• Des idées ? Des projets ? Changeons le monde ensemble !

    Ces créateurs avaient un concept sous le bras : vidéos, fiches pratiques… Nous avons participé à leur concrétisation et à leur diffusion. Contactez-nous, vous aussi, et mettons nos neurones en commun !

      Article publié dans le n° 34 mars 2012   Terra-éco
     

    Quel est le point commun entre le dessin animé « Les apprentis Z’écolos », les projets « Ecofrugal » et « Les Ekovores », et les vidéos signées « Shamengo » ? Réponse : vous les croisez, ou les avez croisés, dans les colonnes de Terra eco et sur Terraeco.net. Particularité : si nous avons contribué à les faire connaître, nous ne sommes pas leurs (seuls) géniteurs.

    Ordi, papier ou préservatif

    Prenez les Z’écolos. Ils sont les descendants d’une rubrique du mag, « L’objet du mois ». Ils sont aussi et surtout le fruit, bio, d’une collaboration entre Terra eco, Télénantes et le studio Six monstres. Cette triple paternité a donné naissance à des personnages déjantés, et mondialement connus. Lesquels vous ont fait découvrir l’impact social et environnemental de produits de la vie quotidienne : l’ordinateur, le papier, la banane, le préservatif, etc. avant d’être diffusés sur Arte !

    Autre histoire, celle du projet Ecofrugal. Pendant des mois, au prix de nuits blanches et de week-ends laborieux, Philippe Green a passé des situations de la vie quotidienne au crible d’un double principe : le respect de la planète et la préservation du porte-monnaie. De ce travail sont nées une centaine de « fiches-conseil », sur des thèmes aussi variés que l’organisation d’une fête, l’achat d’un vélo ou la réservation des vacances. Un jour, Philippe Green a frappé à la porte de Terra eco, ses fiches sous le bras. Nous avons lu. Nous avons aimé. Et Ecofrugal est devenu un rendez-vous hebdomadaire sur Terraeco.net.

    L’été dernier, ce sont les Faltazi, deux designers passionnés d’écoconception, qui sont venus nous trouver. Dans leur besace, il y avait une série d’installations écologiques et futuristes – des marchés flottants, des fermes urbaines modulables – et, pour faire tourner tout cela, une communauté d’habitants : Les Ekovores. Cela, sous la forme de clips pédagogiques et amusants. Nous avons regardé. Nous avons aimé. Les Faltazi ont apporté deux ou trois retouches à leur série. Nous l’avons diffusée. Un dernier pour la route : les vidéos de Shamengo. Pépinières de corail, cantines végétariennes ou vendanges à cheval, chaque jeudi, nous vous faisons découvrir des « pionniers » engagés dans des projets pour la planète, les autres, l’éthique, etc.

    Approchez, approchez !

    Ces histoires, et quelques autres que vous verrez éclore dans les mois à venir, nous ont convaincus que nos lecteurs ont des idées et du talent pour rendre le développement durable « sexy ». Alors, faisons simple : si vous avez un projet de création de contenu, ou une première réalisation, contactez-nous. Si votre travail nous plaît, nous aiderons à le faire connaître. Et plus si affinités. —

    Envoyez-nous vos projets à : agir@terraeco.net


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  • Une foncière éthique, entrepreneure responsable 2012

     
     

    Cécile Galoselva a reçu, le 16 février, le prix 2012 de l'Entrepreneure responsable attribué pour la seconde fois par le réseau de femmes d'entreprises EPWN. Elle a créé Etic Foncièrement Responsable, dont la mission est de monter et gérer des centres d'affaires à destination des ONG, des associations et des entrepreneurs sociaux.

    « J’ai créé une entreprise à vocation sociale par nature mais l’ensemble de l’activité doit répondre à des critères de performance sociale, environnementale et financière.» Cécile Galoselva est une jeune femme de conviction qui, depuis la création de son entreprise le 1er septembre 2010, s’emploie à faire d’Etic Foncièrement Responsable, une société exemplaire. Le concept initial a été développé en Angleterre par Ethical Property où la jeune entrepeneure s’est formée. Elle a ensuite voulu l’adapter à la France. L’équation est la suivante : les prix exorbitants  de l’immobilier entrainent mécaniquement des difficultés pour des petites structures dont la finalité est d’œuvrer au progrès social et environnemental. L’idée est donc de leur proposer des bureaux adaptés dont les loyers sont modestes et les performances environnementales optimales. Ce cercle vertueux en faveur du développement durable est financé par des investisseurs solidaires à la recherche de placement offrant une sécurité financière (c’est le cas de l’immobilier) et un bénéfice environnemental et social mesurable. « Toutes nos actions doivent être cohérentes avec le développement durable. C’est ce qui caractérise ce concept encore mal connu d’entrepreneure sociale » explique Cecile Galoselva. « Nous sommes basés à Vaulx en Velin qui est un quartier que la politique de la ville a transformé. Pour les recrutements (l’équipe compte quatre personnes), nous avons ciblé des réseaux comme l’école de la seconde chance. Pour la dimension environnementale, nous choisissons des équipements adaptés et mesurons pour limiter nos consommations d’eau et d’énergie

