire» derrière les barbelés. Un livre donne enfin à Charlotte Delbo la place, immense, qu'elle mérite.

    Charlotte Delbo en 1950 (Fonds Annie Delbo)

    Charlotte Delbo en 1950 (Fonds Annie Delbo)

    Elle aimait les fourrures, les belles voitures, le théâtre et la littérature. Elle avait au poignet parfois des bracelets et toujours un tatouage: matricule 31661. Elle claquait, souvent en parfums, la pension que l'Etat allemand lui versait chaque année pour «dédommagement». Elle avait été déportée à Auschwitz par le convoi du 24 janvier 1943, avec deux cent trente femmes. Elle fut des quarante-neuf qui en reviendront. Elle se nomme Charlotte Delbo.

    «Charlotte qui?», se sont souvent entendu dire l'historien Paul Gradvolh et la journaliste Violaine Gelly, qui publient sa biographie, la première en France. Ils cherchent à comprendre pourquoi cette «voix est tombée dans un oubli quasi complet alors que, bien après leur mort, continuent de résonner celles de Primo Levi, de Jorge Semprun, de Robert Antelme». Ils avancent un faisceau Molière à Auschwitzd'hypothèses, dont celle-ci: «Il s'agit d'une femme.»

        Auschwitz et après par Charlotte DELBO éd. Minuit (9,17 €) 3tomes

      Aucun de nous ne reviendra (tome 1)

    Ils savent que l'idée déplairait à Delbo, qui récusait que l'on parlât d'elle «en tant qu'auteur femme» avant de faire remarquer, avec son humour singulier, que «le système concentrationnaire garantissait une parfaite égalité entre hommes et femmes». Dans les années 1970, elle critiquera avec ironie une pièce tirée d'un livre de la militante féministe Annie Leclerc: «Il y a quelques années, on a dénoncé la femme-objet. Mais la  belle avancée, si c'est pour instaurer la femme-vagin.» Où l'on voit que Charlotte Delbo n'avait pas froid aux yeux.

    Elle avait été à bonne école, si l'on ose dire. Elle écrit:   

    Auschwitz est là, inaltérable, précis, mais enveloppé dans la peau de la mémoire, qui l'isole de mon moi actuel... Je vis dans un être double» («la Mémoire et les Jours»).

    Molière à AuschwitzRésistante, membre des Jeunesses communistes, elle est arrêtée le 2 mars 1942 avec son mari, Georges Dudach, un militant du PC devenu en 1937 rédacteur en chef de la revue «les Cahiers de la jeunesse» dirigée par Paul Nizan. Charlotte Delbo dira adieu à son mari deux mois plus tard. Il est fusillé au mont Valérien. Elle a 28 ans.

          9 €

    «Je n'aurai plus jamais peur de vous», déclare Charlotte Delbo à son retour des camps, quand elle retrouve son bien-aimé Louis Jouvet. En 1937, le patron du Théâtre de l'Athénée l'avait engagée, fasciné par la façon dont la jeune femme, venue l'interviewer pour «les Cahiers de la jeunesse», avait restitué sa pensée, son tempo. Elle prendra désormais en sténo les Molière à Auschwitzlégendaires cours du «Patron» et les retranscrira. Elle l'accompagnera dans ses tournées en Amérique latine. A l'automne 1941, contre l'avis de Jouvet, elle veut rentrer. Elle rentrera, pour tomber quelques mois plus tard dans la gueule du loup.                                                                           

    «Qui rapportera ces paroles?»                                                 14,20 €                                                                                                                                                                                                              Quand elle reviendra d'entre les morts, «la Jouvette» (surnom donné par ses compagnes des Hortensias, une maison de repos en Suisse) écrira d'une seule traite «Aucun de nous ne reviendra». Pendant dix-neuf ans, elle ne montre son livre à personne. Elle veut être sûre que sa langue est à la hauteur. Elle le publiera quand elle estimera qu'il n'y a plus une ligne à retoucher. «Je ne connais pas d'oeuvre comparable, sinon "Guernica" ou "Nuit et brouillard"», écrira en 1970 le critique François Bott.

    Chacun témoigne avec ses armes, dit Charlotte Delbo. Je considère le langage de la poésie comme le plus efficace car il ramène le lecteur au secret de lui-même - et le plus dangereux pour les ennemis qu'il combat.»

