•   Amazon, les dessous d'une horreur économique

    Samedi 8 Juin 2013     Vladimir de Gmeline - Marianne

    Le géant du commerce culturel en ligne n'en finit plus de progresser, balayant sur son passage les libraires. Accusé d'irrégularités fiscales, il est aussi mis en cause sur son volet social. Dans une enquête choc, "En Amazonie", le journaliste Jean-Baptiste Malet décrit les conditions de travail souvent très dures au sein de la firme. On réfléchira désormais avant de cliquer.


    FAYOLLE PASCAL/SIPA
        FAYOLLE PASCAL/SIPA
    Si vous avez aimé et acheté l'Horreur économique, de Viviane Forrester, il est probable que vous aimerez et achèterez Capitalisme, désir et servitude, de Frédéric Lordon. Selon la critique mise en ligne sur amazon.fr, dans le premier de ces essais, «dénonçant le culte de la rentabilité et la tyrannie du profit, l'auteur prend l'exact contre-pied de l'idéologie libérale qui prétend subordonner toute décision politique aux seuls impératifs de l'économie». Dans le second, on s'interroge sur la manière dont le patronat cherche à enrôler ses employés pour en faire des «salariés contents, qui désireraient conformément à son désir à lui». Tiens, tiens, intéressant tout ça...

    Imaginons ainsi Adrien, ou Christophe, père de famille concerné et engagé, séduit par cette description, qui explore aussi les «notions d'aliénation, d'exploitation et de domination que le capitalisme voudrait dissoudre dans les consentements du salariat joyeux». Adrien/Christophe commande en quelques clics sur le site d'Amazon et s'en va faire son marché bio. Ce dont il n'a pas forcément conscience, c'est qu'il vient d'enclencher un processus qui produit et exploite précisément ce que décrivent les deux livres qu'il s'apprête à lire : la rentabilité à tout prix et le consentement forcé des salariés afin d'en tirer toujours plus. La devise d'Amazon ? «Work hard. Have fun. Make history.» Dans des entrepôts gigantesques, des armées d'intérimaires travaillent ainsi jour et nuit à la satisfaction des clients, surcaféinés, le dos en compote et suivis à la trace par des leads contrôlant par ordinateur leur degré d'efficacité et de rentabilité, avec, peut-être, un jour, l'espoir d'accéder au Graal, la récompense suprême : le CDI.

    Un récit glaçant

    Cette course à la satisfaction du désir d'un client toujours plus exigeant, Jean-Baptiste Malet la raconte dans une enquête intitulée En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», parue chez Fayard.

    Comme Amazon refuse d'ouvrir ses portes à la presse, ce jeune journaliste de 26 ans s'est fait embaucher sur le site de Montélimar, rejoignant les 1 200 intérimaires recrutés pour faire face à l'afflux des demandes précédant les fêtes de fin d'année. Un récit glaçant, tout en gris, qui raconte ces vies en suspens, l'émergence d'un Lumpenproletariat des services, d'autant plus impressionnant et dérangeant qu'il pointe nos propres contradictions, comme l'avaient fait les révélations sur les conditions de fabrication de l'iPhone à Foxconn, principal sous-traitant d'Apple en Chine, où l'on met des filets sous les fenêtres pour prévenir les suicides.

    Au départ, tout n'était pas gagné pour Amazon. Créée en 1995 par Jeff Bezos, qui regrettait d'avoir raté l'âge d'or des débuts d'Internet, l'entreprise est introduite en Bourse en 1997, mais elle tarde à réaliser des profits. Dès le départ, le site, qui se veut «la plus grande librairie du monde», se heurte à l'hostilité des libraires, comme Barnes & Noble qui le poursuit en justice en estimant qu'il n'est qu'un «revendeur de livres», et des géants de la grande distribution, comme Wal-Mart qui lui reproche d'avoir volé des secrets commerciaux en embauchant certains de ses anciens cadres. Les deux affaires seront réglées à l'amiable. Partant de là, Amazon va progresser inexorablement, concurrençant aussi bien les librairies de quartier que les enseignes spécialisées dans les produits culturels comme la Fnac et Virgin, ébranlées par les coups de boutoir d'un site qui pratique aussi bien systématiquement les 5 % de remise légale (limitée en France par la loi Lang, sur le prix unique du livre) que la gratuité du port et des remises de bienvenue.

    Des conditions de vente qui vont faire l'objet d'une retentissante bataille judiciaire dès 2004, opposant Amazon au Syndicat de la librairie française (SLF), qui l'assigne pour violation des dispositions de la loi Lang, vente à perte, concurrence déloyale et dommage causé à la profession de libraire indépendant. Amazon est condamné en 2007, bombarde ses clients de mails pour défendre la gratuité du port et bénéficie en 2008 d'un arrêt de la Cour de cassation dans une autre affaire qui la rend désormais possible. Une page est tournée, le pire est à venir.

    Aujourd'hui, alors que les fermetures s'accélèrent, que les magasins Virgin Megastore ferment leurs portes et que, ironie de l'histoire, Amazon va s'installer à Clichy dans un immeuble qui abritait auparavant les bureaux de la Fnac, le cybermarchand affiche des taux de croissance insolents, investit et recrute sans relâche. Alors que, en 2002, la part de marché des ventes de livres par Internet était de 2,2 %, elle était en 2010 de 13,1 %, et Amazon vend aujourd'hui plus de 8 % des livres en France. Les chiffres d'affaires sont faramineux, et le fisc britannique comme le français s'intéressent maintenant de très près à l'entreprise : ainsi le site n'aurait-il payé que 3,7 millions d'euros d'impôts au Royaume-Uni en 2012, pour un chiffre d'affaires de 4,9 milliards. Et, en France, il se serait acquitté de 3,9 millions d'euros d'impôts, pour un chiffre d'affaires déclaré de 110 millions d'euros en 2011. Cependant, Amazon a reconnu que ce dernier était en réalité de 889 millions d'euros. Grâce à un savant montage, la plupart des stocks et des employés se trouvent aujourd'hui dans l'Hexagone, mais les bénéfices, eux, sont au Luxembourg. L'administration fiscale française réclame donc à Amazon, pour ses exercices de 2006 à 2010, 198 millions d'euros d'arriérés d'impôts, d'intérêts et de pénalités liés à la déclaration à l'étranger du chiffre d'affaires réalisé en France.

