• Marche des femmes "contre l'économie verte"

    Des milliers de femmes de trente mouvements sociaux et paysans ont défilé le 18 juin

    matin dans le coeur financier de Rio contre "l'économie verte" prônée au sommet de l'ONU sur le développement durable Rio+20 qui réunira une centaine de chefs d'Etat et de gouvernement de mercredi à vendredi.

    Derrière une grande banderole de Via Campesina, le mouvement international paysan, où l'on pouvait lire "Les peuples sont contre la marchandisation de la nature", le cortège a parcouru plusieurs kilomètres en direction de l'Aterro do Flamengo où se déroule le Sommet des peuples organisé par la société civile en marge de Rio+20.

    Plusieurs centaines d'hommes, Solidaires, ont fermé La marche qui a fini avec une vingtaine d'étudiantes enlevant leur tee-shirt et montrant leurs seins.

    Du haut d'un camion équipé de haut-parleurs, une militante hurlait : "Cette marche est une marche de femmes de la ville et de la campagne contre cette farce qu'est Rio+20!. Non au capitalisme vert! Oui à l'économie solidaire, oui à la souveraineté populaire!".

    Pour les militants du sommet des peuples "l'économie verte" est un terme "trompeur" pour désigner une autre étape d'accumulation capitaliste, après la faillite du modèle actuel.

    "On est dans la rue pour donner de la visibilité à notre lutte mondiale pour la fin de la violence contre les femmes, la paix et la démilitarisation, l'accès aux biens communs et l'autonomie économique des femmes. Au Brésil s'ajoute la lutte pour la dépénalisation de l'avortement", a expliqué en français, Célia Alldridge, 36 ans, du secrétariat de La marche des femmes qui se définit comme "anglaise à moitié suisse".

    Dans le cortège, des femmes de tous les horizons, paysannes, indiennes, étudiantes, portaient des pancartes où l'on pouvait lire les revendications les plus diverses comme: "La femme n'a pas été faite pour se prendre des claques sur la figure ou sur les fesses!".

    Luiza Canuto, une Indienne Tabajara du nord-est du Brésil, a déclaré souffrir encore plus de discrimination du fait d'être indigène: "Les Indiennes sont discriminées et souffrent du manque de respect depuis l'arrivée des colonisateurs" portugais en 1500. "Elles souffrent d'être femmes, indigènes et pauvres".

    Dans l'après-midi des centaines d'écologistes ont manifesté au centre-ville également, devant le siège de la Banque nationale de développement (BNDES) et celui de Petrobras, le géant pétrolier, contre la "marche arrière" faite par le gouvernement de Dilma Rousseff en matière de protection de l'environnement.

    Ils dénonçaient la loi adoptée en mai au Parlement assouplissant la protection des forêts réclamée par le puissant secteur de l'agroalimentaire et auquel la présidente Rousseff a mis un veto partiel jugé "insuffisant" par les manifestants.

    Avec ce nouveau code forestier on revient "à un niveau législatif de protection des forêts des années 30", selon Greenpeace.

    Les écologistes avaient été précédés par des centaines d'Indiens d'Amazonie portant des jupes en paille et coiffés de plumes qui ont protesté devant la BNDES contre les grands travaux qu'elle finance comme le barrage géant de Belo Monte sur le Xingu, un affluent de l'Amazone.

     

     


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