    Coopératives en copropriété

    A son actif, déjà deux projets réalisés : Woopa, immeuble à énergie positive qui rassemble 9 coopératives en copropriété. Etic Foncièrement responsable assure la gestion de ses bureaux adaptés à la mission solidaire de ses occupants. L’entreprise vient aussi d’acquérir un bâtiment  à Montreuil avec l’aide de la mairie pour ouvrir « Mundo Montreuil » début 2014. Il devrait accueillir plus de 20 associations à vocation environnementale. Elle cherche aussi des locaux pour ouvrir à Lyon une galerie commerciale dédiée au commerce équitable. Une vingtaine d’artisans sont déjà regroupés mais les 900 m2 nécessaires n’ont pas été encore repérés. A Marseille, un projet de halle dédiée aux commerces bio est aussi à l’étude. « L’idée est de fédérer des acteurs dont les missions et les fonctionnements sont proches. Cela permet de vraiment mutualiser divers services et donc diminuer les frais de fonctionnement de toutes ces organisations », ajoute Cecile Galoselva.
    Elle est plutôt fière d’avoir été élue entrepreneure responsable par la branche française d’un réseau de femmes entrepreneures. « C’est très important quand on créé une entreprise d’avoir des réseaux. Je vais pouvoir y puiser de nouvelles ressources, y compris pour trouver des administratrices ! » Ce n’est pas la première récompense de cette jeune femme d’entreprise, qui a déjà reçu le prix talent des Cités, ni son premier portrait médiatique. Mais si cette visibilité ne se traduit pas forcément économiquement, elle permet malgré tout de mieux faire connaître l’entrepreneuriat social, et donc de faciliter sa diffusion auprès d’acteurs économiques et financiers qui peinent à comprendre le modèle. En cela c’est toujours très utile.

      A.C. Husson-Traore
    © 2012 Novethic - Tous droits réservés   16/02/2012


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  • Après presque 20 ans passés à Toulouse, c'est dans le Plantaurel, où j'ai passé mon enfance, que j'ai choisi de m'installer avec ma compagne. Entre plaine et Pyrénées. Besoin d'espace et de travaux physiques. Retrouver les odeurs d'humus, de fenaison, de bois fraîchement coupé, l'explosion végétale printanière... L'opportunité de racheter une vieille ferme a été décisive. L'occasion idéale pour profiter de la vie rurale tout en mettant en pratique les techniques écoconstructives découvertes depuis quelques années via mon travail de journaliste au sein du magazine La Maison écologique.

     Editions Terre Vivante - Auteur - Sylvain Moréteau

    Pour chacun des livres écrits à Terre vivante, quelle a été votre motivation pour le sujet ? Quelles ont été les expériences qui vous ont permis de nourrir les thèmes abordés ?

    Après trois ans de travaux de rénovation écologique entrepris sur notre maison, et bon nombre d'articles écrits sur le thème de l'écoconstruction, je disposais d'une expérience combinant théorie et pratique. Ayant déjà écrit 2 livres sur le sujet, j'étais prêt pour proposer aux éditions Terre vivante de rédiger un ouvrage sur la rénovation écologique... de ma maison. Après discussion, c'est finalement un « tour de France » de la rénovation qui fut envisagé. et qui a donné lieu à la parution de 21 rénovations écologiques en France en 2010.

    D'autre part, j'ai eu un coup de foudre pour la terre crue un matériau que j'ai pris énormément de plaisir à mettre en œuvre, notamment en enduit. Constatant qu'il y avait peu d'ouvrages consacrés au sujet (à la différence de la chaux), j'ai proposé à Terre vivante d'éditer un livre dédié exclusivement aux enduits de terre. Paru en janvier 2012, l'ouvrage  Enduits de terre crue est le fruit d'un travail d'enquête auprès des artisans spécialisés sur la terre crue. Ces professionnels du bâtiment comptent assurément parmi les plus fervents représentants d'une écoconstruction simple et exigeante.

    Etre édité par Terre vivante, cela a peut-être pour vous un sens particulier.
    Si oui, pouvez-vous nous en parler ?

    Terre vivante
    est engagée de longue date en faveur d'un mode de vie plus respectueux de l'environnement. La lecture régulière des "4 Saisons du jardin bio" et des ouvrages dédiés à la construction écologique m'avait convaincu de la qualité et du sérieux de sa démarche. Aussi c'était un challenge d'écrire pour un éditeur que je considère comme la référence française en matière d'écologie.

    Pour votre 1er ouvrage à Terre vivante, vous avez réalisé un tour de France de rénovations écologiques : avez-vous eu un coup de cœur pour une technique et un matériau particuliers ?

    Les cas étaient si différents (type de maison, budget, maître d'œuvre, localisation...) qu'il serait difficile de retenir une technique plutôt qu'une autre. L'idéal est cependant d'utiliser des matériaux locaux, performants et à faible énergie grise, c'est pourquoi la terre crue, le bois et les végétaux (paille, chanvre) font figure de références. 

    Les enduits de terre crue : une technique réellement à la portée de tous ?

    Oui et non. Oui dans le sens où poser un enduit de terre prêt à l'emploi ne requière que le coup de main (et quelques outils de base) pour appliquer la matière sur le mur. Et même si on désire fabriquer soi-même l'enduit avec la terre de son jardin, quelques échantillons-tests réalisés au préalable permettront de définir les bons dosages et de s'assurer de la réussite de son enduit.
    Par contre, réaliser un enduit « haut de gamme », parfaitement plan et lisse, connaître les subtilités pour le stuquer, le cirer, etc., tout cela nécessite un véritable savoir-faire que mon livre entend faire découvrir et transmettre. Les possibilités sont vastes avec la terre crue et les enduits granuleux, bosselés et marrons que l'on voit souvent ne sont qu'un type d'enduit parmi d'autres. 

    Que ce soit dans les gestes quotidiens de votre vie professionnelle ou de votre vie personnelle, pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce que vous faites en matière d'écologie qui pourrait intéresser nos lecteurs ?

    Ma vie professionnelle est toute entière tournée vers l'"écologique" puisque je suis journaliste spécialisé en écoconstruction. Au quotidien, je veille à réduire ma production de déchets non recyclables, fais du stop à l'occasion pour ne pas prendre la voiture, mets la main au porte-monnaie pour favoriser les productions locales et artisanales. Nous tendons vers une certaine forme de décroissance qui consiste à ne pas acheter tous les gadgets censés nous simplifier la vie et nous garantir le risque zéro, à se contenter de petites voitures guère confortables... C'est un début.