    "Eclatez-vous bien !"

    Outre ces volets économiques et financiers, c'est aussi dans le domaine social qu'Amazon se distingue, et pas vraiment à son avantage. En Angleterre et en Allemagne, plusieurs enquêtes ont dévoilé les conditions de travail imposées notamment aux travailleurs temporaires à l'approche de Noël. Et, comme les visites de l'entreprise ne sont pas autorisées aux journalistes et que ses employés refusent de s'exprimer, Jean-Baptiste Malet s'est porté candidat, seul moyen de découvrir ce qu'il se passe exactement de l'autre côté de l'écran.

    Il est devenu picker, c'est-à-dire chargé de récupérer dans leurs bins («cellules») les milliers de produits culturels (disques, livres, DVD...) qui seront ensuite emballés par les packers. En équipe de nuit, de 21 h 30 à 4 h 50, il expérimente le décalage et la fatigue, les 20 km par jour dans un entrepôt grand «comme cinq terrains de football», sous le contrôle permanent des leads.


    Chez Amazon, les termes anglais et le tutoiement sont de rigueur, les applaudissements avant de commencer le travail aussi, à grand renfort d'«éclatez-vous bien», car, à Amazon, on «s'éclate». Il y a aussi le screening, une sorte de check-point par lequel il faut passer lors des deux pauses de vingt minutes accordées aux employés (l'une à la charge de l'entreprise, l'autre, de l'employé), destiné à s'assurer qu'il n'y a pas de vol. Il y a encore les messages d'alerte s'affichant sur le scan du picker quand son rythme ne satisfait pas l'un de ses supérieurs. Et pour compenser ce work hard, il y a le fun, avec jeux concours organisés durant les temps de pause («A quoi sert l'origami dans "Prison break" ?», «D'où vient le problème à la jambe du Dr House ?») qui permettent de gagner DVD et téléviseurs.

    Et alors, pourrait-on dire ? N'est-ce pas partout la triste réalité de la grande distribution dans son ensemble ? Le monde du travail n'est-il pas par nature impitoyable, toujours plus dur et plus désincarné, faisant miroiter à des mères célibataires en situation de précarité, à des jeunes sans diplôme et à des chômeurs de longue durée la possibilité d'avoir un jour un véritable emploi ? En partie seulement, car Amazon va plus loin, adoptant notamment des règles de confidentialité draconiennes qui vont bien au-delà de la simple protection du secret industriel, et contreviennent de manière flagrante au droit du travail. Ainsi de l'annexe 7 du règlement intérieur, intitulée «Politique relative aux relations avec le public», qui proscrit toute déclaration aux médias, impose l'anonymat (interdiction de divulguer au public ou à la presse le nom d'une personne travaillant à Amazon !), restreint et même proscrit toute possibilité de s'exprimer en public sans l'accord écrit de la hiérarchie, sous peine de sanction pouvant aller jusqu'au licenciement. Une politique d'intimidation qui donne une seule envie : celle de s'indigner. Une anecdote suffirait d'ailleurs à souligner le comble du cynisme marchand de la firme. Ainsi le site de recrutement d'Amazon s'enthousiasme : «En 2011, l'ensemble des livres Indignez-vous ! expédiés par le site de Montélimar aurait atteint le sommet de la tour Eiffel si on les avait empilés les uns sur les autres.» Comme le disait Alphonse Allais - lui aussi en vente sur amazon.fr bien sûr : «Une fois qu'on a passé les bornes, il n'y a plus de limites.»

    En Amazonie, infiltré dans le «meilleur des mondes», de Jean-Baptiste Malet, Fayard, 155 p., 15 €.

    "RIEN N'EST JAMAIS INÉLUCTABLE"


    Fondateur de The New Press, l'éditeur franco-américain André Schiffrin, auteur de "l'Argent et les mots" (2010), revient sur l'avancée apparemment irrépressible du géant Amazon. Propos recueillis par Aude Lancelin

    Marianne : Vous êtes notamment célèbre pour avoir dénoncé la destruction de la chaîne du livre par les conglomérats mondialisés dans un livre retentissant : l'Edition sans éditeurs (La Fabrique), en 1999. Comment évaluez-vous la nouvelle menace que fait peser Amazon sur ce même marché depuis quelques années ?


    André Schiffrin : Amazon se réclame désormais ouvertement d'une politique d'élimination des libraires. Ce ne sont pas des menaces en l'air. Aux Etats-Unis, les gens d'Amazon y sont parvenus. Après les indépendants, même les chaînes ferment maintenant. Ils commencent également à agir comme des éditeurs. Ils commandent des livres à des auteurs connus. En France, fort heureusement, vous avez encore la loi Lang sur le prix unique. Mais, aux Etats-Unis, les rabais peuvent aller jusqu'à 40 %, l'effet de souffle a été ravageur. Il y avait 333 libraires à New York lorsque j'étais jeune, il n'y en a plus qu'une trentaine aujourd'hui.

    Pensez-vous que les appels au boycott d'Amazon, venus d'Angleterre notamment, peuvent avoir une quelconque efficacité ? D'où voyez-vous venir une alternative possible à une telle hégémonie ?

    A.S. : Toute action est utile. Rien n'est jamais inéluctable. C'est justement la stratégie d'Amazon de vouloir donner le sentiment que l'évolution technologique rend la chose fatale. Les seules mesures qui soient cependant assurées d'une efficacité totale sont celles que les gouvernements décideront d'engager contre un tel monopole. L'Europe devrait s'engager fermement dans ce combat. Qu'Amazon puisse ne pas payer d'impôts en s'installant au Luxembourg est proprement insupportable.

    Certains pensent que le système de distribution physique du livre cédera, de toute façon, un jour la place aux e-books, plus rapides d'accès et moins coûteux. Est-ce votre sentiment, croyez-vous à une disparition du papier à un horizon de dix ou vingt ans ?