    Elle ne cessera pas d'écrire, récits (parus aux Editions de Minuit) et théâtre, elle qui dans les camps en appelait à Ondine, à Alceste et se répétait par coeur «le Malade imaginaire» pour tenir, avec ses Molière à Auschwitzcamarades. «Qui rapportera ces paroles?» est le titre de l'une de ses plus belles pièces. Elle se passe dans un camp. En 1974, Charlotte Delbo la produit avec ses propres deniers. Edith Scob y tient le rôle de Françoise, qui renonce à se suicider pour répondre à l'injonction:

    Il faut qu'il y en ait une qui revienne pour dire.»

    Dire l'innommable et la solidarité, la mémoire des disparus et la douleur des survivants, ainsi le fera-t-elle encore dans «Et toi, comment as-tu fait?». Elle célébrera aussi le courage de toutes les Antigone et des résistants d'Algérie, d'Argentine ou d'ailleurs.

    Molière à AuschwitzSecrétaire à l'ONU à Genève, puis assistante au CNRS d'Henri Lefebvre (un chercheur exclu du PC en 1957 pour avoir critiqué le stalinisme, ce que Delbo avait fait de longue date), elle voyage, donne des conférences. Elle meurt d'un cancer à Paris en 1985. En nous laissant ces quelques mots: «Je vous en supplie, faites quelque chose... Apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.»

    Odile Quirot

    Charlotte Delbo, par Violaine Gelly et Paul Gradvolh,
    Fayard, 324 p., 19 euros.
    Qui rapportera ces paroles? et autres écrits inédits, par Charlotte Delbo,
    Fayard, 576 p., 28 euros (parution le 3 avril).

     Charlotte DELBO  Née en 1913 à Vigneux-sur-Seine (Essonne), elle s'inscrit en 1932 aux Jeunesses communistes où elle rencontre Georges Dudach, qu'elle épouse en 1936 et avec qui elle entre dans la Résistance en 1941. Ils sont arrêtés tous les deux en 1942. Lui est fusillé au mont Valérien et elle est déportée à Auschwitz en 1943. Elle meurt à Paris en 1985.


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  •  30/03/2013 

    De Naples à Paris, la généreuse coutume du « café en attente »

    Sophie Caillat | Journaliste Rue 89
     
     

    Grâce à un post sur la page Facebook des Indignés, la tradition du café de la solidarité, partie de Naples, pourrait se développer dans la capitale française.

    A Paris, cette histoire ressemble à une légende urbaine. A Naples, elle a existé. Comme une tradition venue du temps où la solidarité irriguait les ruelles.

    Cette semaine, la page Facebook des Indignés de France a lancé un buzz avec cette histoire qui « vous réchauffera mieux qu’un café dans une froide journée d’hiver » :

    « – Cinq cafés, s’il vous plaît. Deux pour nous et trois “ en attente ”.

    Ils paient pour leur commande, prennent les deux cafés et partent. Je demande à mon ami :

    – C’est quoi ces cafés “en attente” ?

    – C’est simple : les gens paient à l’avance pour prendre un café destiné à quelqu’un qui ne peut pas se permettre une boisson chaude. La tradition des cafés “ en attente ” (suspended coffee) a commencé à Naples, mais s’est répandue partout dans le monde et dans certains endroits, vous pouvez commander non seulement un café, mais aussi un sandwich ou un repas complet. »

    Les « like » se multiplient sur la page des Indignés, sans que l’on sache si le phénomène se développe « in real life », comme on dit.

    Une tradition de Naples                   

     

    En retrouvant une dépêche AFP intitulée « La tradition italienne du café suspendu arrive en Bulgarie », on comprend mieux l’origine de ce que j’ai pris pour une rumeur (démontée depuis par le site spécialisé Hoaxbuster, dans la foulée de Snopes, son équivalent américain). A Sofia, 150 cafés ont annoncé y participer.

    Et à Paris ? Rien n’indique que le phénomène soit en train de devenir une des facettes de l’économie de la débrouille à l’ère de la crise. Rien n’empêche chacun de le pratiquer... en accord avec le cafetier.

    « Accidental tourist »

    Initialement, l’anecdote avait été racontée par un touriste anglo-saxon sur un blog. Charmé par cette tradition dans une ville trop connue pour ses montagnes de poubelle ou sa mafia, il avait été impressionné par le geste d’un homme de 80 ans, portant un élégant chapeau Borsalino et une canne.

    Naples est le berceau de cette pratique, indique la dépêche. Dans cette ville pauvre du sud de l’Italie, la tradition a bien existé, mais elle est « éteinte », nous indique Annamaria, riveraine italienne.

    Au point que le maire de la ville a décide d’instaurer Giornata del Caffè Sospeso (Journée du café suspendu) en décembre 2011, raconte la fiche Wikipedia nouvellement créée.

    Quand quelqu’un a plus d’argent que nécessaire...