    Avez-vous des projets en cours à présenter à nos lecteurs ? Si oui, lesquels ?

    Consacrer du temps à ma petite fille et peut-être m'orienter vers l'illustration et la rédaction de contes pour enfants.


    Découvrez le site de photographie de Sylvain Moréteau dédié à la construction écologique
    et au surréalisme naïf  : www.soupacade.com


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    Ils changent le monde - Près du Parc national des Virunga, en République démocratique du Congo, les villageois fabriquent un combustible à base de déchets de papier et de sciure. De quoi ringardiser le charbon !

    Dans un petit village niché au pied des volcans qui forment le Parc national des Virunga, un groupe de femmes s’active autour d’une presse en bois. L’une malaxe une pâte qu’elle introduit dans un tube de plastique, l’autre actionne le balancier, la troisième extrait les briquettes rondes, ainsi formées une à une, et les met à sécher sur une grande table de bambou. Le geste est sûr, le système rodé. Cela fait environ deux ans que plusieurs centaines de villageois du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, se sont lancés dans la production de briquettes de biomasse.

    Sanctuaire des gorilles

    Fabriqué à partir d’un mélange de déchets de papier, d’eau et de sciure de bois, ce combustible offre une alternative écologique au charbon. « Cela cuit très bien les aliments », assure Immaculée, jeune mère de trois enfants. « Mais je suis surtout contente de ne plus devoir aller chercher du bois dans la forêt car il arrivait que nous soyons agressées, et même violées. »Dans cette région pauvre et très peuplée (400 habitants au km2), le charbon – ou « makala » en swahili – est la principale source d’énergie pour la population. Tous les jours, des dizaines de camions surchargés de sacs de braises affluent en direction de Goma, la plus grande agglomération de la province.

    Au cours des dix dernières années, sa population a triplé pour atteindre près d’un million d’habitants. L’immense majorité n’a pas accès à l’électricité et il n’y a pas suffisamment de bois à brûler disponible pour répondre à leurs besoins. Les fabricants de charbon se tournent donc vers les forêts protégées, à l’intérieur des Virunga, le plus vieux parc national d’Afrique et l’un des derniers sanctuaires des gorilles de montagne. Selon les autorités du parc, divers groupes armés encore en activité dans cette région instable sont impliqués dans ce trafic lucratif, qui représenterait environ 27 millions d’euros par an.

    « Nouveau charbon »

    La déforestation est, avec le braconnage, une des plus grandes menaces pour la biodiversité et la survie des gorilles. « Si nous n’avions pas réagi, le parc était condamné à disparaître », affirme Gilbert Dilis, l’officier de sécurité. « Depuis 2009, nous avons réussi à réduire la carbonisation en mettant en place des patrouilles fréquentes et en formant près de 300 rangers. » Un métier dangereux : onze d’entre eux ont perdu la vie en 2011. « Nous essayons de faire comprendre aux populations que le parc et la pratique du tourisme en son sein peuvent représenter une source de revenus », explique Cai Tjeenk Willink, chargé du développement. Mais pour une réponse plus immédiate, les autorités tentent aussi d’offrir des sources d’énergie alternatives. Le projet « makala ya sasa » (« nouveau charbon ») est le fruit d’une collaboration entre le Parc et l’Institut congolais pour la conservation de la nature. Environ 500 machines permettant de confectionner les briquettes de biomasse ont été installées dans divers villages, et une formation à cette nouvelle technique a été donnée aux habitants. « Nous privilégions la formation des femmes, qui sont souvent les plus impliquées dans le transport du charbon », commente Balemba Balagizi, chargé du programme à l’Institut. Pour stocker les briquettes, rien de plus simple : les sacs utilisés lors des distributions alimentaires dans les écoles ou les camps de réfugiés sont recyclés en emballage. Le programme est 100 % écolo !

    Manque de débouchés

    Un sac d’environ 50 kg coûte 12 dollars (9 euros) alors que le prix dela même quantité de charbon oscille entre 25 et 30 dollars (entre 19 et 23 euros). Un gain non négligeable alors que 80 % de la population congolaise vit avec moins d’un dollar (0,78 euro) par jour. Et pourtant, les fabricants de briquettes de biomasse se plaignent du manque de débouchés pour leur production. Dans l’entrepôt d’un village prenant part au projet, à une trentaine de kilomètres au nord de Goma, les sacs de « makala ya sasa » s’entassent.

    « Les femmes continuent d’en fabriquer tous les jours, mais plus personne n’est venu les chercher depuis six mois », déplore le chef du village, David Abanone. « Si l’on n’utilise pas un four spécial, les briquettes produisent de la fumée. Les familles ne peuvent donc pas les utiliser à l’intérieur de la maison, ce qui pose un problème », reconnaît Balemba Balagizi. Des foyers ont été distribués dans des écoles, des camps de déplacés ou encore à la prison de Goma. Mais pour que l’initiative touche tous les ménages congolais, il faudra encore du temps. 

      La rédactrice  Née en Belgique et diplômée de l’Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine, Patricia Huon a toujours eu la bougeotte et aime découvrir de nouvelles contrées. Depuis fin 2009, elle est installée en Afrique du Sud et parcourt le continent africain pour plusieurs titres de la presse francophone, dont La Libre Belgique, La Tribune de Genève, Marianne, L’Actualité, etc. Ses reportages portent principalement sur des sujets politiques et de société.


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  • Une militante syrienne reçoit un prix des droits humains

    jeudi 26 janvier 2012, par laura lhoir ( pour Amnesty International )

    Amnesty International a salué avec enthousiasme l’attribution d’un prestigieux prix des droits humains à une militante syrienne forcée d’entrer dans la clandestinité après oser s’opposer à la répression faite par les autorités.