    A.S. : Il y a trop de variables, il est trop tôt pour spéculer. Au stade où nous en sommes, la vente des e-books fonctionne exclusivement pour un certain type de livres : les best-sellers. Dans une librairie, on peut feuilleter, découvrir, le geste n'est pas du tout le même.

    En France, ces dernières années, de nombreux succès sont pourtant venus d'éditeurs indépendants et de petites maisons - on peut notamment songer à Actes Sud ou aux Arènes et à leur revue XXI. Y voyez-vous un signe encourageant par rapport à votre sombre pronostic ?

    A.S. : Il est très sain que ce genre de maisons indépendantes existe encore. J'admire beaucoup ce que font Les Arènes, qui ont depuis l'origine connu de grands succès. Mais la question est de savoir si de telles réussites pourront exister encore demain si nous n'agissons pas décisivement aujourd'hui.
    Propos recueillis par Aude Lancelin

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  • 2012   476 p.  25 €

       Daniel Kieffer, l'un des chefs de file de la nouvelle génération des naturopathes, nous propose ici un ouvrage exceptionnel. Partant des moyens de s'adapter au stress, il nous décrit les différentes clés et les multiples produits dont dispose la naturopathie pour parvenir à une santé globale. Car le stress, qui en soi est un processus naturel et indispensable au fonctionnement de la vie, devient dans nos sociétés modernes l'une des causes majeures du mal vivre, de l'affaiblissement du système immunitaire et de l'apparition de différents troubles et maladies.

      Faire face réellement au stress suppose donc une démarche globale qui intègre les différents aspects de l'existence et qui débouche sur une revitalisation générale. C'est au sein d'une telle démarche que prennent toutes leurs valeurs les stratégies, les plantes et les produits adaptogènes dont Daniel Kieffer dresse dans cet ouvrage un catalogue très détaillé et unique par la richesse de ses informations.

      L'Encyclopédie de revitalisation naturelle s'affirme ainsi comme un outil incontournable dans une approche naturopathique et holistique de la santé. Un ouvrage de référence indispensable pour tous ceux qui souhaitent prendre en charge leur propre santé de façon naturelle et se réconcilier avec la vie

      Daniel Kieffer est le fondateur du Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique et le président de la FENAHMAN - fédération représentative des naturopathes auprès des patients et des Pouvoirs publics. ll enseigne au Collège ostéopathique de France,à l'Institut supérieur de psychologie de Paris VII et à l'École supérieure de naturopathie du Québec. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages devenus des classiques de la naturopathie


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  •  22/06/2013

    Conseils d’une prof de yoga à ceux qui ont un handicap, comme elle

    Elsa Fayner | Journaliste  Rue 89
     

    Nadège Lanvin dans son centre de yoga, le 20 juin 2013 (Elsa Fayner/Rue89)

    Nadège termine son cours de yoga. Elle en donne douze par semaine, dans le centre qu’elle a créé avec son associée. A 43 ans, l’ancienne responsable de gestion est soulagée d’avoir trouvé un local de plain-pied, accessible aux personnes handicapées, sur le canal de l’Ourcq, dans l’est de Paris.

    Ironie du sort, jusqu’à ses 14 ans, Nadège a porté des chaussures orthopédiques. Avant ses 5 ans, elle a été opérée à quatre reprises, pour un pied bot. Cette déformation du pied entraîne un déséquilibre du corps, qui cause de fortes douleurs dans le dos et, par ricochets, dans tous les membres.

    Attelles, kiné, médecins en tous genres, Nadège a finalement trouvé dans le yoga une manière de prendre soin d’elle en limitant tous ces traitements. Au point d’en faire son métier.

    « Au ski, je traînais la jambe »

    Enfant, Nadège faisait de la danse et des claquettes.

    « Mes parents étaient adorables, ils faisaient comme si de rien n’était et m’emmenaient faire des trucs improbables. J’ai fait du ski, par exemple ! Mais je traînais la jambe. »

    Arrivée à l’âge adulte, Nadège voit surtout qu’elle n’arrive plus à progresser :

    « Même en danse, tu stagnes, tu vois que c’est limité. »

    Alors que son médecin part à la retraite, Nadège se « retrouve toute seule dans la nature », un peu désemparée :

    « On ne m’avait pas parlé de mon avenir, on ne m’avait pas dit que j’aurais des problèmes de dos. Je ne savais pas quoi faire pour soulager mes douleurs. »

    Elle pense au tennis, mais les gestes s’avèrent trop violents. Depuis un moment, elle voit aussi sa mère revenir de ses cours de yoga « détendue », « se sentant mieux ». Elle feuillette les livres que celle-ci rapporte, y voit des « gens sur la tête » et commence à être intriguée.

    Alors, après le bac, Nadège s’inscrit dans un club sportif pour son premier cours, et tombe sur une fac qui propose une UV de yoga (sans doute parce qu’il y avait des cours de sanskrit, pense Nadège).

    « Je ne sais pas ce que vous faites, mais continuez »

    « Je ne sais pas ce que vous faites, mais continuez ». Nadège répète la phrase du podologue : « Au niveau médical, on m’a toujours dit que ça me faisait du bien pour le dos, l’équilibre, le placement du bassin ». Elle le sent, de toute façon. Sans le yoga, elle aurait des maux de dos « en permanence ».

    Certaines postures la soulagent particulièrement, comme celle sur la tête – « le poids ne repose plus sur les pieds et on travaille l’alignement du corps » – ou la pince avant : les jambes allongées sur le sol, le buste descend jusqu’où il peut, ce qui détend les lombaires.

    Tous les équilibres ne sont toujours pas possible pour Nadège, même ceux qui se font les jambes pliées, près du sol. Sans doute parce que son bassin ne se positionne pas de manière symétrique, dit-elle posément.