    Pourquoi Naples ? Parce que « le café est une tradition très importante à Naples, bien plus que dans le reste de l’Italie », poursuit la riveraine italienne.

    « Le café, ça veut dire se retrouver avec des amis au bar et parler de n’importe quoi. On le prend à toute heure, même à la fin de la soirée, aussi bien à 18 heures qu’à 4 heures du mat’. »

    Animatrice d’un réseau d’artistes, l’écrivain Nathalie de Saint Phalle habite le vieux centre historique de Naples, là où grouillent ses cafés typiques :

    « J’ai constaté cette pratique en arrivant à Naples en 1993. C’est une ville très inégalitaire, féodal et clanique, il y a peu de classe moyenne. Dans les mêmes maisons, peuvent encore cohabiter les deux extrêmes de la société.

    Prenez le propriétaire d’un palais, il loue des pièces à des familles pauvres. Lorsqu’il faisait installer l’électricité, dans les années 1920, il ne demandait qu’une facture, à son compte. Le café en attente, c’est pareil : quand quelqu’un a plus d’argent que nécessaire pour survivre, il redistribue. »


    Une rue du vieux centre de Naples (Sophie Caillat/Rue89)

    Le vrai café napolitain, au comptoir

    Avec l’arrivée de l’euro et de l’afflux de touristes, cette coutume ancestrale s’est peu à peu perdue. Comme le linge que les Napolitaines ne laissent plus pendre aux fenêtres du rez-de-chaussée, la disparition du « sospeso » est le signe d’une entrée de la ville dans la mondialisation.

    Nathalie de Saint Phalle raconte ce qu’est le vrai café napolitain, avalé sitôt posé sur le comptoir, lui aussi en voie de raréfaction :

    « Un café est un endroit tout petit, où l’on ne vient pas pour s’asseoir mais pour boire un ristretto. D’ailleurs, les restaurants ne servaient ni café ni dessert il y a dix ans, car chacun son métier, et ç’aurait été voler le boulot des autres.

    Ça n’a pas du tout plu aux touristes, donc les restaurants ont passé des accords avec les bistros et pâtisseries d’à côté, et le serveur ramenait le café et le dessert. Chacun y trouve son compte.

    Et puis, pour les touristes, se sont créés des cafés à l’européenne, avec des tables, où les gens restent plus longtemps, ce qui est économiquement moins rentable. »

    Du « like » à la vraie vie

    Et à Paris, le café en attente va-t-il devenir une mode ? Les cafetiers engagés peuvent toujours mettre un pic sur le comptoir, un tableau en liège avec des aiguilles. Il faudra alors lui faire confiance pour qu’il ne garde pas l’argent pour la caisse, mais le remette en circuit.

    En Italie, le ticket de caisse est mis sur un pic [les mêmes qu’on voit encore chez le boucher, ndlr], et le pauvre rentre en lançant : « Qu’y a-t-il en attente ? ». Le cafetier lui dit si c’est un panino, une eau minérale ou un café. Celui qui avait la noblesse de faire ce geste payait double ce qu’il consommait, il ne laissait pas un café en attente alors qu’il s’était gavé de pâtisseries. Un pour un, en quelque sorte.

    Le pauvre n’est alors pas un moins que soi à qui on condescend un geste de charité, mais un alter ego moins bien doté. Un peu comme cette tradition chrétienne de la « place du pauvre » à table, que certains voudraient réhabiliter.

    Cette générosité là peut-elle passer par des « like » sur Facebook ? Peut-être, mais à condition de ne pas s’en contenter. Nathalie voit mal comment la tradition pourrait prendre à Paris, où « la charité est peut-être aussi en voie disparition ».


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  •   Interview par Terre Vivante

    Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à l'écologie en général et aux thématiques que vous traitez en particulier 

    Je cultive depuis l'enfance une passion conjuguée pour l'environnement, les sciences sociales, l'informatique, la construction.... Enfant, je lisais l'encyclopédie Cousteau, la collection « Anarchitecture » tout en participant à des travaux agricoles ainsi qu'aux nombreuses constructions / réhabilitations familiales.
    Géographe de formation, j'ai longtemps travaillé dans l'observation de la terre depuis l'Espace et me suis ensuite orienté vers la construction écologique. J'y ai trouvé à la fois un moyen « d'être utile » et un lieu d'expression fécond pour les relations entre environnement et humanité. En effet, la construction écologique est à la fois ancienne, novatrice et fortement ancrée dans la réalité. Elle n'insulte pas l'avenir ce qui est très rare pour une activité humaine contemporaine. L'écologie se décline de nombreuses manières, la construction en paille en prouve l'applicabilité pour tous dans les conditions économiques et sociales de notre temps.