    Razan Zaitouneh, 34 ans, s’est vu décerner le prix Anna Politkovskaïa 2011, récompense attribuée à des femmes défenseures des droits humains qui se battent pour les victimes dans les zones de conflit.

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    Razan Zaitouneh©AI, 2011

    « Le courage de Razan Zaitouneh est son engagement envers les droits humains ont été mis en évidence par la crise actuelle en Syrie » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Nous espérons que cette récompense aura pour effet de braquer les projecteurs sur les terribles atteintes commises en Syrie, et en fera prendre conscience tout particulièrement à la Russie et à la Chine – deux pays qui ont trahi la Syrie cette semaine en opposant leur veto à une résolution des Nations unies sur la crise. »

    Razan Zaitouneh, avocate et journaliste, a obtenu cette récompense pour sa contribution extraordinaire à la défense des droits humains ces dix dernières années, et plus particulièrement pour son rôle dans le mouvement antigouvernemental en Syrie depuis le début des manifestations en mars 2011.

    « En dépit d’une répression incessante, Razan Zaitouneh brave la stricte interdiction faite aux médias de couvrir les événements, imposée par les autorités syriennes pour tenter d’empêcher que toute l’horreur de la situation à l’intérieur du pays soit révélée au reste du monde » a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

    Ces activités ont eu un coût personnel élevé. Razan Zaitouneh et son mari, Wael Hammada, ont été forcés d’entrer dans la clandestinité en avril.

    Wael Hammada a été arrêté par des membres des services de renseignement de l’armée de l’air le 30 avril et maintenu en détention au secret jusqu’au 12 juillet avant d’être transféré à la prison d’Adhra, la prison centrale de Damas.

    Amnesty International a reçu des informations indiquant qu’il a été maintenu à l’isolement, torturé et maltraité durant sa détention. Il a été libéré sous caution le 1er août et attend actuellement d’être jugé pour tout un ensemble de fausses accusations.

    Razan Zaitouneh continue de se cacher. Après avoir obtenu cette récompense, elle a déclaré à Amnesty International : « Vivre sans savoir ce qui pourrait arriver l’instant d’après n’est pas facile. Mais nous savons tous que le prix que je paye est modeste par rapport à d’autres. Certains ont payé de leur vie, d’autres ont subi la prison, la torture et les mauvais traitements. »

    « Le plus beau, dans la révolution syrienne, c’est l’entrain du peuple syrien, qui transforme les manifestations en festivals de chants, de danses et de clameurs à la liberté, malgré les balles, les arrestations et les chars d’assaut. Cette détermination et cet espoir ne peuvent que nous motiver pour poursuivre notre lutte pour la liberté, » a-t-elle déclaré.

    Razan Zaitouneh travaille dans le domaine des droits humains depuis 2001. Avant qu’éclatent les manifestations populaires, elle rassemblait des informations sur les violations des droits humains et fournissait un soutien juridique aux familles de prisonniers politiques. Il lui est interdit de quitter la Syrie depuis 2003.

    Depuis la mi-mars, les autorités syriennes ont cherché à étouffer les manifestations en faveur de réformes par une force excessive en prétextant que le gouvernement est la cible de bandes armées.

    Plus de 2 300 personnes seraient mortes dans le cadre des manifestations et un grand nombre d’entre elles auraient été abattues par les forces de sécurité. Des milliers d’autres ont été arrêtées, détenues au secret et certaines auraient été torturées.

    La récompense décernée à Razan Zaitouneh a été créée en mémoire de la journaliste russe Anna Politkovskaïa, abattue en 2006 après s’être fait connaître pour ses reportages sur le conflit en Tchétchénie. Personne n’a été traduit en justice à la suite de cet homicide. Cette récompense est une initiative de l’organisation RAW in WAR (Reach All Women in War) : www.rawinwar.org (en anglais).


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  • Epique potimarron

     
    (Crédit photo : fotolia)
     

    « Le jour où je l’ai rencontré, j’ai été subjugué », lance l’agronome Philippe Desbrosses. Le coup de foudre vise une cucurbitacée potelée. A l’époque où ce pionnier goûte au potiron doux du Japon, vous, pauvres consommateurs, n’avez pas idée qu’un jour, vous vous l’arracherez. Il a fallu que le pape de la macrobiotique, Georges Ohsawa, s’installe dans les Flandres, en 1957, pour que le cousin japonais de la citrouille s’européanise. En 1973, Philippe Desbrosses suit un stage d’agriculture biodynamique dans le Cher, où la petite courge est cultivée. Elle est alors bleutée, verte ou tachetée, avec cet incomparable goût de châtaigne qui lui donne son nom. « Elle courait sous le manteau, explique l’agronome. Je sentais que c’était une mine d’or. »

    Il décide d’implanter dans sa ferme familiale de Sainte-Marthe (Loir-et-Cher) un labo de cultures anciennes. Par sélection, il finit par obtenir un petit fruit, dense et très rouge. Un article paraît dans la revue des jardins ouvriers de France et des milliers de courriers lui demandent des graines. Mais pour sortir des potagers, il faut du lourd. A l’aube des années 1990, un acheteur de Monoprix passe commande. Le géant Carrefour suit. Et c’est quelque 400 tonnes de cucurbitacées dont 80 de potimarrons que la ferme doit livrer chaque année. Depuis, le tourbillon s’est apaisé, mais le fruit est devenu un classique. Pour Philippe Desbrosses, l’histoire continue. « Le potimarron a été mon épopée. Et je suis sûr qu’il n’a pas encore tout donné ! » 

     Le rédacteur :  Miss BouffE  pour  Terraéco


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  • Editions Terre Vivante - Auteur - Christelle Auzias

    Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

    Créer avec les matières, les formes et les couleurs, c'est une passion de toujours qui m'a menée au métier de décoratrice. À la naissance de mon deuxième fils j'ai décidé de combiner mon activité professionnelle et mon goût pour la nature et la simplicité. J'ai opéré un tri dans la masse d'informations techniques, recensé les informations sérieuses, expérimenté les matériaux.
    J'ai ainsi composé mon répertoire de solutions de décoration naturelles simples, techniquement et économiquement abordables, et réellement écologiques. J'ai créé mon atelier pour partager ces techniques. C'est une démarche pédagogique globale, sous forme de stages et d'articles pour la presse spécialisée. 