    Une chose est certaine, la pratique régulière lui permet de savoir où elle en est :

    « Mon père est mécanicien et j’ai toujours vu le yoga comme un contrôle technique bien utile : on ouvre tout, on regarde et on répare. »

    Le yoga l’aide notamment à savoir quand ça va mal :

    « J’ai trouvé un équilibre dans mon corps, mais il est assez instable. Je suis toujours à la limite de me faire mal. Concrètement, mon corps s’enroule autour de ma jambe droite, qui travaille davantage. Comme du papier à cigarette, m’a dit un jour un médecin. C’est bien de le sentir, et d’aller voir quelqu’un quand ça arrive, avant que ça n’empire. Pour me dérouler... »

    Et ça change tout :

    « Enfant, j’étais un peu bringuebalée de médecin en médecin. Je l’ai bien vécu, mais mon corps était passif, à la disposition des médecins qui me regardaient, m’observaient. Le yoga m’a permis d’acquérir de l’indépendance, de prendre mon corps en main. »

    Sans les miroirs de la salle de fitness

    Nadège y voit rapidement un autre intérêt : le yoga se pratique sans le regard des autres. Les élèves ferment les yeux dans la plupart des postures. Surtout, c’est un principe de la discipline : chacun se concentre sur ses propres sensations, tourné vers l’intérieur. Chacun a ses limites, et travaille avec, il n’y a pas d’objectif à atteindre. Pour une post-ado qui débute, c’est un atout :

    « J’étais allée visiter une salle de fitness à l’époque, il y avait des miroirs partout. Il faut être assez sûr de soi, à 18 ans, pour accepter de se voir comme ça. »

    A cet âge-là, pour Nadège, le handicap « était un truc énorme dans [sa] tête » :

    « Tu ne peux pas imaginer que personne ne le voit. Tu te dis que si ça ne va pas dans ta vie, c’est toujours à cause de ce pied bot. Alors que tous les ados vont mal en fait... »

    Peu à peu, Nadège voit qu’elle progresse, est plus souple, plus musclée. L’équilibre s’améliore, le corps se détend. Surtout, le handicap prend moins de place dans sa tête. Arrivée à 35 ans, alors qu’elle se met à pratiquer de manière plus intensive, elle parvient enfin à en parler :

    « Comme par hasard, c’est à ce moment-là que j’ai lancé les démarches pour être reconnue comme travailleur handicapé. Avant, je faisais comme si de rien n’était. Après, ça m’a permis d’expliquer que je ne pouvais pas faire certaines choses au bureau.

    Porter des cartons, par exemple, au moment où nous avons déménagé (et ça a duré des mois). Auparavant, quand je disais “je ne peux pas, j’ai mal au dos”, on me répondait “mais tout le monde a mal au dos !” C’était difficile de dire non. »

    Un mois dans un ashram pour devenir prof

    Nadège se met à pratiquer de manière plus intensive, quand elle se sépare de son mari. Pendant les vacances scolaires, quand ses deux fils sont chez leur père, elle suit des cours tous les soirs et, chez elle, « s’acharne sur la posture sur la tête » – « un défi personnel un peu crétin », sourit-elle –, jusqu’à parvenir à la tenir.

    Elle commence aussi à donner des cours bénévolement : à des collègues de bureau, le midi, et à des mères seules avec enfants, au Café Zoïde. A tel point que, pour ses 40 ans, sa sœur la pousse à se faire un cadeau : « Tu rêves d’être prof, vas-y, c’est le moment. » Mais, pour Nadège, « quand on a ce handicap, on n’imagine pas qu’on puisse faire de son corps son métier ».

    Elle finit par s’inscrire malgré tout à une formation d’un mois, dans un ashram. Rapidement, en rentrant, elle profite de possibilités offertes par son entreprise qui est en train de fermer pour créer la sienne. Elle ouvre son centre, Yoga & co, où exercent aujourd’hui une vingtaine de profs :

    « Tout le monde n’a pas un handicap physique, mais les gens démarrent souvent le yoga quand ils ont problème : des maux de dos, une séparation, du stress au travail. Et ils choisissent leur prof en fonction de ce qui leur parle. Ceux qui viennent à mes cours rigolent quand je leur dis que je ne tiens pas sur un pied, mais en réalité ça doit les rassurer. »

    D’ailleurs, parmi ses élèves, une jeune femme souffre du même handicap qu’elle :

    « Elle ne se sert que de la moitié de son corps, l’autre reste rigide. C’est comme si elle était à moitié vivante. »

    Une fillette a la mucoviscidose, une jeune fille un cancer, une femme des prémices de sclérose en plaques. Elles viennent surtout là pour faire tomber le stress, et mieux supporter leurs traitements.

    Nadège, elle, continue à prendre des cours, « sinon c’est crevant » de ne faire qu’en donner : il faut corriger les élèves, faire les postures tout en parlant, quitte parfois à moins prendre soin de soi.


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  • Posted in: Mali
    Mali : terres bradées, paysans spoliés
    Des villageois de Sanamadougou victimes des violences policières (photo: E. Haddad)
    Regards.fr | 6 juin 2013

    Par Emmanuel Haddad|

    Au Mali, l’appel du pied fait par l’Etat aux investisseurs agro-industriels pour aménager l’Office du Niger fait une victime collatérale : les cultivateurs locaux, spoliés de leurs terres, qui ont saisi la justice. Reportage.

    « Modibo Keita est venu nous demander si on acceptait de lui céder des terres. On a refusé. Ensuite, nous avons commencé à voir des géomètres mesurer nos terrains sans nous consulter. Puis il a pris nos meilleurs champs et voilà trois ans que nous ne cultivons plus rien. » Assis sur une peau de mouton, le chef du village de Saou, au Mali, a beau être aveugle et âgé de 78 ans, sa mémoire est restée intacte.

    Il se souvient qu’en 2010, l’investisseur agro-industriel malien Modibo Keïta lui a rendu visite, et qu’à partir de là, les évènements se sont précipités : l’arrivée des bulldozers de sa société GDCM, renommée Moulin Moderne du Mali (3M), le début des travaux sur les terres de Saou et Sanamadougou, le village voisin, la résistance des paysans des deux villages et la répression musclée de la police.

    A Sanamadougou non plus, personne n’a oublié le 18 juin 2010. A l’évocation de Modibo Keita, un cultivateur court chercher la Une du journal de l’époque où il est photographié avec le crâne ensanglanté. A côté de lui, une femme souriante, dont les coups portés par les gendarmes ont entraîné une fausse couche. Ce jour-là, 31 villageois frondeurs ont été arrêtés avant d’être détenus pendant 2 mois. Depuis, des forces de l’ordre armées rôdent pour prévenir le retour des paysans sur leurs terres.