    Pour chacun des livres écrits à Terre vivante, quelle a été votre motivation pour le sujet ? Quelles ont été les expériences qui vous ont permis de nourrir les thèmes abordés ?

    Les bâtiments et leurs usages ont un impact considérable sur l'environnement ainsi que sur nos conditions de vie. La construction écologique permet de conjuguer bien être individuel et collectif avec respect de la planète et des générations suivantes. La construction en paille est adaptée à l'édification ou la réhabilitation d'un grand nombre de bâtiments. J'ai voulu avec ce livre, expliciter et formaliser les différentes techniques de conception et de construction disponibles tout en illustrant la variété et la richesse d'expériences concrètes.
    Ainsi, les maitres d'ouvrages publics (collectivités locales, Etat) ou privés (particuliers, bailleurs sociaux, agriculteurs, industriels...) pourront voir comment leurs homologues ont commandé, construit ou réhabilité avec de la paille. Les concepteurs (architectes, maitres d'œuvres, bureaux d'étude) pourront y puiser des sources d'inspiration et des informations techniques. Par ailleurs, les problématiques réglementaires et normatives, les contextes environnementaux et agronomiques et les dimensions économiques de la construction en paille sont abordées. Je me suis donc efforcé de rédiger un livre qui prenne du recul tout en restant pratique, les lecteurs jugeront !

    Etre édité par Terre vivante, cela a peut-être pour vous un sens particulier ?

    Terre vivante fait partie des éditeurs engagés au côté des acteurs du « développement durable ». Certaines de ses publications sont devenues des ouvrages de référence et toutes sont à la fois riches et originales. J'ai donc eu beaucoup de plaisir et de fierté à avoir la chance d'être édité dans la collection « Techniques de pro » dont j'apprécie particulièrement la qualité. 

    Que ce soit dans les gestes quotidiens de votre vie professionnelle ou de votre vie personnelle, pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce que vous faites en matière d'écologie qui pourrait intéresser nos lecteurs ?

    J'ai réhabilité ma maison ancienne de terre crue avec de nombreux matériaux écologiques (copeaux de bois, cannes de tournesol, paille terre ...) et construit une grande salle de répétitions et de stages pour ma compagne (Pascale Bravo) qui est chorégraphe et danseuse. Le confort thermique, acoustique et olfactif ressenti dans cet espace est remarquable et unanimement apprécié.
    Je me déplace beaucoup en train et à vélo (y compris pour de longues distances) et apprécie particulièrement les WE et les vacances en famille à bicyclette. Je milite au sein d'associations (ARESO, RFCP) et m'efforce d'économiser l'énergie et les ressources quotidiennement.

    Avez-vous des projets en cours à présenter à nos lecteurs ? Si oui, lesquels ?

    Je participe actuellement à la maitrise d'œuvre de plusieurs bâtiments en paille (bureaux à énergie positive, pôle scolaire, logement sociaux...) et vient de créer une nouvelle société « Digital-Builders » qui propose des logiciels pour mieux concevoir et construire les bâtiments. Avec le RFCP je participe aux nombreux travaux de l'association pour promouvoir la construction écologique.


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  •    Jacqueline Moudeina du Tchad remporte le Prix Nobel Alternatif

    Octobre 2, 2011

    Jacqueline Moudeina est récompensée pour ses efforts afin que justice pour les victimes d'Hissène Habré soit faite (DR)

    Le genre de nouvelle qui fait vraiment du bien : vendredi 30 septembre, à Stockholm, capitale suédoise, a été décerné le prix Nobel alternatif (Livelihood Award) 2011 à l’avocate des victimes de l’ancien chef d’État tchadien Hissène Habré, Jacqueline Moudeina, 54 ans. Cette récompense vient ainsi rendre hommage au combat qu’elle mène afin qu’ Hissène Habré, qui réside au Sénégal, et ses complices soient jugés. Jacqueline Moudeina est une grande figure de la société civile tchadienne. Elle est notamment la présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH) à Ndjamena.

    Attribué chaque année depuis 1980 par une Fondation suédoise, le Prix «Right Livelihood Award» 2011, ou Prix Nobel Alternatif, a été décerné conjointement à trois autres lauréats qui se partageront 150.000 euros: En plus de Jacqueline Moudeina, sont récompensés l’entrepreneur chinois Huang Ming qui travaille pour le développement de l’énergie solaire, l’organisation internationale Grain qui soutient la lutte des paysans et une sage-femme américaine, Ina May Gaskin.


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