    Pour chacun des livres écrits à Terre vivante, quelle a été votre motivation pour le sujet ? Quelles ont été les expériences qui vous ont permis de nourrir les thèmes abordés ?

    Depuis 2 ans, j'ai réalisé ou participé à des articles en collaboration avec Pascal Greboval. Il m'a proposé d'écrire ce livre pour y regrouper mes recettes. L'idée m'a séduite car elle va dans le sens d'une diffusion des techniques de décoration naturelles. Je savais que les photos de Pascal seraient en accord avec mes aspirations esthétiques et l'orientation pratique du projet. 

    Que ce soit dans les gestes quotidiens de votre vie professionnelle ou de votre vie personnelle, pouvez-vous nous donner quelques exemples de ce que vous faites en matière d'écologie qui pourrait intéresser nos lecteurs ?

    J'accorde une grande attention à la réduction des déchets. J'essaie toujours de recycler l'existant, qu'il s'agisse de supports de décoration (meubles, murs) ou d'emballages. Je suis toujours très attentive à la provenance des produits, pour limiter les transports

    Etre édité par Terre vivante, cela a peut-être pour vous un sens particulier ?

    La lecture du livre de Georges Méar, Nos maisons nous empoisonnent, a été le véritable déclencheur de mon engagement pour une décoration écologique. Être édité par Terre vivante me semble être une reconnaissance du combat que je mène depuis plusieurs années maintenant.

     "Je crée ma déco naturelle" Christelle AUZIAS  éd. Terre Vivante

     

    Photo à droite : copyright Pascal Gréboval.


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  • 2011    192 p.    12 €

      En quelques mots

    Un regard critique sur l'économie sociale et solidaire, et une interrogation sur sa capacité à transformer la société.
    Un livre en coédition avec Alternatives Économiques.

    L économie sociale et solidaire fait aujourd hui figure de nouvelle alternative au capitalisme. De fait, son objectif premier n est pas de dégager du profit, mais de produire des biens et services utiles à tous. Issue d initiatives citoyennes, elle apporte la preuve que la recherche de l enrichissement personnel n est pas l unique motif qui puisse donner envie d entreprendre.
    Constitue-t-elle pour autant une force politique, un mouvement susceptible de transformer profondément notre économie et notre société ? Sa gouvernance, qui se veut démocratique, est-elle réellement exemplaire ? A-t-elle vocation à s étendre, à se généraliser ? Enfin, cette généralisation est-elle souhaitable ?
    Autant de questions auxquelles l auteur répond dans ce livre, nourri de nombreux exemples. Pour lui, il est temps de regarder « l ESS » telle qu elle est, et non dans sa version idéalisée : c est à cette condition qu on pourra apprécier dans quelle mesure et à quelles conditions elle peut contribuer à rendre l économie plus démocratique, plus juste et plus soutenable.
    Philippe Frémeaux est président de la coopérative qui édite Alternatives Économiques et éditorialiste. Il est chroniqueur sur France Info et France Culture. Il a publié notamment Petit Dictionnaire des mots de la crise (avec Gérard Mathieu, Les petits matins, 2009). 

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  •   

    juin 2011      160 p.      11 €

       L'hypothèse de départ est simple : une vaste transformation citoyenne est en cours, encore peu visible. Or, cette transformation est certainement le creuset d'une nouvelle façon d'être et d'agir ensemble et peut-être même d'un renouveau démocratique. L'ouvrage a pour vocation de susciter la réflexion et l'expérimentation des collectifs de citoyens engagés au niveau local, de les aider dans les problématiques qu'ils rencontrent au quotidien. Basé sur les pratiques et observations de l'auteur sur l'accompagnement de nombreuses personnes et groupes, ce livre traite notamment de la gestion de projet, des écueils du travail en groupe, de l'animation de groupe, et bien sûr de l'interaction entre transformation personnelle et transformation du collectif. Situé à la croisée de différents types de publication - développement personnel ou coaching d'une part, et celles qui parlent de renouveau citoyen, de nouvelles valeurs, de nouveaux paradigmes (Créatifs Culturels, coopération, écovillages etc., d'autre part)-, cet ouvrage est simple, pratique, et centré sur l'action. Ou comment développer l'intelligence émotionnelle collective pour lier le local et le global.
     
        L'auteur ancien DRH, coach et spécialiste en accompagnement des changements en entreprise, a co-animé le projet Interactions Transformation Personnelle-Transformation Sociale, initié la démarche Cercles bleus reliantes citoyennes, et est proche de plusieurs initiatives ou projets portées par les associations ou collectifs suivants : Dialogues en humanité, Beija flot, Alliance pour la planète, Klub terre, Ecopsychologie au sein de la FNH, Nature Humaine, Pacte civique, Colibris, Emmaüs, École de la nature et des savoirs...
       Ou  comment développer l’intelligence émotionnelle collective pour lier le local et le global