    Derrière le conflit foncier entre les deux villages et la société 3M, se joue la survie de l’agriculture vivrière au Mali, affaiblie par la volonté de l’Etat d’accueillir à tout prix des investisseurs agro-industriels dans la zone gérée par l’organisme public de l’Office du Niger (ON). Une zone de deux millions d’hectares de terres irrigables situées dans le delta intérieur du fleuve Niger, à 250 km au nord-est de Bamako, aménagées par les colons français dans les années 1920, en ayant recours au travail forcé. Toutes les terres de la zone ont été immatriculées au nom de l’Etat, sous le principe qu’« elles étaient inhabitées quand l’Office du Niger faisait des prospections », explique Boubacar Sow, directeur général adjoint de l’ON.

    Une hérésie pour les habitants de Saou et Sanamadougou : « Nos pères, nos grands-pères et nos arrières grands-pères ont cultivé le mil sur ces terres », explique le chef de village de Saou, qui fait valoir le droit coutumier contre l’accaparement de ses terres. Amandine Adamczewski, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), tranche, en expliquant que « la zone de l’ON était très peu peuplée, mais certains villages, à droite de la route qui va au projet, existaient déjà avant l’arrivée des colons et les paysans y pratiquaient la culture de mil et l’élevage. »

    Une culture surannée au regard de Boubacar Sow : « La culture du mil, ce n’est pas le travail de la terre. On ne peut pas rester dans ce genre de culture archaïque. L’ON cherche à sécuriser la population en passant de cultures dépendantes de la pluie à des cultures irriguées. » Depuis 1994, l’Office du Niger s’ouvre aux investisseurs privés pour financer la mise en valeur des terres et moderniser l’agriculture dans la zone. En 2005, une réforme du Code des investissements a instauré un régime douanier et fiscal privilégié pour promouvoir les investissements de capitaux privés. « Sur la période 2004-2009, 840 demandes ont été enregistrées et 870 000 hectares ont fait l’objet de demandes de bail », précise Amandine Adamczewski.

    La société 3M a donc reçu un bail de 30 ans sur une surface de 7400 hectares en août 2009 pour y cultiver le blé. Sauf que les villages de Saou et Sanamadougou n’en font pas partie : « Le bail attribué par l’ON porte sur un terrain inhabité situé à 30 km, dont les terres n’étaient pas mises en valeur. Il a donc été attiré par celles déjà cultivées par les villageois de Saou et Sanamadougou », estime Chantal Jacovetti, membre de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP). Depuis le 23 février 2012, les villages ont déposé une plainte contre Modibo Keita. Avec le soutien de cinq organisations paysannes, réunies au sein de la Convergence malienne contre l’accaparement des terres, ils ont obtenu du ministre de l’Administration Territoriale une lettre adressée au gouverneur de Ségou, demandant l’arrêt des travaux de Modibo Keita sur les terres situées hors de son bail.

    Mais le 29 mai 2013, le juge du tribunal de Markala a encore repoussé le délibéré au 12 juin suivant. Pendant ce temps, les travaux continuent et laissent des traces indélébiles. Le 12 avril, un jeune de Sanamadougou est mort noyé dans le canal qui sert à alimenter les pivots de la société 3M. L’entreprise n’a pas songé à construire un pont permettant aux habitants de traverser en sécurité le canal qui coupe la route entre les deux villages.
     

    Source: Regards.fr


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  •  012     176 p.    29 €

      Valo Dantinne est jardinier autodidacte, jardinier animateur et formateur à Terre & Humanisme depuis 2007.

     Erik Jansegers  est ingénieur agronome, jardinier animateur et formateur à Terre & Humanisme depuis 2007.

     Pierre-François Prêt est ingénieur en agriculture, directeur de Terre & Humanisme depuis 2006.  

      Plusieurs décennies d’agriculture intensive ont contribué à endommager gravement notre “terre nourricière”. Dans le même temps, et malgré l’arsenal de moyens employés, cette agriculture industrielle ne réussit pas à nourrir l’humanité : trois milliards d’humains ne mangent pas à leur faim. De nouvelles voies sont explorées pour relever ce double défi : nourrir l’humanité sans détruire notre patrimoine commun. Parmi les plus prometteuses se trouve l’agroécologie. Située au carrefour de l’agriculture et de l’écologie, elle est tout autant une science qu’une pratique qui se répand à travers le monde et que Pierre Rabhi a largement contribué à faire connaître en France. Elle appelle à un changement total de paradigme : cherchant à comprendre et accompagner les processus vivants pour produire une nourriture saine, sans dépense d’énergie excessive, elle est liée à un profond respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du vivant. 

      Dans la première partie du livre, Pierre Rabhi retrace l’aventure humaine qu’a constituée pour lui l’agroécologie : non pas simplement un ensemble de techniques, mais une alternative globale pour chaque individu et pour la société, une magnifique opportunité pour changer de vision et donc d’humanité. L’agroécologie ainsi conçue allie la réponse à une nécessité irrévocable (produire une nourriture suffisante et saine) avec l’urgence de respecter, de préserver et d’améliorer le patrimoine nourricier.

    En 1995, pour promouvoir l’agroécologie, Pierre Rabhi a fondé l’association Terre et Humanisme. Prenant le relais dans la seconde partie du livre, les animateurs de ce mouvement, s’appuyant sur leur expérience de formation en Ardèche et en Afrique, ainsi que sur leurs pratiques dans les jardins vivriers du Mas de Beaulieu, présentent pas à pas l’approche agroécologique du potager : de l’observation du sol, des plantes qui y poussent et de l’écosystème au sein duquel on souhaite cultiver son jardin jusqu’au démarrage du potager, en passant par une revue des techniques mises en oeuvre dans l’agroécologie (la culture sur buttes, le compostage, le travail du sol, le paillage, la multiplication des végétaux, la taille...).

    Richement illustré d’images et de dessins explicatifs, le livre comprend aussi une douzaine de fiches techniques (sur les buttes sandwich, la culture en lasagnes, le compost, la santé des plantes, la protection des végétaux en hiver, les outils, la phytoépuration...), une bibliographie, des contacts utiles, ainsi qu’une présentation de projets qui mettent en oeuvre l’agroécologie, en France et à l’étranger.

      Si, depuis quelques années, les livres consacrés aux diverses facettes du jardinage naturel sont nombreux, Le Manuel des jardins agroécologiques présentent une démarche nouvelle et originale par sa globalité. À ce jour, il n’existe aucun ouvrage grand public qui traite de ce sujet.

      Agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, Pierre Rabhi est un des pionniers de l’agroécologie. Initiateur du Mouvement pour la Terre et l’Humanisme, il est aujourd’hui reconnu comme expert international pour la sécurité alimentaire. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Paroles de Terre, Du Sahara aux Cévennes, Graines de possibles (cosigné avec Nicolas Hulot) ou encore, chez Actes Sud, Manifeste pour la Terre et l’Humanisme (2008) et Vers la sobriété heureuse (2010).

    L’association Terre et Humanisme œuvre à la transmission de l’agroécologie, pour l’autonomie alimentaire des populations et la sauvegarde des patrimoines nourriciers. Elle est basée en Ardèche, au Mas de Beaulieu, lieu de formation, d’expérimentation et de production en agroécologie. Elle y organise des stages qui rassemblent chaque année plusieurs centaines de participants, elle y propose des visites du jardin et accueille des bénévoles durant neuf mois de l’année. À l’étranger, elle est présente dans plusieurs pays d’Afrique où elle travaille, toujours avec des associations locales, à promouvoir l’agroécologie, la lutte contre la désertification et la préservation des semences. 

    CDURABLE.info


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  •  Votre enfant n'aime pas la grammaire?

    Quelle qu'en soit la raison, une série de petites vidéos pleines d'humour

      sur youtube.com signées par Didier Labille

          le réconciliera avec cette discipline fondamentale.

                Pourquoi ne pas essayer?

     Professeur de français au collège Léon-Jouhaux de Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), Didier Labille enseigne la grammaire "vivante" à l'aide de BD et de marionnettes. Féru de jeux de mots, il a créé "Mamie Grammaire" une méthode ludique pour enseigner cette discipline. "J'ai voulu donner vie aux mots, représenter de manière non rébarbative la grammaire"

     Après 10 ans d'exercice, Didier Labille fait une rencontre décisive: celle de Daniel Duprez, formateur alors à la Mafpen (Mission Académique à la formationdes personnels de l'Education nationale) de Créteil. "Ce spécialiste de l'orthographe avait créé un jeu visuel permettant d'orthographier facilement les mots. Son dynamisme m'a donné envie d'innover aussi et en 15 minutes j'ai inventé Mamie grammaire!"

     D'après un article paru dans Liaisons le magazine des Sociétaires de la CASDEN (avril 2013)


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  • Dans les collines de l'est de la Roumanie, un prêtre lutte contre un projet d'exploitation du par le géant énergétique américain Chevron, dénonçant les risques pour l'environnement et le mépris pour les habitants.

    "L'Eglise ne se mêle pas de politique mais s'il y a danger pour la santé ou la vie d'un seul de mes semblables, ma mission m'oblige à intervenir", confie à l'AFP le protopope (archiprêtre) orthodoxe de Barlad (est) Vasile Laiu.

    Cet homme de 50 ans a passé plus de la moitié de sa vie à "servir" dans cette région rurale et défavorisée.

    Avec sa soutane noire, il est de toutes les manifestations contre Chevron organisées par un groupe de citoyens comptant entre autres un géologue, un ingénieur, une notaire.

    D'autres prêtres ont rejoint ces milliers d'opposants, dans un pays où l'Eglise bénéficie d'une cote de confiance élevée.

    "Nous avons peur pour l'avenir de nos enfants. Nous ne sommes pas d'accord avec ces gaz qui détruisent la nature", dit Eugenia Paduraru, du village de Simila, louant l'engagement d'un homme "extraordinaire, réellement proche des gens".

    Quand le maire a interdit un rassemblement en avril, le père Laiu a accueilli les protestataires dans son église, prêchant la protection de la nature.

    L'inquiétude du prêtre et d'une partie des habitants? Voir leurs collines couvertes de forages pour extraire ce gaz, dans une ruée vers l'énergie identique à celle qui a emporté des campagnes entières aux Etats-Unis.

    En Europe, Chevron, deuxième groupe énergétique américain, prospecte en Pologne et Roumanie. A Barlad, il dispose depuis 2011 d'une concession de 600.000 hectares et a identifié trois sites pour des forages d'exploration avant une éventuelle exploitation.

    La méthode d'extraction des gaz de schiste, la fracturation hydraulique, est controversée. Autorisée dans certains Etats américains mais interdite en France, jugée dangereuse pour l'environnement par des scientifiques, elle consiste à injecter à très haute pression de l'eau mêlée à du sable et des produits chimiques pour libérer le gaz de la roche.

    D'où des risques de contamination des nappes phréatiques, selon une étude de l'université américaine Duke.

    La question de l'eau est cruciale à Barlad.

    La fracturation en nécessite plus de 10.000 m3 par puits. Or "la région souffre de sécheresse", dit le père Laiu. L'été, des villageois font parfois plus de 4 km pour chercher de l'eau.

    "Qui voudra acheter notre blé?"

    Les eaux usées toxiques pouvant contenir des substances radioactives et leur traitement posent aussi question en région agricole.

    La plupart des villageois ont un potager, des arbres fruitiers, un petit élevage.

    "Qui voudra acheter du blé, un morceau de fromage" si des millions de litres d'eau toxiques circulent?, s'interroge le prêtre qui pratique en amateur l'apiculture.

    Lui dont une partie de la famille a travaillé dans l'industrie pétrolière, était a priori ouvert à cette nouvelle activité. Il dit avoir changé d'avis en parlant avec des géologues, des ingénieurs et en lisant témoignages et rapports sur l'expérience américaine.