    Réflexion et expérimentation des  collectifs de citoyens engagés au niveau local

    Une vaste transformation citoyenne est en cours, encore peu visible. Or, cette transformation est certainement le creuset d’une nouvelle façon d’être et d’agir ensemble et peut-être même d’un renouveau démocratique.
       Basé sur les pratiques et observations de l’auteur sur l’accompagnement de nombreuses personnes et groupes, ce livre traite notamment de la gestion de projet, des écueils du travail en groupe, de l’animation de groupe, et bien sûr de l’interaction entre transformation personnelle et transformation du collectif. Il constitue une ressource dans les problématiques qu’ils rencontrent au quotidien
       Situé à la croisée de différents types de publication  – développement personnel ou coaching d’une part, et de renouveau citoyen, de démocratie participative, de nouvelles valeurs, de nouveaux paradigmes (créatifs culturels, coopération, écovillages etc.) d’autre part-, cet ouvrage est concis, pratique, et centré sur l’action.    (Nouvelles Cles)


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  • Les mouvements sociaux en Amérique latine (Partie 1)

    Christophe Ventura - Tribune | Samedi 10 Décembre 2011(Marianne 2 )
      
       Le chroniqueur du blog Mémoire des luttes, Christophe Ventura, nous explique le rôle qu'ont eu les mouvements sociaux en Amérique latine depuis 20 ans dans le virage politique de la région (Première partie : jusqu'à 2005).
       De la montée en puissance des années 1990 aux nouvelles contradictions des années 2010
    (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST)- wikimedia - cc)
    (Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST)- wikimedia - cc)
    Pour expliquer l’émergence et l’affirmation des gouvernements progressistes (1) en Amérique latine depuis la première élection de Hugo Chávez à la présidence du Venezuela en 1998, il faut prendre la mesure du rôle joué par les mouvements sociaux dans cette région au cours des vingt dernières années.

    Ces mouvements ont des histoires, des bases sociales et revendicatives et des ancrages dans les territoires ruraux ou urbains très différents. Ils sont néanmoins capables de se mobiliser collectivement autour d’objectifs communs, notamment lorsqu’un projet politique gouvernemental, supranational ou économique (stratégie d’une multinationale par exemple) menace les secteurs qu’ils représentent.

    Il est possible d’identifier quelques familles structurantes au sein de cette nébuleuse d’organisations locales, régionales ou nationales dont l’histoire commune s’est forgée dans les résistances aux oligarchies et aux politiques néolibérales depuis une trentaine d’années : les mouvements indigènes (très actifs en particulier dans les pays andins) ; les mouvements et syndicats paysans (présents sur l’ensemble du sous-continent et dont le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) est le plus emblématique et le plus puissant) ; les mouvements de femmes ; les syndicats ouvriers et de la fonction publique ; les mouvements de jeunes et d’étudiants ; les associations environnementales.

    Ces mouvements ont contribué de plusieurs manières à la vague de victoires qui a conduit l’Amérique latine à devenir la seule région du monde gouvernée majoritairement au centre gauche et à gauche depuis plus de dix ans. D’un côté par leurs puissantes mobilisations - parfois quasi insurrectionnelles comme en Argentine, en Bolivie ou en Equateur au début des années 2000 - contre les régimes politiques, les partis et les oligarchies économiques. D’un autre côté, par la formulation de revendications et de propositions pouvant inspirer ou définir les programmes des candidats progressistes. Et ce, en particulier dans le domaine de la refonte des règles de la vie démocratique. Enfin en leur fournissant des bases sociales organisées lors des campagnes électorales.

    Dans certains cas, les mouvements sociaux ont impulsé la formation de partis ou y ont largement contribué : en Bolivie avec le Movimiento al socialismo (MAS), en Equateur où la création de la coalition Alianza PAIS a bénéficié d’un fort appui de mouvements indigènes engagés contre les gouvernements antérieurs, au Brésil où ils ont participé à la fondation du Parti des travailleurs (PT).
     

    Une dynamique progressiste

    Tous les gouvernements progressistes latino-américains convergent aujourd’hui autour d’objectifs politiques et géopolitiques communs qui intègrent plusieurs préoccupations centrales des mouvements sociaux (2) : rejet du néolibéralisme ; refondation de la souveraineté populaire et nationale à travers des processus d’élections d’assemblées constituantes et/ou le développement de formes de démocratie participative ou d’implication populaire (des « révolutions citoyennes » dans la terminologie équatorienne) ; reconnaissance, dans ce cadre, des droits des peuples indigènes ; récupération des ressources naturelles et énergétiques (avec parfois des processus de nationalisations) ; mise en place de programmes sociaux d’envergure dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la lutte contre la pauvreté ; émancipation des institutions financières internationales (FMI, Banque mondiale, etc.) et des Etats-Unis ; développement de nouvelles formes d’intégration régionale inédites (Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique-traité de commerce des peuples -ALBA-TCP-, Union des nations sud-américaines -UNASUR-, Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes - CELAC -).

    Il convient de signaler que ces objectifs ne s’accompagnent pas d’une remise en cause de l’économie de marché et s’inscrivent dans le cadre de l’intégration de la région sud-américaine dans l’économie capitaliste mondialisée.

    Les récentes victoires de Ollanta Humala à l’élection présidentielle du Pérou (juin), de Cristina Fernández en
    Argentine le 23 octobre ou même de Daniel Ortega le 6 novembre (dont l’action fait néanmoins l’objet de débats au sein des mouvements sociaux) confirment la continuité de cette dynamique politique.

    En 2012, c’est le Venezuela qui sera concerné par un scrutin présidentiel (7 octobre 2012). L’enjeu sera crucial pour l’avenir de la gauche latino-américaine alors que Hugo Chávez est confronté aux suites d’un cancer.
     

    1990 – 2005 : néolibéralisme et convergences des résistances

    (MST - wikimedia - cc)
    (MST - wikimedia - cc)
    Les mouvements sociaux parmi les plus actifs et les plus emblématiques de la période actuelle ont forgé leur histoire dans les années de luttes contre les dictatures (3). Celles-ci ont dominé la région entre les années 1960 et la fin des années 1980, voire 1990 dans certains pays d’Amérique centrale comme le Guatemala.

    En Amérique latine, les décennies 1980 et 1990 ont vu correspondre la fin du cycle des dictatures et des coups d’Etat avec l’imposition progressive (milieu des années 1980 et années 1990), puis systématique du néolibéralisme dans tous les pays par les classes politiques locales (conservatrices comme social-démocrates), le FMI et la Banque mondiale (plans d’ajustement structurel). La région s’est ainsi convertie en laboratoire du néolibéralisme mondial.

    Ces programmes basés sur la libéralisation et la privatisation de tous les secteurs d’activité, la réduction de la sphère de l’Etat dans la société, l’ouverture des économies aux entreprises multinationales ont abouti, partout, à l’explosion de la pauvreté, des inégalités sociales, de la corruption des systèmes et des personnels politiques et à l’exclusion de pans entiers de la population de la citoyenneté (les communautés indigènes en particulier).

    Ils ont produit une montée et une radicalisation des résistances sociales, puis des mouvements sociaux organisés et revendicatifs, mais aussi une dynamique de convergences et de coordination progressive de ces derniers à l’échelle d’un sous-continent façonné par un patrimoine historique, linguistique et culturel commun.

    C’est à la faveur des commémorations officielles du « Cinquième centenaire de la rencontre de deux mondes » en 1992 que se mesure cette nouvelle visibilité. En effet, ces festivités officielles promues par les gouvernements d’Amérique latine et d’Europe se voient contestées par une campagne continentale organisée par les mouvements sociaux. Cette dernière vise à célébrer, partout sur le continent et en même temps, « 500 ans de résistance Indigène, Noire, et populaire ». Ces mobilisations initiées par les organisations paysannes et indigènes andines et le MST ont permis de donner naissance, dans chaque pays et au niveau régional, à des coordinations pérennes Indigènes, Noires, paysannes, de femmes, de mouvements de jeunes, de syndicats, etc. Et ce, dans
    un contexte marqué par la chute du mur de Berlin, l’effondrement de l’idéologie communiste et l’offensive généralisée du néolibéralisme.

    Dès 1994, de nouvelles dynamiques se développent à partir des acquis des mobilisations de 1992. Parmi celles-ci, on peut signaler l’apparition du « Grito de los excluidos » (le « Cri des exclus, pour le travail, la
    justice et la vie »). Cette initiative prend la forme de l’une des premières coordinations continentales de « réseaux de mouvements et d’organisations populaires présents dans divers pays d’Amérique latine et de la Caraïbe ».

    Cette même année naît au Mexique le mouvement insurrectionnel zapatiste. Ce dernier se lève contre l’entrée en vigueur au Canada, aux Etats-Unis et au Mexique de l’Accord de libre-échange nord-américain
    (Alena).

    Pour sa part, la Coordination latino-américaine des organisations rurales (Cloc) (4) est fondée par 84 organisations issues de 18 pays et se lie au réseau international de La Via Campesina (5).

    On assiste enfin à d’imposantes marches des « cocaleros » (producteurs de feuille de coca) en Bolivie, des indigènes en Equateur, des paysans au Brésil, au Paraguay, au Guatemala pour la réforme agraire, etc.

    Cette montée en puissance des mouvements sociaux franchit, à la fin des années 1990, une nouvelle étape avec le projet Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) – ALCA en espagnol – impulsé par les Etats-Unis.

    S’appuyant sur l’existence de l’Alena, ces derniers imaginent en étendre la logique à l’ensemble des pays
    de l’hémisphère. C’est lors du Sommet des Amériques de Miami, toujours en 1994, que le calendrier des discussions entre les 34 pays concernés est arrêté. Il s’agit de constituer une nouvelle zone de libre-échange et de liberté commerciale totale en vue d’ouvrir un marché de 800 millions d’habitants. « Promouvoir la prospérité par le biais de l'intégration économique et du libre-échange » selon les termes de la déclaration finale.

    Ce projet qui favorise les privatisations, les libéralisations, la réduction du rôle de l’Etat dans l’activité économique, l’exploitation des ressources naturelles, etc. suscite immédiatement un fort rejet de la part des syndicats et des mouvements sociaux. Ces derniers s’organisent alors que les négociations sont prévues pour débuter en 1998.

    En avril 1997 est ainsi créée l'Alliance sociale continentale (ASC) à Belo Horizonte (Brésil). Cette coordination va regrouper les mouvements sociaux de 35 pays des Amériques et de la Caraïbe pour lutter contre le projet de l’ALCA qui prétend soumettre aux dogmes néolibéraux les secteurs de l’agriculture, des services, des marchés publics, des investissements, de la propriété intellectuelle.

    Entre 1998 et 2005, l'ASC va organiser trois « Sommets des peuples des Amériques » faisant face aux Sommets des Amériques des chefs d’Etat et de gouvernement (6). Chacun d’entre eux permet de mobiliser les mouvements sociaux, ONG, syndicats de tout le continent et d’élaborer, dans le cadre de 6 Santiago du Chili /Chili (1998), Québec/Canada (2001), Mar del Plata/Argentine (2005). L’ASC a depuis organisé d’autres événements d’envergure continentale en 2006 à Cochabamba (Bolivie), au Chili en 2007 et à Trinidad et Tobago en 2009 avec le 4ème Sommet des peuples des Amériques (http://www.asc-hsa.org/).

    l’adoption de « Déclarations », des propositions, des revendications et un agenda commun de mobilisations contre les politiques menées par les gouvernements latino-américains et les projets hégémoniques des Etats-Unis.