    Chevron de son côté assure suivre "les standards les plus élevés en terme de sécurité et d'environnement", déclare à l'AFP une porte-parole, Sally Jones.

    Le groupe se veut "un partenaire responsable pour aider la Roumanie à explorer ses ressources en gaz de schiste, créer des emplois et protéger l'environnement" dans un département qui compte le plus fort taux de chômage du pays (10%).

    Le père Laiu accuse toutefois la compagnie et les hommes politiques d'"ignorer la communauté". Des habitants se sont retrouvés avec des engins de prospection dans le jardin, les murs de leur maison lézardés, raconte-t-il. Chevron "a pensé qu'en raison de la pauvreté et du manque d'information (de la population), ils pourraient travailler facilement".

    Certains se sentent "trahis" par les politiques. Quand la coalition de centre gauche (USL) du Premier ministre Victor Ponta était encore dans l'opposition, ses membres, dont le maire et le député de Barlad, manifestaient contre les concessions accordées à Chevron par le gouvernement de centre droit.

    Arrivé au pouvoir, M. Ponta a imposé un moratoire sur les gaz de schiste jusqu'à fin 2012. Mais depuis, son gouvernement, comme le président Traian Basescu, défend cette source d'énergie.

    Le maire de Barlad Constantin Constantinescu, reconnaît avoir changé: "J'entends d'autres arguments, des pays comme la Grande-Bretagne veulent exploiter les gaz de schiste". Il dit le père Laiu "informé de façon partiale".

    "Si le projet se fait, ce sera contre notre volonté. Or, un Etat de droit doit tenir compte de l'opinion des citoyens", rétorque le prêtre.

    "Il y a des années, j'ai perdu une fille de quatre ans d'une tumeur. Quand j'ai demandé la cause au médecin, il m'a répondu: +Mon père, Dieu seul le sait, mais nous sommes trop près de Tchernobyl+. Je n'ai pas le droit d'être indifférent à l'environnement. La vie vaut plus qu'un paquet d'argent agité sous nos yeux."


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  • Du nouveau sur La Fabrique hexagonale…


    Papas : 10 % de remise sur les chaussettes made in France chez Adèle
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/papas-10-de-remise-sur-les-chaussettes-made-in-france-chez-adele/

    Une — ou deux — paire de jolies chaussettes fabriquées en France, c'est bien utile et ça fait toujours plaisir. Il se trouve que les papas portent aussi des chaussettes, alors pourquoi pas leur en offrir à l'occasion de la toute prochaine fête des Pères ? Adèle vous y encourage d'ailleurs fermement
    en vous accordant 10% [...]

    Brigida b : deux maillots de bain femme made in France pour le prix d'un
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/brigida-b-deux-maillots-de-bain-femme-et-made-in-france-pour-le-prix-dun/

    La toute nouvelle marque Brigida b propose un concept original et breveté de maillot femme 2 en 1. Késako ? Un maillot de bain une pièce qui se transforme en deux pièces, ou inversement. Le principe est simple et astucieux : la partie inférieure est fixée au soutien-gorge pour composer un élégant
    maillot une pièce. Il suffit [...]

    Maillots de bain et serviettes de plage made in France, par Le Slip Français
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/maillots-de-bain-et-serviettes-de-plage-made-in-france-par-le-slip-francais/


    Le Slip Français continue son développement et s'attaque à présent au maillot de bain, homme pour l'instant. Pour cette première collection, Le Slip français propose un modèle de slip — forcément — de bain, décliné en bleu, en blanc et en rouge — forcément là aussi —, ainsi qu'en noir.
     Egalement au catalogue, un short [...]

    Paraboot, des chaussures toujours made in France
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/paraboot-des-chaussures-toujours-made-in-france/

    Grosse actualité « chaussures » sur La Fabrique hexagonale ces derniers temps… Cette fois, place à un petit reportage réalisé par l'AFP chez Paraboot, un des rares fabricants français de chaussures à être restés fidèles à ses salariés, à ses clients et au made in France en général.

    AtelierPM : sneakers en cuir haut de gamme et made in France
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/atelierpm-sneakers-en-cuir-haut-de-gamme-et-made-in-france/

    Romans, jadis capitale de la chaussure française… Jadis ? Et pourquoi pas demain ? Les initiatives se multiplient, qui visent à redonner vie à la chaussure. Dernier exemple en date : AtelierPM et ses sneakers mixtes en cuir, en précommande dès aujourd'hui…

    Petit guide pour acheter des chaussures made in France
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/petit-guide-pour-acheter-des-chaussures-made-in-france/


    Monter en gamme. Pour survivre, il faudrait donc que les entreprises françaises montent en gamme. Impossible en effet de rivaliser avec tous les produits venus des pays à bas coûts, alors pourquoi ne pas changer de catégorie et profiter de la bonne image de marque dont bénéficient encore les produits made in France ? Conséquence de ce positionnement [...]

    Le Dressing du Cocardier : vestiaire haut de gamme et made in France
    http://www.lafabriquehexagonale.com/2013/06/le-dressing-du-cocardier-vestiaire-haut-de-gamme-et-made-in-france/

    Vestes et manteaux, chemises et pulls, robes et pantalons, sacs et nœuds-pap', l'ensemble fabriqué en France. Voilà en résumé ce que propose Le Dressing du Cocardier, un tout nouveau site de vente en ligne, clairement positionné haut de gamme et nouvelles marques.


    Voici les quelques informations parues sur La Fabrique hexagonale au cours de la semaine passée
    Bonne lecture,
    La Fabrique hexagonale
    contact@lafabriquehexagonale.fr


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  • Elles campent sur la place Taksim d'Istanbul depuis le premier jour. Souvent en première ligne face aux policiers, jeunes, éduquées, urbaines. "Nous sommes les femmes qu'Erdogan voudrait voir rester à la maison", résume Sevi Algan, une comédienne de 37 ans.

    Sous les platanes du parc Gezi, adjacent à la place Taksim, le foyer de la contestation contre le pouvoir du Premier ministre islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan, elles font jeu égal avec les jeunes Turcs.