    La combinaison de trois facteurs va permettre de faire capoter les négociations. Au début des années 2000, plusieurs victoires sociales et/ou politiques déterminantes sont obtenues dans des cadres nationaux (7). Dans le même temps se met en place, à l’échelle régionale et internationale, un processus unique de convergences et de coordination des luttes sociales et politiques. Il s’agit du Forum social mondial dont la première édition a lieu à Porto Alegre au Brésil en 20018. Enfin, les premiers gouvernements progressistes issus de l’ensemble de ces mobilisations populaires et revendicatives entrent en scène en Argentine, en Bolivie, au Brésil et au Venezuela.

    L’accord est finalement mis en échec en 2005 à Mar del Plata en Argentine (4ème Sommet des Amériques) lorsque Hugo Chávez et Evo Morales se lient aux mouvements sociaux, avec le soutien des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), pour rejeter l’accord proposé par George W. Bush.

    Parmi les coalitions d’organisations mobilisées par l’ASC, on peut citer : Common Frontiers (Canada), la Red mexicana de accion frente al libre-comercio (Mexique), la Red colombiana de accion frente al libre-comercio (Colombie), les coordinations indigènes d’Equateur ( Ecuarunari), du Pérou ( Conacami), des syndicats du Pérou ( Confédération générale des travailleurs, Confédération national agraire), d’Argentine (Centrale des travailleurs), la Cloc, la Coordination andine des organisations indigènes (CAOI), le réseau Jubilee South, Attac, le Grito de los excluidos, etc. (9)


    A ces dernières s’ajoutent les acteurs clés des mouvements sociaux latino-américains : La Via Campesina, le MST, la Centrale unique des travailleurs (présente dans plusieurs pays), la Marches mondiale des femmes, les ONG environnementales, la Centrale ouvrière bolivienne (syndicat COB), etc.

    Ces processus de coordination et d’articulation ont eux mêmes permis d’autres dynamiques internationales.

    Le réseau bi-régional Enlazando Alternativas est ainsi créé en 2004. Il réunit les mouvements sociaux d’Amérique latine et d’Europe engagés contre le libre- échange (notamment pour ce qui concerne les relations entre l’Union européenne et les pays de l’Amérique latine10). On peut également citer le Forum social des Amériques qui s’est depuis tenu à quatre reprises. (11)
     

    Notes

    (1) Les gouvernements pris en compte dans cet article sont l’Argentine (Néstor Kirchner - 2003/2007 - et Cristina Fernández de Kirchner - 2007/2011 - 2011/2015 -); la Bolivie (Evo Morales - 2005/2010 - 2010/2015 -); le Brésil (Luiz Inácio Lula da Silva - 2002/2006 - 2006/2010 - et Dilma Rousseff - 2010/2014 -) ; El Salvador (Mauricio Funes - 2009/2014 -); l’Equateur (Rafael Correa - 2006/2009 - 2009/2013 -) ; le Nicaragua (Daniel Ortega - 2006/2011 -2011/2016 -); le Paraguay (Fernando Lugo - 2008/2013 -); le Pérou (Ollanta Humala - 2011/2016 -) ; l’Uruguay (Tabaré Vazquez - 2005/2010 - et José Mujica - 2010/ 2015 -); le Venezuela (Hugo Chávez - 1998/2000 - 2000/2006 -2006/2012 -).

    (2) Pour une analyse des actions et perspectives de ces gouvernements en 2011, lire Bernard Cassen, « L’Amérique latine se consolide à gauche » (http://www.medelu.org/Bernard-Cassen-l-Amerique-latine )

    (3) C’est le cas, par exemple, du MST. La tradition des mouvements populaires en Amérique latine s’inscrit néanmoins dans une histoire longue. Sur cette question, lire, en espagnol, Mónica Bruckmann et Theotonio Dos Santos, « Los movimientos sociales en America latina : un balance historico » (http://www.medelu.org/Los-movimientos-sociales-en ).

    (4) Pour en savoir plus : http://www.movimientos.org/cloc/acercade.php?Seccion=Acerca

    (5) Créée, elle, en 1993 en Belgique (http://viacampesina.org/en/ ). Ce réseau international promeut la souveraineté alimentaire et l’agriculture paysanne. Il est constitué, selon ses promoteurs, « de 150 organisations locales et nationales issues de 70 pays d’Afrique, Asie, d’Europe et des Amériques » et représente « 200 millions de paysans ». La Via Campesina est l’un des principaux acteurs des Forums sociaux mondiaux et des luttes altermondialistes.

    (6) Santiago du Chili /Chili (1998), Québec/Canada (2001), Mar del Plata/Argentine (2005). L’ASC a depuis organisé d’autres événements d’envergure continentale en 2006 à Cochabamba (Bolivie), au Chili en 2007 et à Trinidad et Tobago en 2009 avec le 4ème Sommet des peuples des Amériques (http://www.asc-hsa.org/ ).

    (7) Guerres de l’eau (2000) et du gaz (2003) en Bolivie suivies de l’élection de Evo Morales à la présidence du pays en 2005, élections de Hugo Chávez au Venezuela (1998/2000/2006) , de Lula au Brésil (2002-2006), crise de la dette en Argentine (2001) débouchant sur l’élection de Néstor Kirchner en 2003.

    (8) Sur l’histoire de ce processus, de ses limites et de ses perspectives à l’heure de la crise systémique du capitalisme, lire Christophe Ventura, « Ten years after the first World Social Forum of Porto Alegre - Global tensions and « altermondialisme » » (http://www.medelu.org/Global-tensions-and ). Article également publié en français dans la revue ContreTemps (numéro 11, 3ème trimestre - septembre 2011).

    (9) Pour une liste complète et un renvoi aux sites des organisations respectives : http://www.asc-hsa.org/node/369

    (10) Pour en savoir plus : http://www.enlazandoalternativas.org/

    (11) Pour en savoir plus : http://www.forosocialamericas.org/?lang=es
     

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