    Etudiantes, employées, avocates, enseignantes, elles débattent durant des heures assises dans l'herbe, dansent et chantent et rejoignent parfois, à la nuit tombée, les supporteurs de football qui montent la garde contre une éventuelle charge des policiers antiémeutes qui ont cédé le contrôle de la place Taksim le 1er juin.

    "Les femmes sont en première ligne parce qu'elles sont les premières victimes des projets d'Erdogan", explique Sevi, qui vient sur la place tous les soirs après sa pièce de théâtre.

    Condition de la femme, rapport à la religion: Sevi, comme nombre de ses camarades de lutte, s'est sentie visée par le discours islamisé du leader turc. Elle énumère ses projets: d'abord limitation du droit à l'avortement, puis restrictions à l'utilisation de la pilule du lendemain, et aujourd'hui interdiction de vendre de l'alcool après 22h00.

    Aucune de ces annonces n'a encore été suivie d'effet. Mais les femmes de Taksim ont eu le sentiment que le gouvernement cherchait à réduire leurs droits et leurs libertés. Et que dans la compétition entre leur conception de la femme et celle des islamo-conservateurs, c'est l'avenir de la femme turque de demain qui se joue.

    "Erdogan nous demande de faire au moins trois enfants pour soutenir la natalité. Mais de quel droit peut-il nous demander cela ? Cela ne le regarde pas", martèle-t-elle.

    Tenante d'un islam hétérodoxe, elle se défend d'être une mauvaise musulmane, "comme le disent certains partisans de l'AKP" (Parti de la justice et du développement), le parti de M. Erdogan, au pouvoir depuis 2002.

    Islam

    "Je n'ai pas un rapport étroit à la religion. J'appartiens à la classe moyenne, à la petite bourgeoisie, avec des parents artistes", raconte Sevi, "petite, ma grand-mère me montrait le Coran avant de me coucher, elle me récitait un ou deux versets en arabe et en turc, mais cela s'arrêtait là". b"Nous aimons boire, discuter, mais Erdogan et les siens n'ont pas le monopole de l'islam", estime-t-elle. "Regardez la solidarité qu'il y a sur la place Taksim. C'est cela être musulman, ne pas s'endormir tant qu'on est pas certain que son voisin n'a pas eu à manger pour le dîner", assène la comédienne.

    Après la fondation de la République en 1923, les réformes conduites par Mustafa Kemal ont largement contribué à l'émancipation de la femme. Mais si aujourd'hui, elles sont présentes en grande nombre dans les universités et le monde des affaires, elles sont toujours rares sur la scène politique.

    Ces femmes ne rêvent toutefois pas forcément du modèle de la "femme occidentale". "La carrière, la réussite à tout prix ne semblent pas rendre heureuse les Occidentales. Il ne s'agit pas d'abandonner notre part de culture islamique mais juste de préserver nos droits actuels", dit Esra, une étudiante en philosophie de 21 ans.

    Pour Dicle, une employée de banque de 26 ans présente dans le parc Gezi depuis le 31 mai, "le système ne peut pas changer en un jour". "Mais c'est une étape historique avant une révolution sociale", assure-t-elle.

    Nurcan, une comédienne de 35 ans, dont les cheveux sont retenus par un bandana rouge, peine à trouver ses mots. "C'est un moment extraordinaire", dit-elle. "Toutes ses femmes qui dorment à la belle étoile dans le parc... et il n' y a pas eu un seul cas de harcèlement ou de vol", remarque-t-elle, "et vous savez pourquoi ? Parce que les 50% ne sont pas là", dit-elle en référence aux partisans du Premier ministre, qui répète à l'envi que son parti a été porté au Parlement par 50% des électeurs.


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  • Londres: des milliers de personnes contre la faim dans le monde

    Un rassemblement contre la faim dans le monde a réuni des milliers de personnes samedi dans un parc de Londres, en marge d'une rencontre internationale sur la malnutrition organisée sous l'égide du Premier ministre britannique David Cameron.

    "Quand je me souviens du défilé des athlètes avec leur drapeaux", l'an dernier dans le stade olympique, "je suis horrifié à l'idée que dans certains des pays représentés, plus de trois millions d'enfants meurent de faim chaque année", a lancé à la foule rassemblée à Hyde Park le réalisateur Danny Boyle, qui avait conçu la cérémonie d'ouverture des JO de Londres.

    "Nous attendons du gouvernement et des dirigeants du monde entier (...) qu'ils se battent encore et encore jusqu'à ce qu'ils parviennent à mettre fin à la malnutrition", a-t-il ajouté, alors que doit se tenir dans dix jours en Irlande du Nord un sommet du G8.

    Un message vidéo de la star du foot David Beckham a été diffusé lors de cette manifestation, organisée par un collectif de quelque 200 associations.

    Le cofondateur de Microsoft et philanthrope Bill Gates a également pris la parole pour dire qu'il était possible "de briser le cercle de la malnutrition car quand des enfants grandissent en étant suffisamment nourris, ils peuvent ensuite faire croître l'économie de leur pays".

    Bill Gates avait déjà participé dans la matinée à la réunion internationale contre la faim organisée par David Cameron, qui présidera les 17 et 18 juin le sommet des grandes puissances (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada, Russie) en Ulster.

    Quelque 3 milliards d'euros d'aide ont été promis à cette occasion.

    Des représentants de 24 pays, dont 19 africains, du monde de la science, des affaires et de la société civile, ainsi que de l'Union européenne et de la Banque mondiale, avaient décidé de se retrouver pour mettre leurs forces en commun.

    Sont venus notamment l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan ou encore le patron du géant de l'alimentation et des cosmétiques Unilever, Paul Polman. L'épouse de Nelson Mandela, Graça Machel, a dû annuler son déplacement en raison de l'hospitalisation de l'ex-président sud-africain.

    Les participants ont signé un "pacte pour la nutrition et la croissance" d'ici à 2020, assorti d'une série d'objectifs : améliorer l'alimentation de 500 millions de femmes enceintes et d'enfants de moins de deux ans; réduire de 20 millions le nombre d'enfants de moins de cinq ans souffrant de rachitisme; ou encore sauver la vie de 1,7 million d'enfants en favorisant l'allaitement maternel et en améliorant le traitement des cas graves de malnutrition.


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